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Puisaye : le bocage Bourguignon

Par Hugues Dérouard

La Puisaye, bocage bourguignon, est l'un des secrets les mieux gardés de Bourgogne. Cette région naturelle composée de bois, de prairies gorgées d’eau, d'étangs, de haies est à mille lieux des routes viticoles. À cheval entre Yonne et Nièvre, La Puisaye, chère à Colette doit une partie de sa richesse à son sous-sol qui en a fait un haut lieu de la tradition potière.

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À cheval entre Yonne et Nièvre, la Puisaye,  le nom vient de pays humide, est l’un des territoires nuturels les plus secrets de Bourgogne – même si le grand chantier de Guédelon, de renommée internationale, l’a fait sortir de son relatif anonymat.

Le paysage poyaudin, un pays de bocage 

Le paysage poyaudin ? Ici, pas de rangées de vignes ni de demeures exubérantes coiffées de toits de tuiles vernissées, mais une grasse campagne quadrillée de haies, de champs, d’étangs, de bois. « La singularité surtout, c’est que c’est un pays de bocage et qu’on y retrouve une mentalité de pays de bocage. C’est une région très cloisonnée, avec ses haies, son habitat dispersé »,explique Marcel Poulet, peintre installé à Merry-la-Vallée, dans sa Puisaye natale. Sorciers, jeteurs de  sorts, guérisseurs, « Dame Blanche » vue dans les brumes flottant au-dessus des prairies… Pendant longtemps, il y a eu ici des pratiques étranges, des croyances et des superstitions tenaces. C’est un territoire plus silencieux, plus mystérieux que le reste de la Bourgogne

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Le lac artificiel du Bourdon, près de Saint-Sauveur-en-Puisaye, a été mis en eau en 1901 pour alimenter le canal de Briare.

Petits villages de charme 

Cette région rurale se découvre, sans balisage, ni GPS, au hasard de ses chemins creux, de ses petites routes départementales tortueuses. Au fil d’une balade buissonnière, vous tomberez sur des petits villages aux toits de tuiles brunes et au patrimoine très riche. Ici, à Saints-en-Puisaye, un moulin à eau, un beau lavoir… Puis loin, un château fort du XIIe siècle, de style philippien (caractérisé par un logis seigneurial adossé à une courtine qui remplace le donjon), domine majestueusement Druyes-les-Belles-Fontaines, 300 habitants, un temps fief des comtes d’Auxerre et de Nevers. Au cœur du charmant village de Treigny, quelques kilomètres plus loin, se dresse une église de style gothique flamboyant si haute, si majestueuse, qu’elle est devenue, dans le langage collectif, la « cathédrale de Puisaye ». Et puis, dans une dizaine d’autres villages, se découvrent de petites chapelles ou églises qui abritent des peintures murales insoupçonnées, chefs-d’œuvre de l’art roman exécutés avec de l’ocre locale.

Michel Guyot : le saveur de Saint-Fargeau

La Puisaye est une destination de choix pour assister au spectacle historique au château de Saint-Fargeau racheté par Michel Guyot. Cet amoureux des arts et des forteresses (il est à l’origine du chantier de Guédelon) et natif de Bourges a repris avec son frère Jacques à la toute fin des années 1970 ce monument emblématique de la Puisaye, alors en très mauvais état. Aidé de nombreux bénévoles il l’ouvre à la visite et y crée un grand spectacle historique qui attire les foules – 600 acteurs, 60 cavaliers. Aujourd’hui, le « Versailles poyaudin » a retrouvé tout son lustre, avec ses hauts murs de brique rose et ses puissantes tours qui dominent la ville.

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Au printemps, les sous-bois de feuilles près de Moutiers-en-Puisaye.

La Puisaye au printemps

La Puisaye s’arpente de préférence au printemps lorsque la végétation explose. « C’est dans ces moments-là qu’elle révèle toute sa sensualité », vante un randonneur habitué des lieux. C’est dans ces moments-là aussi que l’écrivain Colette, née à Saint-Sauveur-en-Puisaye en 1873, fera l’apprentissage des joies de la nature : « J’avais, petite, le loisir de suivre, en courant presque, le grand pas des garçons, lancés dans les bois à la poursuite du Grand Sylvain, du Flambé, du Mars farouche, ou chassant la couleuvre, ou bottelant la haute digitale de juillet au fond des bois clairsemés, rougis de flaques de bruyères… Mais je suivais silencieuse, et je glanais la mûre, la merise, ou la fleur, je battais les taillis et les prés gorgés d’eau en chien indépendant qui ne rend pas de comptes… »

Saint-Saveur cultive l'esprit Colette

« C’est un village et pas une ville ; les rues, grâce au ciel, ne sont pas pavées ; les averses y roulent en petits torrents, secs au bout de deux heures ; c’est un village, pas très joli même, et que pourtant j’adore. » L’écrivaine est née ici en 1873 et y a vécut jusqu’à ses dix-sept ans, la famille fuyant alors l’étroitesse d’esprit des villageois. Colette, jadis méprisée en Puisaye, occupe depuis 1995 la plus belle bâtisse du bourg : le château de Saint-Sauveur abrite aujourd’hui un musée dédié à sa vie et son œuvre. Sa maison d’enfance, acquise par la Société  des amis de Colette, dans la rue Colette, est en cours de restauration. « C’est dans ce jardin, dans cette maison, dont elle fera un personnage de roman à part entière, que va germer le grand écrivain qu’elle deviendra. »

La céramique, un trésor de la Puisaye

Le trésor de la Puisaye, c’est d’abord son sous-sol, argileux, imperméable, cette terre souple à modeler, exploitée depuis le XIVe siècle dans la céramique. Partout, en arrivant de Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre) des boutiques et ateliers évoquent cet artisanat. De véritables artistes perpétuent d’ailleurs cette tradition, comme au château de Ratilly, « centre d’art vivant », à Treigny, dans l’Yonne. Jeanne et Norbert Pierlot ont fait revivre ici, dans les années 1950, ce château philippien à l’abandon et ont participé au renouveau de la production de grès dans la région. Leur fille Nathalie y poursuit aujourd’hui avec talent et discrétion la fabrication du fameux « grès de Ratilly ». Et puis, il y a l’historique poterie  de la Bâtisse, à Moutiers-en-Puisaye, dont l’origine remonte au XIIIe siècle et qui a gardé un four couché du XVIIIe siècle. Des générations de potiers s’y sont succédé. « Cette terre argileuse a fait la renommée de la Puisaye. Aujourd’hui encore, notre sous-sol est recherché », vante Louis-Éric Solano,  « 53e potier de la même lignée », propriétaire de la poterie de la Bâtisse.