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En roue libre au cœur de la Creuse

au bout de la grimpette, un époustouflant panorama sur les mille hectares du lac de Vassivière. Au bout de la grimpette, un époustouflant panorama sur les mille hectares du lac de Vassivière. - © Philippe Roy / Détours en France

Publié le par Vincent Noyoux

Du plateau de Millevaches au lac de Vassivière, le sud de la Creuse offre un joli terrain de jeu pour les amateurs de la « petite reine ». Nous avons choisi deux parcours à la journée qui en mettent plein les yeux... Tout en épargnant relativement les mollets. Au programme : quelques jolies côtes en forêt, des chemins herbeux et de ravissantes pistes caillouteuses au bord de l'eau.

Notre première randonnée à vélo nous emmène sur les bords du plateau de Millevaches. Départ de Felletin : le joli pont Roby enjambe la Creuse tandis qu’on enfourche notre vélo à assistance électrique. Le début du parcours suit le tracé du tour de la Creuse à vélo, un itinéraire balisé de 327 kilomètres qui va de Crozant à Aubusson en passant par le lac de Vassivière. La route monte jusqu’à Saint-Quentin-la-Chabanne, dont le clocher-mur à quatre baies nous sert de prétexte pour une pause. Elle monte encore à l'assaut du plateau jusqu'à la villa gallo-romaine de Maissionnières, dont les ruines dorment sous les chênes. Ici, la route s'aplanit enfin...

Nous ne sommes pas loin du puy d’Hyverneresse, butte chauve culminant à 852 mètres. Le panorama à 360° englobe le plateau de Millevaches, Felletin et, par temps clair, le Sancy et le puy de Dôme au loin. Difficile de faire vue plus dégagée ! Qui a dit que le plateau de Millevaches était plat ? Sitôt dessus, la route dégringole dans le creux de la vallée de la Gioune, l'une des premières "rivières sauvages" classées de France. LEs chanceux y observeront des loutres. On y voit plus sûrement des nombreux "ponts planches" du plateau, soit une dalle de granit posée sur deux piles de pierre. La campagne vallonnée, riante, peu touchée par les coupes rases, alterne hêtres, chênes, prés et résineux jusqu’aux maisons de granit de Féniers. C’est à peine si depuis le début on a croisé une voiture...

Pause rafraîchissante à mi-course

Après un arrêt casse-croûte, on rejoint l’étang de Féniers, dont l’eau noire reflète le tapis de bruyère violette et l’habit vert foncé des sapins. Il est temps de faire demi-tour, sans manquer la source de la Creuse. L’affluent de la Vienne a pour berceau un émouvant creux d’eau fraîche, tapissé de cresson et d’herbes ondulantes, au bout d’une allée de genêts et de bruyère. On s’y rafraîchit avec délice ! Pour le retour, la D19 nous gratifie d’une descente de 4 kilomètres et d’une belle vue sur la vallée de Croze. Bientôt, Felletin se signale par son clocher et le pont Roby accueille les Robic que nous ne sommes pas. Résumé de notre boucle : 45 kilomètres, 700 mètres de dénivelés et le plaisir d’avoir vu le plateau de Millevaches sous un autre angle.

Sur le sentier des sources de la Creuse, au milieu des herbes folles, une séquence très paisible et 100 % nature de la balade.
Sur le sentier des sources de la Creuse, au milieu des herbes folles, une séquence très paisible et 100 % nature de la balade. © Philippe Roy / Détours en France

Autour du lac de Vassivière

Le lendemain, rebelote : tous en selle, mais cette fois à VTT électrique autour du lac de Vassivière. Le sentier de rives (balisage bleu), additionné de quelques portions de route, fait une boucle le long de cette réserve d’eau de mille hectares créée en 1950. Commençons par la presqu’île de Chassagras, sur la rive nord. Chênes, hêtres, bouleaux et mélèzes créent des sous-bois harmonieux.

