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Rencontre avec le dernier pêcheur de Bordeaux

Jean-Marie Hauchecorne, le dernier pêcheur de Bordeaux Jean-Marie Hauchecorne, le dernier pêcheur de Bordeaux - © Philippe Roy / Détours en France

Publié le par Sophie Denis

Entre le pont Chaban et le pont d’Aquitaine, la Garonne est le terrain de jeux de Jean-Marie Hauchecorne, un pro de la pêche, pas peu fier de montrer qu’on peut vivre de la nature en pleine ville.

C’est le tout dernier pêcheur de Bordeaux. « Sur la Garonne, dans tout le département, nous ne sommes plus que 25, contre 300 il y a vingt ans. » À ses côtés, nous partons taquiner l’anguille sous le pont d’Aquitaine à bord des Tontons flingueurs. « J’étais analyste financier. Mais j’aime être au contact de la nature, de la Garonne. Et j’apprécie aussi la sensation de liberté que procure la navigation. J’ai un joli bureau, non ? »

Sur le bateau du bateau du dernier pêcheur de Bordeaux
© Philippe Roy / Détours en France

Comment devient-on pêcheur de Garonne ?

Des gattes pêchées dans la Garonne par Jean-Marie Hauchecorne
© Philippe Roy / Détours en France

« J’ai suivi une formation, appris auprès des anciens. Mais il me fallait convaincre l’association professionnelle des pêcheurs de Gironde de la légitimité de mon projet pour obtenir ma licence professionnelle. » Jean-Marie avait en tête de vendre sa pêche, aloses, mulets, anguilles et pibales l’hiver, à quelques bonnes tables de Bordeaux, dont Le Prince Noir et Le Gabriel, tout en proposant des sorties en bateau, histoire de partager la passion de son métier. Nous voici sous le pont, d’où les voitures là-haut paraissent minuscules. Autour du bateau, l’eau tourbillonne, le courant est très fort; poser un filet de 80 mètres de long en travers du fleuve tout en évitant les piles du pont et les nombreux troncs qui arrivent droit sur nous, n’est pas une mince affaire. Le filet ne doit pas être trop tendu, sinon les poissons sautent par-dessus. Attendre donc, mais pas trop. Vient le moment de remonter le filet. Des corps fuselés gigotent, pris dans les mailles. Il faut les détacher en prenant garde de ne pas abîmer le filet. 20 kg d’aloses et quelques mulets finissent leur vie dans les seaux, beaucoup de femelles remplies d’œufs. « Les œufs poêlés avec des échalotes sur une tranche de pain de campagne, quel délice ! » En revanche, échec cuisant du côté des anguilles. Les bourgnes (nasses) sont vides. La marée nous oblige à rentrer. Alors qu’un éclat de lumière caressante transfigure le fleuve, nous dégustons quelques crevettes blanches accompagnées d’un verre d’entre-deux-mers, une activité idéale pour un week-end à Bordeaux.

Jean-Marie Hauchecorne cuisine ses crevettes sur son bateau
© Philippe Roy / Détours en France

06 50 76 52 45
Sorties pêche et apéro partagés (2 h) : 16 et 22 €.

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