Plateau de Millevaches : au pays des mille sources
Contrefort septentrional du Massif central, le plateau de Millevaches va chercher à près de 1 000 mètres d’altitude son rang de plus haute terre du Limousin et son statut de Montagne limousine. Au creux de cette région de landes couverte d’herbes folles, de fleurs, de genêts et de bruyères, courent en tous sens des ruisseaux ivres d’espace qui s’épuisent dans le ventre gras des tourbières ou enflent sur des lits de granit pour se tracer de fameux destins de rivières nommées Vienne, Vézère, Corrèze.
Pourquoi parle-t-on de plateau de millevaches et pas de 1000 vaches ?
Souvenez-vous… Sur les murs de l’école, carte de France suspendue au tableau noir, le Massif central dévoilait ses reliefs à la géologie tourmentée. Juste à gauche du mot surgissait une appellation simple mais chargée de mystère et de rêverie : plateau de Millevaches. « Mille vaches, m’sieur ? » À quoi, l’instituteur répondait que l’origine du toponyme venait d’un mot gaulois, melo, signifant la montagne, et de l’adjectif vacua, soit un espace vide. À ses doctes explications linguistiques, vous pourrez préférer une interprétation populaire plus poétique. La légende dit donc qu’une vachère accompagnée d’un impressionnant troupeau pâturant sur ces prairies d’altitude rencontra le diable en personne. Afin d’apaiser son courroux, elle lui abandonna ses vaches dispersées par l’orage. Mais cela ne suffit pas à le calmer. Immédiatement, le diable transforma ces cornes d’abondance sur pattes en mille rochers de granit. Ainsi naquit la légende du plateau de millevaches.
Meymac, porte d’accès aux hauts plateaux
Accueillant village aux maisons de granit et toits d’ardoise, tassées autour de l’abbatiale romane Saint-André, Meymac (Corrèze) représente une bonne porte d’accès aux hauts plateaux. Tout commence par « la route des Hêtres » (D979E), petit sillon de bitume aux points de vue panoramiques sur la « Montagne limousine ». Entre les hameaux de Celle et de Lissac, la forêt de conifères s’entaille d’alvéoles granitiques où dominent les touffes de la molinie, l’herbe sèche jaune-roux des marais. Chaussez une bonne paire de bottes et enfoncez-vous – façon de parler ! – dans la tourbière du Longéroux, milieu faunistique et foristique protégé. Une petite colonie de loutres semble apprécier la qualité de ce biotope. C’est également là que la Vézère signe son acte de naissance. Des circuits balisés (en vert) et des sentiers botaniques facilitent la progression au coeur de ce véritable radeau fottant composé de sphaignes, encadré par les sommets bien ronds du puy Chavirangeas (924 mètres) au nord, et du puy Pendu (977 mètres) au sud.
Le plateau de millevaches et son sanctuaire gallo-romain
Quittez la tourbe des temps géologiques pour une vivante leçon d’histoire antique, en rejoignant, au creux d’un vallon vraiment perdu, l’énigmatique sanctuaire gallo-romain des Cars, via Saint-Merd-les-Oussines (par la D78 ou le GR44-440). Avant de gagner Millevaches, le plus haut village de la Montagne limousine (910 mètres), arrêtez-vous à Chavanac pour ses maisons rurales et son église des XIIe-XVIIe siècles.
Toujours par le sentier de grande randonnée, poursuivez jusqu’au village de Faux-la-Montagne, en faisant une ample boucle par Saint-Sétiers, les sources de la Vienne (au Signal d’Audouze), Peyrelevade (voir la tourbière de Négarioux-Malsagne) et le lac de Chammet. À Peyrelevade, c’est au bord de la Vienne que vous trouverez un très beau spécimen de croix des templiers (XIIIe siècle), dite du « Mouton », dont le socle est un bélier, symbole du Christ ressuscité. Le franchissement du ruisseau de la Chandouille, bruissant jadis des chuchotis des roues à aubes des moulins, et le contournement par l’est du lac de Chammet, vous conduisent dans la Creuse. Par la D85, entrez à Faux-la-Montagne, engoncé dans un épais manteau de verdure, qui se signale par le clocher-mur de son église du XIIe siècle. Pour être modeste, ce bourg s’enorgueillit d’être le siège d’une chaîne de télévision, pionnière des expériences de télé locale : Télé Millevaches !
Le parc naturel régional (PNR) du Limousin, haut lieu du tourisme
Né au printemps 2004, le parc naturel régional de Millevaches en Limousin se compose de sept entités paysagères : Vallée de la Vienne, Vassivière, les Monédières, les Sources, la Courtine, les vallées de Haute-Corrèze et les gorges du Chavanon. Soit une superficie de plus de 3 300 km2 répartis sur 113 communes. Si les missions premières du PNR sont la préservation des milieux naturels liés à une forte présence de l’eau et de zones humides, le développement d’un tourisme responsable et la valorisation des patrimoines, il tient également à faire découvrir tout un pan de l’histoire et de la culture occitane qui appartient au territoire de Millevaches.
Poursuivez votre randonnée sur les bords de la Vézère
En progressant vers l’est, les D992 et D8 traversent des sites et des villages évoquant des aspects majeurs de la Montagne. À Gentioux-Pigerolles, hier encore centre d’émigration des fameux maçons creusois, la pierre a toujours parlé. En témoigne non seulement l’architecture, mais aussi les croix de chemins, la statue Notre-Dame-du-Bâtiment (au sommet du Condreau sur la D16A), les tombeaux ornés de sculptures mi-naïves mi-fantastiques signées Jean Cacaud, tailleur de pierre ayant vécu en ermite dans une sorte de cabane au flanc du mont de la Brauze. Sans oublier le monument aux morts pacifiste ornant la petite place de Gentioux-Pigerolles.
Sur cette oeuvre mi-pierre, mi-fonte figure un orphelin en tenue d’écolier, montrant du poing tendu l’inscription gravée : « Maudite soit la guerre ! » Un peu plus loin, Paillier, Féniers – qui voit naître la Creuse –, le Mas-d’Artige ont conservé un riche patrimoine issu des commanderies templières et hospitalières, très présentes autrefois dans la Marche creusoise. Avant le Mas-d’Artige, descendez vers le sud (par la D174E1) en direction de Saint-Setiers, monts d’Auvergne et du Cantal à ses pieds. Saint-Setiers honore saint Sagittaire, mystérieux évangélisateur de la Montagne qui, encore aujourd’hui, suscite, en mai, un pèlerinage plongeant aux racines d’un culte préchrétien.
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