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Auxerre, redécouvrez les quais de l'Yonne

Par Hugues Dérouard

Jadis royaume vivant des mariniers, négociants et artisans, les quais de l’Yonne étaient depuis les années 1960 délaissés par la capitale icaunaise. Aujourd’hui, après une longue période de rénovation, les lieux ont retrouvé la faveur des Auxerrois et sont redevenus le plus bel endroit pour apprécier toutes les richesses architecturales de la ville.

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Mike Gardner-Roberts, qui dirige le port de plaisance d’Auxerre, l’affirme sans nuance : « C’est le plus beau port fluvial de France ! », dit-il en désignant, depuis la rive droite de l’Yonne, la vue qui embrasse d’un seul regard toute la capitale de l’Yonne… Anglais, Mike a voyagé dès son plus jeune âge sur les canaux de France avec ses parents. En 1993, sa femme et lui s’installent à Vermenton, dans le département, en tant que loueurs de bateau, avant de prendre la tête de la capitainerie sur l’Yonne, départ du canal du Nivernais. Sous leurs yeux, au quotidien, la carte postale auxerroise, avec la vieille ville hérissée de clochers : l’église Saint-Pierre, l’immense chevet gothique de la cathédrale Saint-Étienne et l’ancienne abbaye Saint-Germain, le bijou patrimonial de la ville. Un panorama magique qui avait émerveillé, avant lui, un autre Anglo-Saxon, l’écrivain américain Henry Miller : « (…) Je me souviens des reflets sur l’eau, des grands arbres qui se balançaient sur le doux ciel de France. Je me souviens d’avoir éprouvé alors une grande paix, une paix comme je n’en avais jamais connu dans mon pays natal. (…) À certains égards, c’était bien mieux que Paris. C’était plus français, plus authentique… »

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Les berges de la rive droite et le port de plaisance sont le lieu idéal pour embrasser d'un seul regard l'ensemble des monuments emblématiques de la ville. Ici, surplombant le quai de la Marine, la tour Saint-Jean, du XIIe siècle, et l'abbaye Saint-Germain, des XIIe et XIIIe siècles.

Dans le quartier de la marine

Longtemps, la Marine a constitué un quartier à part de la ville haute, plus bourgeoise. « C’était un haut lieu du trafic de marchandises jusqu’à la création du canal du Nivernais et l’arrivée du chemin de fer en 1855 qui mirent progressivement fin à la navigation marchande sur l’Yonne. Ici coexistaient charpentiers de marine, manutentionnaires qui chargeaient et déchargeaient les marchandises, négociants, tanneurs, bateliers, voituriers d’eau. Du XIIe au XIXe siècle, il faut imaginer une fourmilière, des dizaines d’entrepôts s’égrenant tout le long des quais au pied de la vieille ville, chacun spécialisé dans un trafic (sel, vins, pierres…) ! », rappelle Inez Van Noort, guide conférencière de la ville. Rive droite, au-delà du pont Jean-Moreau, on peut encore voir les vestiges d’une immense ocrerie.

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Le chemin de halage, sur les berges de la rive gauche de l'Yonne, a été aménagé en promenade plantée qui se prolonge le long du canal du Nivernais. Ici, au niveau du quai de la République.

Une promenade sur le quai de la République

Plus de déchargement de pierre, de sel, de blé… Plus de « trains de bois », descendant du Morvan pour gagner Paris, plus d’auberges de mariniers : le lieu est aujourd’hui bien paisible. Après s’en être un temps détournée, la capitale de l’Yonne renoue peu à peu avec sa rivière, en grande partie à l’origine de sa prospérité, en aménageant ses abords. Si la plus belle vue d’ensemble s’apprécie depuis la rive droite, à proximité du port de plaisance, c’est de la rive gauche que les vestiges sont les plus saisissants. Prenez le pont Paul-Bert ou la passerelle piétonne enjambant élégamment l’Yonne pour vous retrouver sur le quai de la République. Une promenade plantée d’arbres a été aménagée le long de la rivière, à l’emplacement de l’ancien chemin de halage. Joggers, promeneurs, à pied ou en rollers, ont massivement investi les lieux. Vous pourrez faire une halte au Maurey, un bar à vins et restaurant ouvert toute l’année, aménagé dans une péniche.

