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La corniche de l'Esterel : un rêve sur la Côte d'Azur

Par Florence Donnarel

Aux confins du Var, entre Le Muy et Théoule-sur-Mer, l’Esterel dresse ses roches feu au-dessus de la Méditerranée. Ses pentes fondent sur les eaux bleues pour ourler la côte de criques et de falaises. À découvrir à cheval, à pied, à vélo ou en voiture, sur la route de la corniche d’Or.

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Actaris est gourmand. Il aime brouter les rameaux tendres de la bruyère arborescente et les feuilles croquantes du chêne vert. Le grand poney pyrénéen trotte sur le sentier taillé dans l’épais maquis, frottant parfois sa croupe sur l’écorce d’un chêne-liège. Devant, en direction du plateau des Ferrières, les quatre autres chevaux de notre randonnée grimpent les premières hauteurs de l’Esterel dans un nuage de poussière.

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Au loin, les roches rouges du cap Dramont se découpent sur la mer. Le promontoire au relief accidenté captive les regards par son curieux îlot rocheux et sa haute tour crénelée. « Il aurait inspiré Hergé pour la couverture de l’album L’Île Noire », explique Christelle, la monitrice-guide de l’excursion. En réalité, le bout de terre flottant s’appelle : l’île d’Or. Le docteur Auguste Lutaud l’avait gagnée au jeu en 1905. Personnage fantasque, il se proclama souverain de l’île et fit ériger un palais : la fameuse tour carrée en pierre ocre. Toujours privée, l’île est désormais courtisée par les nombreux bateaux, kayaks et paddles, qui viennent mouiller dans ses eaux.

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En face, sur la terre ferme, une grande plage de galets grisés bouscule la palette des rouges. « Le 15 août 1944, ce fut l’un des principaux sites du débarquement de Provence », commente Christelle. Les pierres sont les déchets d’une ancienne carrière d’estérellite, une roche présente autour du Dramont, qui veine de tons gris-vert la rhyolite rouge de l’Esterel. En arrière de la plage, la carrière emplie d’eau cisèle désormais deux lacs scintillant sous le soleil.

Une cathédrale minérale

Les chevaux poursuivent leur montée vers un belvédère. La chaleur émise par la terre exhale les senteurs capiteuses du maquis. Il nous faut parfois saisir la crinière de la monture et nous tenir en équilibre au-dessus de la selle mais nos efforts sont récompensés par la vue panoramique sur l’intérieur du massif et ses formations sculpturales. Au premier plan, la barre du Rastel, impressionnante épine rocheuse, semble éduquer le regard à la beauté des paysages de pierre.

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Plus loin, le cap Roux ressemble à une cathédrale minérale avec sa crête ocre, hérissée de colonnes veillant sur la forêt méditerranéenne. C’est sur l’un de ses sentiers que nous cheminons aux côtés de Christophe Pint-Girardot, agent de l’Office national des forêts (ONF), chargé de l’accueil du public. « J’aime l’imbrication des arbres et de la roche rouge qui rend le paysage de l’Esterel si singulier.“Esterel”, cela signifie stérile. Mais regardez comme les arbres se sont adaptés à ce milieu et poussent avec des formes étonnantes. » 

Autour des pierriers, véritables coulées rocheuses qui émaillent la forêt, de grands arbres se dressent, désaltérés par l’eau emprisonnée dans les cailloux. Une trilogie de pins, maritimes-d’Alep-parasols, et des chênes-lièges à l’épaisse carapace dévalent les pentes escarpées vers la mer. « La forêt domaniale couvre 6000 de 32000 hectares du massif de l’Esterel. Jusque dans les années 1960, le boisement était exploité pour ses pins maritimes ; puis la cochenille a provoqué leur dépérissement, explique le forestier. C’est à cette époque aussi que les grands incendies sont devenus moins fréquents. » 

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Ce, grâce au débroussaillage et à l’entretien des pistes, menés par l’ONF et les auxiliaires de la Protection de la forêt méditerranéenne (rattachés à la préfecture). « Nous intervenons aussi sur des feux naissants, en coordonnant les patrouilles de la préfecture porteuses d’eau, selon les indications des pompiers. » En 2017, les hommes ont circonscrit un incendie sur 1,5 hectare près de la calanque de Saint-Barthélemy mais, sur la commune de Fréjus, des dizaines d’hectares ont brûlé.

La montagne, un refuge

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Le feu était aussi là, aux origines: le massif est né d’une éruption volcanique, il y a 250 millions d’années. « On retrouve la roche rouge de l’Esterel, la rhyolite amarante, en Corse, dans les calanques de Piana et à Scandola. À l’ère primaire, la Corse, la Sardaigne et la Provence cristalline étaient réunies ; elles ont été séparées par les bouleversements tectoniques qui suivirent la formation des Alpes », éclaire encore Christophe Pint-Girardot.

Une histoire mouvementée qui comprend aussi, plus récemment, la présence de bandits et d’évadés du bagne de Toulon : ils trouvèrent refuge dans les cavités et vallons sombres du massif. L’hôte le plus célèbre de ces lieux reculés est sans doute saint Honorat, ermite de la grotte de la Sainte-Baume, au cap Roux. Au Ve siècle, il partit fonder l’abbaye de Lérins sur une île, au large de Cannes, qu’il contemplait depuis les hauteurs de l’Esterel.