Voici l'un des trésors sauvages du Grand Est

La presqu’île de la Petite Italie, écrin de verdure bordé de saules pleureurs, fait une timide percée au nord du lac d’Orient, aussi appelé lac-réservoir Seine. Il faut dire que le troisième plus grand lac artificiel de France couvre une superficie de plus de 23 kilomètres carrés et atteint par endroits 22 mètres de profondeur. La presqu’île de la Petite Italie, écrin de verdure bordé de saules pleureurs, fait une timide percée au nord du lac d’Orient, aussi appelé lac-réservoir Seine. - © Hervé Lenain / hemis.fr

Publié le par Dominique Le Brun

À la frontière de la Champagne et de la vallée de l’Aube s’ouvre un vaste massif forestier de dix mille hectares riche de chênaies ancestrales. Adossée aux lacs d’Orient, du Temple et Amance, immenses étendues d’eau en partie bordées de marais, la forêt d’Orient forme le cœur d’un parc naturel régional sillonné d’innombrables sentiers. Un site d’exception à parcourir absolument.

L'essentiel

Réalisé avec l'IA, validé par Détours en France.

  • En automne, les lacs se transforment : flamboyance des feuillages et spectacle aérien des grues cendrées qui y font halte lors de leur migration.
  • À pied, on peut aussi parcourir les vastes chênaies via des sentiers balisés, comme celui menant de la Maison du Parc jusqu’au village champenois de la Loge-aux-Chèvres.

Si les forêts profondes d’Orient sont multicentenaires, les lacs sont, eux, une production humaine récente. Celui d’Orient n’existe que depuis 1966. Avec une superficie de 2 300 hectares et une profondeur maximale de 25 mètres, ce barrage réservoir de l’importance du lac d’Annecy fut créé pour réguler le cours de la Seine. Il s’agissait d’éviter de nouvelles crues aussi dévastatrices que celles de 1910 ou 1924, ainsi que d’approvisionner Paris en eau potable en cas de grande sécheresse. En 1990, le lac d’Orient s’est vu assisté dans sa mission par la création de deux nouveaux réservoirs, quant à eux destinés à réguler le cours de l’Aube, ce généreux affluent de la Seine. Ainsi sont nés les lacs du Temple et Amance, ajoutant encore 5 000 hectares d’un fabuleux univers lacustre, résolument sauvage malgré l’origine artificielle des lieux. Le lac d’Orient possède par ailleurs une caractéristique unique en France. Vers la fin du printemps et le début de l’été, lorsque son niveau est au plus haut, l’eau envahit des parcelles de forêt.

Décors lointains

Près de la commune de Géraudot, l’anse du petit Orient révèle des paysages lacustres étonnants.
Près de la commune de Géraudot, l’anse du petit Orient révèle des paysages lacustres étonnants. © Hervé Lenain / hemis.fr

À dire vrai, les ornithologues apprécient les lacs de la forêt d’Orient pour les quelque 250 espèces qui le  fréquentent et qui varient en fonction des saisons : mouettes rieuses, hérons, grèbes à cou noir, oies des moissons, fuligules milouins, grues cendrées et rapaces de toutes races, dont le majestueux aigle pygargue à queue blanche, qui peut atteindre deux mètres et demi d’envergure. On pourra les observer à partir des postes aménagés dans la réserve ornithologique qui s’étend entre les presqu’îles de Picardie et de l’Épine aux Moines.

la réserve ornithologique comblera les amateurs de bêtes à plumes. Au fil des saisons, ce sont plus de 250 espèces que l’on peut observer à loisir depuis plusieurs postes dédiés.
La réserve ornithologique comblera les amateurs de bêtes à plumes. Au fil des saisons, ce sont plus de 250 espèces que l’on peut observer à loisir depuis plusieurs postes dédiés. © Sylvain Sonnet / hemis.fr

Qui s’attendrait à retrouver les bayous de Louisiane ou les mangroves africaines aux confins de la Champagne et de l’Aube ? Se balader en forêt à la pagaie ou pratiquer le canoë-kayak au milieu d’une futaie n’est pas si courant ! Pour vivre cette expérience hors du commun, il suffit de louer un canoë sur place ou de s’inscrire à une randonnée organisée par le parc naturel. Toutefois, c’est plutôt en automne que les lacs de la forêt d’Orient montrent le plus de caractère. Pas seulement pour le flamboiement de l’été indien embrasant les forêts, mais aussi parce que c’est l’époque où reviennent les grues cendrées, ces grandes oies sauvages qui voyagent entre Scandinavie et Afrique du Nord, et dont certaines s’arrêtent ici pour l’hiver.

Mythique grue cendrée

L'arrivée des grues cendrées
L'arrivée de la grue cendrée s'annonce de loin par ses cris rauques et brefs. © Tuul et Bruno Morandi / Détours en France

L’arrivée de ces magnifiques oies sauvages par vols immenses s’annonce de loin par leurs cris rauques et brefs. Elles font étape à l’automne sur leur périple de quelque 2 500 kilomètres entre le nord-est de l’Europe et la pointe méridionale de l’Espagne ou du Maroc. Leur envergure qui dépasse les 2 mètres donne à ces oiseaux la puissance nécessaire à de tels voyages, mais il y a aussi le savoir-faire : leur disposition en vol, dessinant un grand V dans le ciel, ainsi que la coordination de leurs battements d’ailes, crée ainsi des effets d’aspiration qui limitent les efforts.

Quant aux chênaies de la forêt d’Orient, les futaies sont quadrillées par un réseau d’allées et de layons où l’on peut marcher des heures durant. Mais vers où porter ses pas ? Une suggestion: se rendre à la Maison du Parc, près de Piney. On appréciera au passage son architecture d’ancienne ferme champenoise. Le but de cette balade sera le petit village de la Loge-aux-Chèvres, qui occupe une vaste clairière en pleine futaie. Il y en a pour deux heures de marche et sept kilomètres. Pour ce faire, on empruntera les pistes forestières de la ligne des Comtes de Champagne, la ligne Neuve puis le chemin des Hauts-Guets. Celui-ci donne sur la route D79 qu’on traverse avant de la suivre un instant sur la gauche pour prendre le premier chemin à droite. Il conduit à la Loge-aux-Chèvres et longe le village. Un sentier permet de faire un aller- retour vers ce village-rue typiquement champenois. Pour revenir à la Maison du Parc, reprendre le chemin et tourner à droite au bout du bois. Au premier croisement, prendre à gauche, et à droite à l’intersection suivante. On suit alors le « Cordon de l’Orient » puis la ligne Gombart- Gouault qui ramène sur la piste des Comtes de Champagne et le point de départ de la balade.

Sources

Sujets associés