
Un village charmant
Le danger lorsqu'une abbaye aussi prestigieuse que celle du Bec occupe le territoire d'un si joli village est que ledit village soit ignoré des visiteurs. Ce qui ne serait qu'injustice et privation car ce petit bourg est vraiment agréable.

Les colombages colorés des maisons normandes, les venelles où s'épanouissent d'odorantes plantes vivaces et l'église paroissiale Saint-André distillent une atmosphère proche de celle que met en scène Maupassant dans ses nouvelles.
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Dans ce bourg de moins de 500 habitants, l'ambiance est délicieusement surannée, empreinte de sérénité. Par la simple présence magnétique de l'abbaye, la flânerie chez les antiquaires ou la petite pause en terrasse d'un café prend, que l'on soit croyant ou non, une dimension particulière...

Peuvent s'organiser des rallye touristiques dans ce charmant bourg avec...ou sans moto
À la sortie du village, une ancienne station de gare ne voit guère passer plus de train. Comme si le temps s'était arrêté dans ce petit paradis.
La tour Saint-Nicolas
Du haut de ses 45 mètres, l'imposante tour carrée Saint-Nicolas, datant de la fin du XVe siècle, domine superbement un paisible vallon où coule le Becquet, affluent de la Risle.

Vestige le plus ancien de l'abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin, ce joyau gothique a résisté aux destructions de la guerre de Cent Ans et de la Révolution.
Une architecture exceptionelle
La tour Saint-Nicolas, le cloître et l'église abbatiale (1325) vous ont impressionné, l'architecture grandiose des bâtiments conventuels vous laissera pantois.

Les bâtiments actuels ont été reconstruits aux 17e et 18e siècles par les moines de la congrégation de Saint-Maur. L'abbatiale est classée Monument Historique bien entendu.
Disposés en une double équerre, ces bâtiments, reconstruits entre 1742 et 1750 par les moines de la congrégation de Saint-Maur affichent un style Régence très proche de l'architecture civile alors en vogue : immenses baies plein cintre à clés ornées de cartouches rocaille, linteaux en arc de cercle, consoles décorées de feuilles d'acanthe, frontons d'armoire, balustrades en fer forgé… Rien ne fut trop beau pour rendre gloire à Dieu.
L'histoire du bourg
Aux alentours de 1034, un chevalier dénommé Herluin (Hellouin) entre dans les ordres et fonde une abbaye dans ce coin perdu de Normandie. Dès sa création, évêques, abbés et théologiens viennent y écouter le prieur Lanfranc de Pavie, conseiller de Guillaume le Conquérant, qui était l'un des grands intellectuels de son temps, puis saint Anselme, philosophe et théologien d'Aoste, deuxième abbé du Bec. Les deux deviendront archevêques de Cantorbéry lorsque Guillaume le Conquérant gagne l'Angleterre.

On peut ici contempler la beauté des batiments -en équerre- composant l'abbaye.
Imaginez l'importance de l'ordre du Bec : au XIIe siècle, il possède pas moins de 25 prieurés en Angleterre et une vingtaine en France… Son rayonnement décline cependant rapidement, face à l'influence grandissante du collège fondé à Paris par Robert de Sorbon. Après la Révolution, l'église abbatiale – plus grande que Notre-Dame de Paris à en croire ses vestiges – est détruite, et les bâtiments conventuels, oeuvres des Mauristes aux XVIIe et XVIIIe siècles, sont convertis sous Napoléon Ier en… écuries militaires.

Une petite pause pour contempler le magnifique paysage est toujours agréable.
C'est dans les années 1950 que la renaissance de l'abbaye a lieu, après plusieurs années d'abandon. Une communauté de moines bénédictins olivétains de Cormeilles-en-Parisis lui redonne vie et la restaure avec le Centre des monuments nationaux.

Aujourd'hui, une dizaine de frères suivant les règles de saint Benoît y vivent. L'abbaye du Bec est devenue l'un des lieux où catholiques et anglicans se rencontrent et peuvent approfondir leurs connaissances mutuelles. Les moines fabriquent également de belles faïences renommées.
Il faut découvrir le cloître, d'inspiration classique avec sa terrasse italienne, et le monumental escalier des mâtines. Si vous le pouvez, allez jeter un oeil à la bibliothèque, toute lambrissée de chêne massif. Enfin, dans la nouvelle église abbatiale – l'ancien réfectoire mauriste –, les amateurs de chants grégoriens assisteront à l'office, qui prend une résonance encore plus magique le dimanche, quand les moniales du monastère de Sainte- Françoise-Romaine, installées à 2 kilomètres de là, se joignent aux moines…
Une voie très verte

Pour découvrir le village du Bec-Hellouin, l'idéal est d'emprunter la voie verte qui épouse l'ancien tracé de la voie de chemin de fer qui reliait jadis Evreux à Honfleur.
Au départ d'Evreux, via Le Neubourg, l'itinéraire de 40 kilomètres, à faire à pied, rollers ou vélo, alterne entre bois, bocages verdoyants et beaux villages, tels que Harcourt, doté d'un superbe château médiéval.
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