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Autour de la cathédrale, on peut voir un ensemble de belles maisons bourgeoises. Ici, place de l'Abbé-Deschamps.

Un café sur la place Saint-Nicolas

Les traces de l’intense activité fluviale sont encore nombreuses. Ainsi, la place Saint-Nicolas, ouverte sur le fleuve, l’un des lieux les plus ravissants d’Auxerre avec ses terrasses de café au pied d’une fontaine médiévale… On y vivait et travaillait sous la protection de saint Nicolas. Le patron des mariniers est toujours là : une grande statue en bois polychrome du saint, élevée au XVIIIe siècle, trône fièrement, niché dans la façade d’une maison. Autour, les ruelles sont tortueuses, pleines de charme avec leurs hautes et étroites maisons aux pans de bois peints de couleurs vives. « Les poutres sont très travaillées : elles ont généralement été réalisées par les charpentiers de marine », précise notre guide. Ici et là, de discrètes boutiques d’antiquaires ou d’artisans d’art donnent des accents de petit village au quartier. Toute voisine, la petite place pavée du Coche-d’Eau nous rappelle que, depuis les quais, les embarcations des « voituriers d’eau » partaient pour Paris chaque semaine. « Comptez minimum trois jours de voyage à l’aller, le coche hâlé par un cheval. Un peu plus pour le retour. » Le Centre d’études médiévales occupe la maison du Coche-d’Eau, une maison de négociant du XVIe siècle. Le rez-de-chaussée, qui servait d’entrepôt, est en pierre, pour tenir le choc face aux crues. À l’étage, les pans de bois sont ornés de motifs maritimes ; on distingue, par exemple, une ancre.

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Au cœur du quartier de la Marine, la place Saint-Nicolas a désormais un charme de paisible village.

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Un petit tour à la chapelle des Visitandines

Au numéro 100 de la rue de Paris, la chapelle des Visitandines, construite par Guillaume Joyneau en 1714, accueille désormais les sculptures de François Brochet (1925-2001). L’artiste, qui a notamment réalisé dans la ville plusieurs sculptures emblématiques (Restif de la Bretonne, Cadet Roussel, Marie Noël), a fait don à la ville d’une centaine de ses oeuvres en bois polychrome, reconnaissables à leur forme longiligne. On découvre dans la nef une forêt de sculptures, composant un saisissant ensemble, intitulé le Massacre des Innocents, en parfaite alchimie avec l’architecture des lieux.

Saint-Pierre, quartier du vin

Ce passé de « marins d’eau douce » nous ferait presque oublier qu’Auxerre vécut également de la vigne jusqu’à la crise du phylloxera, à la fin du XIXe siècle. C’est sur les coteaux du quartier Saint-Pierre, côté sud des quais, que se trouvait le quartier des vignerons et des petits commerçants. Les deux vantaux du portail de l’église Renaissance nous rappellent la vocation du quartier : l’un, à gauche, est décoré d’une représentation du saint patron des bouchers, avec un boeuf. L’autre, de celle de saint Vincent, patron des vignerons, tenant du raisin dans la main. Pour l’anecdote, il demeure à Auxerre, au pied de l’abbaye Saint-Germain, un vignoble, le Clos de la Chaînette, classé en AOC Bourgogne et propriété du centre hospitalier : ses 4,15 hectares composent le plus vieux vignoble en milieu urbain de Bourgogne.

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La statue de Saint-Nicolas, patron des "compagnons de rivière", offerte en 1714 par la confrérie des mariniers, rappelle l'importance de l'activité batelière.