À son sommet, marqué par un tumulus, le panorama permet d’admirer le profil découpé du lac qu’on jurerait naturel. Au bord de l’eau, une passerelle sinueuse mène à l’île de Vauveix, peuplée de bouleaux et de pins sylvestres. On en fait le tour à pied avant de rejoindre le puy de la Croix, sur la rive orientale. Un sentier de 2,5 kilomètres jalonné de pierres sculptées mène au belvédère, qui offre un des plus beaux points de vue sur le lac. Difficile de croire que l’ajonc et la bruyère régnaient en maître autrefois. La forêt touffue de pins Douglas, les îles sauvages et les pontons de bois évoquent aujourd’hui quelque coin du Canada ! Des pontons flottants traversent bientôt une tourbière, puis frôlent des joncs les pieds dans l’eau jusqu’à Broussas.

Lors de la seconde randonnée, l’île lacustre de Vauveix, sur le lac de Vassivière, est accessible uniquement par une passerelle. Un chemin permet ensuite de visite l’île à pied.
Lors de la seconde randonnée, l’île lacustre de Vauveix, sur le lac de Vassivière, est accessible uniquement par une passerelle. Un chemin permet ensuite de visite l’île à pied. © Philippe Roy / Détours en France

La plage de Nergout invite à la baignade, mais sur la plage de Pierrefitte, un autre tour à vélo nous attend : l’hydrofoiler. Ce vélo sur foil permet de pédaler sur l’eau, ou plutôt au-dessus. Encore faut-il réussir à sortir de l’eau. Nous avons testé : disons pudiquement que nous ferons mieux la prochaine fois ! Au moins a-t-on pu goûter l’eau parfaitement tempérée du lac.

L’île de Vassivière vient à point pour la pause méridienne. Émergée en 1952, l’île est désormais un haut lieu de la création contemporaine grâce à son Bois de sculptures, investi par les artistes en résidence. Ici, l’art contemporain, exposé à la tour-phare et dans la galerie du Centre international d’art et du paysage (CIAPV), côtoie le patrimoine ancien.

Ever, de Kimio Tsuchiya (1990), l’une des œuvres du Bois des sculptures intégrées à la nature de l’île, autour du Centre international d'art et du paysage de Vassivière.
Ever, de Kimio Tsuchiya (1990), l’une des œuvres du Bois des sculptures intégrées à la nature de l’île, autour du Centre international d'art et du paysage de Vassivière. © Philippe Roy / Détours en France

Tout fait art, même le pain de l’île, cuit dans un vieux four près du château par un boulanger artiste. Le CIAPV organise des visites guidées du Bois des sculptures... à vélo et en canoë. Le sentier caracole entre les racines d’arbres, entre forêt et sous-bois, jusqu’à Auphelle. Le festival de contes de Vassivière s’y tient tous les ans.

Le bâtiment du CIAPV inauguré en 1991, dont le phare singulier s’intègre parfaitement au décor rural, est l’œuvre des architectes Aldo Rossi et Xavier Fabre.
Le bâtiment du CIAPV inauguré en 1991, dont le phare singulier s’intègre parfaitement au décor rural, est l’œuvre des architectes Aldo Rossi et Xavier Fabre. © Philippe Roy / Détours en France

Bientôt, on croit passer un simple pont. C’est le barrage de Vassivière ! Une pause s’impose pour en prendre la mesure : 33 mètres de haut et 233 mètres de crête pour contenir les 106 millions de mètres cubes du lac. Après 41 kilomètres, nous bouclons notre tour. Les quelques buttes, les creux et les bosses du parcours portent le dénivelé à au moins 600 mètres, variantes et détours compris. Pas mal pour un tour de lac...

Prestigieux cadre de la création contemporaine depuis les années 1980, le château de l’île de Vassivière est une ancienne demeure bourgeoise du xviie siècle transformée en château de style néogothique au XIXe siècle et modifié dans les années 1930.
Prestigieux cadre de la création contemporaine depuis les années 1980, le château de l’île de Vassivière est une ancienne demeure bourgeoise du xviie siècle transformée en château de style néogothique au XIXe siècle et modifié dans les années 1930. © Philippe Roy / Détours en France

 

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