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Arles, découvrez la capitale de la Camargue

Par Vincent Noyeux

Chaque année,  la ville d'Arles vibre au son des taureaux, des peñas et des bodegas à l’occasion de la feria de Pâques et de la feria du Riz. Le goût de la tradition ? Oui, mais pas seulement. Arles, la capitale de la Camargue, qui est aussi celle de la photographie, accueille désormais un tout nouveau complexe culturel sous l’égide de Frank Gehry. Gardians et artistes n’ont pas fini de se côtoyer pour faire bouger la ville d'Arles.

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Septembre est assurément un bon mois pour découvrir Arles. La ville accueille simultanément la feria du Riz (deuxième week-end du mois) et les Rencontres internationales de la photographie (de juillet à septembre). Deux événements majeurs pour comprendre la double identité de la ville, qui a les pieds tanqués dans la tradition et les yeux ouverts sur de nouveaux horizons. Autour du théâtre antique ou de la place de la République, aficionados (passionnés de corrida) et amateurs d’art se retrouvent le soir venu pour faire la fête dans les bodegas ouvertes pour l’occasion. La sangria coule à flots et la musique est poussée fort, y compris dans la cour du palais de l’Archevêché, où l’on danse sur un fond d’images d’El Cordobes.

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Au son de l'air du Toreador de Bizet, interprété par un orchestre et un chœur le rejoneador et les peones entrent sur la piste créée spécialement par Marie Hugo pour cette feria. Un décor qu'elle a voulu "céleste".

Ne pas confondre la corrida et la course camarguaise

La journée, chacun vit pleinement sa passion de son côté. Les amateurs de tauromachie ont de quoi faire si l’on en croit les affiches placardées partout en ville : « Landais, forcados, recortadores, raseteurs, bandidos, novilladas ». On ne détaillera pas ici les différentes disciplines tauromachiques, mais ne confondez pas la corrida avec la course camarguaise, ces deux disciplines n’ont rien à voir ! La corrida espagnole met en scène la mise à mort du taureau. Le héros en est le torero. Lors de la course camarguaise, des « raseteurs » à pied doivent enlever les glands et les cocardes décorant les taureaux, qui ressortent de l’épreuve vivants. « Je n’aime que la corrida, mais je préfère la vaillance du taureau à la bravoure du matador », nous explique le patron d’une bodega, membre d’un club taurin.

Dans les arènes, belle couronne de pierre antique posée en plein coeur de la ville, où les gladiateurs de l’Empire romain s’affrontaient voilà près de 2 000 ans, les spectateurs assistent désormais à un autre type de combat lors de la feria du Riz : la corrida « goyesque », ainsi appelée, car les toreros y arborent des costumes de l’époque de Goya, brodés mais sans paillettes, avec des bicornes comme couvre-chefs. Un orchestre avec choeur et solistes joue l’air du Toréador, de Georges Bizet, tandis qu’un rejoneador (torero à cheval) entre en piste sur le tapis éphémère de Marie Hugo (voir encadré). La monture danse sous le museau du taureau qui frôlera sa croupe sans jamais la toucher. Puis viennent les matadors. La star espagnole El Juli enchaîne les passes sous les olé de la foule. Un silence pesant s’abat soudain sur l’arène au moment de la mise à mort. Celle-ci doit être brève. Estocade, le taureau s’écroule à terre, les mouchoirs blancs s’agitent : la foule demande au président d’accorder deux oreilles au torero.

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Les techniciens travaillent quelques heures encore avant la corrida pour réaliser le tapis de sable coloré imaginé par l'arrière-arrière-petite-fille de Victor Hugo. Bleu comme le ciel et la mer.

La Camargue sauvage en plein centre-ville

Accordé ! On applaudit le taureau qui a vaillamment combattu. Vient le tour de Juan Bautista, l'enfant du pays, qui fait tournoyer sa muleta et se permet quelques audaces devant son public. Au moment de saluer, un couple d'admirateurs qui lance un bouquet de riz et de saladelle, deux plantes emblématiques de la Camargue. Pendant que les arènes fêtent leurs héros,  un vieux gitan du quartier de la Roquette promène sa guitare et sa voix rauque sur les marches du parvis. De grandes paellas sont servies sur la place du Forum. Arles la romaine vit désormais à l’heure espagnole, celle des soirées passées à boire et à rire sur le trottoir jusqu’au bout de la nuit. Le lendemain, c’est l’« encierro » : les taureaux sont lâchés sur le boulevard des Lices. Des cavaliers aux airs de gardians les encadrent, des poignées de gamins intrépides leur courent après, s’accrochent à leur queue. La Camargue sauvage en plein centre-ville.

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Pour la feria goyesque d'Arles, qui réunit toreo, bel canto et arts plastiques, après Christian Lacroix ou Lucien Clergue, c'est Marie Hugo qui signe la scénographie, poétique et éphémère : le ciel étoilé de Camargue s'est installé sur la piste des arènes.

