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Cette balade à vélo de Charente-Maritime séduit de plus en plus les cyclistes

D'anciennes cabanes ostréicoles typiques colorent le paysage de Marennes et ses environs, parfois transformées en restaurant comme ici au port de La Cayenne. D'anciennes cabanes ostréicoles typiques colorent le paysage de Marennes et ses environs, parfois transformées en restaurant comme ici au port de La Cayenne. - © Philippe Roy / Détours en France

Publié le par Philippe Bourget

Même si l’on n’aime pas les huîtres, l’intérêt est grand de sillonner à vélo le cours bas de la Seudre, haut lieu de l’ostréiculture française. De chenaux en chemins, de villages de charme en petit patrimoine rural, l’escapade de deux jours offre un dépaysement maritime complet et une saine respiration avant l’hiver.

Il existe un préambule à l’itinéraire, un rituel intangible : monter au clocher de l’église Saint-Pierre-de-Sales, à Marennes (accessible en haute saison), pour embrasser d’un regard le décor à venir. Unique point haut à la ronde, il ouvre depuis ses 85 m un panorama complet sur la Seudre et son embouchure, les bassins ostréicoles et les chenaux. Un paysage façonné par l’homme et adapté pour le vélo, sans le risque – c’est un atout ! – d’y rencontrer la moindre côte. Après la traversée du viaduc de la Seudre séparant Marennes de La Tremblade, un hot spot ne tarde pas à pointer son nez. Il suffit de tourner à gauche au premier rond-point et de rejoindre le chenal de La Grève, via l’avenue du Général-de-Gaulle. Cœur de marais, nous voilà! Le canal aligne sur plus d’un kilomètre une quantité incroyable de cabanons ostréicoles et de hangars où acheter des huîtres. Ils font face aux plates amarrées à quai, ces chalands à faible tirant d’eau, dont les producteurs se servent pour rejoindre les parcs à huîtres. Protégés de la foule, d’autres chenaux conservent une belle authenticité. On aime beaucoup ceux de Coux et de l’Éguillatte. Et plus encore, au sud, celui de Chartressac. Il louvoie tel un serpent, flanqué d’une rangée de cabanons en bois aux fenêtres de couleurs vives. Sur la vase, des voiliers échoués attendent la marée haute. Un site comme suspendu entre eau et ciel.

Les bords du long chenal de La Grève, à La Tremblade, sont occupés par des exploitants ostréicoles mais aussi par des artistes et artisans qui utilisent les cabanes colorées pour exposer leurs œuvres.
Les bords du long chenal de La Grève, à La Tremblade, sont occupés par des exploitants ostréicoles mais aussi par des artistes et artisans qui utilisent les cabanes colorées pour exposer leurs œuvres. © Arnaud Chicurel / hemis.fr

Bassins de "claires"

Village de caractère classé parmi les Plus Beaux Villages de France, Mornac-sur- Seudre est une invitation à la flânerie, entre ruelles pavées et fleuries, jolies échoppes, et maisons typiques blanchies à la chaux.
Village de caractère classé parmi les Plus Beaux Villages de France, Mornac-sur- Seudre est une invitation à la flânerie, entre ruelles pavées et fleuries, jolies échoppes, et maisons typiques blanchies à la chaux. © Philippe Roy / Détours en France

Pédaler le long de la Seudre a ses inconvénients. Perpendiculaires au fleuve, les chenaux sont tous des culs-de-sac. Le demi-tour est obligatoire. Cela rallonge le parcours, mais fait découvrir impasses oubliées et digues secrètes, tracées au milieu des bassins. C’est aussi une façon de mieux comprendre l’architecture paysagère, symbolisée par ces bassins de « claires » où les huîtres verdissent au contact de l’algue diatomée – une exclusivité de Marennes. De voies sans issue en raccourcis champêtres, on traverse la commune d’Étaules, les hameaux de Marvoux, de la Poterie, de Coulonges... avant d'atteindre Mornac-sur-Seudre. Arrêt au « bijou » villageois du bassin. Roses trémières et volets bleus, maisons chaulées et venelles proprettes : on ne peut pas trouver plus pimpant. Parfait pour une pause déjeuner, Mornac est une autre porte d’entrée pour pédaler au cœur des bassins. Une jolie boucle emmène du côté des chenaux de Téger et de Coulonges, puis file le long de la Prise des Graves jusqu’à la Seudre.

Le "flow" des saloches 

Pour rejoindre la rive droite du fleuve, il faut pédaler jusqu’à L’Éguille et Châlons, où l’on peut passer la nuit. Puis pousser le lendemain jusqu’au Gua pour s’engager sur la route des Prises, en direction de Marennes. Ici, aucun chenal pour touristes. Éloignés du fleuve, les villages et hameaux (Nieulle, Thoriat, Artouan...) encadrent un territoire ostréicole caché. Alors que le clocher de Marennes grossit à vue d’œil, le décor, plus mixte, mêle hangars ostréicoles et fermes d’élevage bovin. C’est aussi le coin des saloches, ces petites constructions coniques en pierre utilisées jadis comme poulaillers... ou guets pour les douaniers du sel. L’arrivée à Marennes peut se conclure le long du chenal ostréicole de La Cayenne. Plus tranquille que son vis-à-vis de La Grève, on y dégustera avec bonheur une douzaine d’huîtres ou un poisson de l’océan.

Sources

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