Le col d'Izoard : à l'assaut d'un col légendaire du Tour de France
Reliant le Queyras au Briançonnais, ce col alpestre, franchi à plus de trente reprises par le peloton, doit sa terrible réputation à sa légendaire Casse déserte. Sur le versant sud, se découvre en effet un étrange décor minéral d'un autre monde, où tous les champions voulurent briller.
Un décor comme une menace
Sous leurs yeux, un décor minéral et aride, composé d'extraordinaires éboulis de calcaire, pitons de cargneule dressés vers le ciel comme une menace. Une beauté extrêmement sauvage et désolante, qui inspirerait presque de la frayeur. Comment ne pas se sentir intimidé devant cet insolite paysage hérissé de colonnes de pierre, par ces roches déchiquetées bizarrement modelées au fil des millénaires par l’érosion ? « Rien n’y pousse sauf des coureurs qu’on pousse et qui produisent des amendes », décrivait l'écrivain Antoine Blondin, impressionné par cette « nature tentaculaire » dominée par le pic de Rochebrune (3320 m).
Un lieu sacré du cyclisme
Ce champ de pierre, emprunté par le peloton du Tour dès 1922, se transforma en un champ de ruines pour nombre de coureurs. « On pénètre dans un univers étrange, c'est une sorte de col venu d'ailleurs, un peu comme si on roulait sur la lune », commentait la plume de l'Equipe Philippe Bouvet. D'autant plus que « longtemps, jusqu'au milieu des années cinquante, la route c'est un chemin de moellons, qui le cèdent parfois à la glaise quand le mauvais temps vient apporter sa note sinistre sur cet endroit de nulle part ». Tous les champions, presque par orgueil, voulurent y briller, tant l'Izoard est devenu un lieu quasi sacré du cyclisme.
L'une de grandes coutumes du cyclisme consiste d’ailleurs à ce que l’on passe en tête à la Casse déserte.
Presque par devoir, Eddy Merckx tient à lui faire honneur en 1972, en y entrant le premier et en solitaire. Tout comme Bernard Thévenet trois ans plus tard. Mais les stars de l'Izoard, ce sont les vieux ennemis italiens Gino Bartali et Fausto Coppi. Une image les montre tous les deux minuscules, seuls en tête lors du Tour 1949, sur une misérable route de rocailles, enfin complices, se relayant, unissant leurs forces face à cette montagne géante, pour mettre quatre minutes dans la vue aux autres favoris. Tout petits mais géants. Comme l'écrivait Blondin, dans l'Izoard, les « petits coursiers (…) répondent au gigantisme par un autre gigantisme. »
Dans le rétro du Tour : les stars de l'Izoard
« C'est le privilège de l'Izoard de distinguer le champion », disait Jacques Goddet, l’emblématique directeur du Tour de 1937 à 1988. Une plaque y rend aujourd'hui hommage à Fausto Coppi et Louison Bobet, deux héros qui firent de ce col leur obsession. Le Français arrivera en tête au sommet à trois reprises (1950,1953, 1954). Quant à l'Italien, il y passera en tête en 1949 – même s'il laisse la victoire d'étape à Gino Bartali, qui fête son 35e anniversaire – puis en 1951. Pour l'anecdote, Coppi viendra, en juillet 1953, avec sa fiancée en escapade romantique voir le Tour passer au col de l'Izoard. « Il est beau ! », lance au passage le Campionissimo à Bobet sur son vélo. « Merci d'être venu ! », lui répond le français.
Le col d'Izoard en pratique
- Depuis Guillestre (versant sud) : 15,9 km pour une dénivellation de 1060 mètres. Pente moyenne : 6,9 % (maximale : 14 %).
- Depuis Briançon (versant nord) : 19,2 km pour une dénivellation de 1136 mètres.
- Pente moyenne : 5,92 % (maximal ; 8,6 %).
- A noter, que le col, inaccessible de novembre à mai, est, lorsqu'il est ouvert, certaines matinées fermées à la circulation automobile pour assurer la sécurité des adaptes de la petite reine.
- Renseignements auprès du Point d'accueil à Arvieux, 04 92 46 75 76 et www.arvieux-izoard.com.