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Marie Hugo : le culte du taureau

Victor Hugo n’aimait pas la corrida. Tout le contraire de son arrière-arrière-petite-fille, Marie Hugo. L’artiste peintre et plasticienne, qui vit à Lunel, voue un véritable culte au taureau. Rien d’étonnant, donc, à la voir décorer les arènes d’Arles lors de la dernière corrida goyesque (feria du Riz). Son thème, peint sur le sable des arènes ? « Deux taureaux évoluant dans un ciel peuplé d’astres. Je voulais faire tomber le ciel de Camargue dans les arènes. » L’équipe des arènes a travaillé une nuit entière pour composer le décor au sol. Le lendemain, après dix minutes de corrida, il était déjà à demi effacé, piétiné par les sabots des taureaux et les pas des toreros. « La corrida a une image sombre, noire, mais pour moi, c’est tout le contraire. C’est lumineux. On y trouve tout : le courage, l’amour, la sensualité, l’honneur. » Et Arles ? « J’y ressens l’Antiquité, la présence romaine. Qui sait ce qu’on va encore trouver au fond du Rhône ? »

Direction le parc des Ateliers

C’est une foule plus studieuse qui arpente la ville à l’occasion des Rencontres de la photo. L’ancien Hôtel-Dieu, où Van Gogh se coupa l’oreille, accueille une exposition, tout comme le cloître Saint-Trophime, la chapelle du Méjan – qui jouxte la maison d’édition Actes Sud – et bien d’autres lieux. Mais c’est vers le parc des Ateliers, à l’ouest des arènes, que l’on se dirige avec impatience. Les anciens ateliers SNCF n’étaient qu’une friche industrielle dans les années 1980-1990. Depuis 2014, le site de dix hectares est en train d’être réhabilité en un vaste complexe culturel par la mécène et collectionneuse d’art Maja Hoffmann, à la tête de la fondation LUMA. La Grande Halle, qui a conservé ses poutres rivetées et ses palans, est devenue une galerie d’exposition, tout comme les Forges, la Formation, la Mécanique ou le Magasin électrique (qui accueillera les bureaux d’Actes Sud).

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La musique est indissociable de la feria goyesque. Une centaine de musiciens et de chanteurs se relaient pendant toute la corrida pour immerger les aficionados dans une ambiance festive unique.

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La fondation Vincent-Van-Gogh

C’est, avec le parc des Ateliers, la dernière grande nouveauté culturelle d’Arles : en avril 2014, la fondation Vincent-Van-Gogh Arles a ouvert ses portes. Elle s’est donné pour but de valoriser l’héritage artistique du maître hollandais en explorant son impact dans l’art actuel. En plein centre historique, l’hôtel particulier Léautaud de Donines (XVe siècle) a été brillamment transformé en musée contemporain. La fondation répare ainsi l’injustice de la ville qui n’accueille aucune peinture de Van Gogh. C’est pourtant ici que le peintre a trouvé la lumière du Midi et l’illumination intérieure : entre février 1888 et mai 1889, il a réalisé plus de 300 oeuvres. 

La tour de Frank Gehry en chantier

Un parc paysager doit encore voir le jour. Mais c’est la tour de Frank Gehry, actuellement en chantier, qui suscite la plus grande attente. L’audacieux architecte américain, auteur du musée Guggenheim de Bilbao ou de la fondation Louis Vuitton à Paris, a imaginé une tour à facettes en inox à la forme tourmentée, haute de 56 mètres. Le val d’Enfer, dans les Alpilles, est cité comme source d’inspiration, tout comme la Montagne Sainte-Victoire de Cézanne et la tortueuse Nuit étoilée de Van Gogh. La tour, qui devrait être terminée début 2018, accueillera des espaces d’exposition et des studios d’artistes, un centre de recherche, un auditorium et divers lieux d’interaction aux contours encore un peu flous. La fondation LUMA veut, par ce projet grandiose et coûteux (environ 150 millions d’euros), faire rayonner la ville bien au-delà de la Camargue et de la plaine du Crau. Elle y parviendra sans doute tant les moyens mis en oeuvre impressionnent. Des visites de chantier sont même organisées pour le grand public. On en oublierait presque les expos photo ! À l’avenir, on pourra en voir cinq simultanément. De quoi inspirer les élèves de l’École nationale supérieure de la photographie, qui emménage juste à côté en 2017. Un bain de culture qui risque de faire des envieux du côté d’Aix, de Marseille et d’ailleurs.

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Le quartier de la Roquette, en secteur sauvegardé, est l'ancien quartier des mariniers. Il présente un aspect presque villageois, avec ses maisons hautes et les mille et un détails qui ornent ses façades. Il est situé entre le Rhône, le boulevard Clemenceau et la rue Gambetta.