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Cette station balnéaire est-elle nichée dans le plus bel endroit du monde ?

À une dizaine de kilomètres de Saint-Malo qui lui fait face, Dinard n’a pas usurpé sa réputation de destination chic et agréable. La douceur de son climat, ses plus de 400 villas classées, son Festival du film britannique, son casino ou ses régates organisées par le yacht-club local font partie des nombreux attraits de cet intemporel écrin de bord de mer. À une dizaine de kilomètres de Saint-Malo qui lui fait face, Dinard n’a pas usurpé sa réputation de destination chic et agréable. - © Benoit Stichelbaut / hemis.fr

Publié le par Florence Donnarel

Avec ses demeures de luxe et son splendide trait de côte, l’élégante station balnéaire déploie un charme singulier à quelques encablures seulement de la cité corsaire.

bordée de jolies petites cabanes à rayures blanches et bleues, la plage de l’Écluse est située en plein centre-ville, à proximité des commerces et du casino. Sa piscine d’eau de mer et sa plage de sable fin en font l’un des sites les plus animés et les plus prisés de la station.
Bordée de jolies petites cabanes à rayures blanches et bleues, la plage de l’Écluse est située en plein centre-ville, à proximité des commerces et du casino. Sa piscine d’eau de mer et sa plage de sable fin en font l’un des sites les plus animés et les plus prisés de la station. © Franck Guiziou / hemis.fr

« Le conserve la conviction que c’est le plus bel endroit du monde. Je ne parle pas de la ville elle-même, mais du trait de côte, de cette poussière d’îles dans l’estuaire de la Rance... » Voilà qui est dit, et bien dit par l’écrivain baroudeur Jean Rolin. Des propos qui ne défriseront pas nos « voisins » anglais, eux qui offrirent dans les années 1880 à ce village de marins dépendant de la paroisse de Saint-Énogat (c’est par un décret présidentiel de 1921 que la commune Dinard-Saint-Énogat gagne le droit de s’appeler « Dinard ») son prestige de « plus belle plage de la côte d’Émeraude » ; la ville en dénombre quatre : du Prieuré, de l’Écluse, de Saint-Énogat et du Port-Blanc. Ce côté « so british », Dinard l’a conservé. Certes, l’aristocratie ne se rend plus en grand équipage au champ de course (même si l’annuel Jumping International attire l’élite du monde hippique) avant d’aller siroter un single malt au Café anglais, dont la façade en briques rouges animée de grandes baies blanches abrite l’une des bonnes tables dinardaises. Mais persiste ce quelque chose ayant à voir avec un décontracté chic qui impose que l’on donne une autre valeur au temps.

Un petit air « so british »

Longue de 1 km, la promenade du Clair-de-Lune s’étend de la plage du prieuré jusqu’à l’anse du Bec de la Vallée. Joliment arborée, empreinte du doux parfum des plantes exotiques, elle déroule les façades Art déco et néoclassiques qui font la renommée de la cité balnéaire.
Longue de 1 km, la promenade du Clair-de-Lune s’étend de la plage du prieuré jusqu’à l’anse du Bec de la Vallée. © Franck Guiziou / hemis.fr

L’empreinte anglo-saxonne se fait encore ressentir grâce aux villas. Celles-ci ont poussé, dès la fin du XIXe, tels des champignons sous l’action de personnalités comme les Américains William et Lyona Faber ou le comte Joseph Rochaïd-Dahdah. À grand renfort d’opérations immobilières ambitieuses, ils ont transformé la physionomie de la commune. Les villas aux styles architecturaux les plus libres et hétéroclites fleurirent de la pointe du Moulinet à la Vicomté ; un établissement de bains de mer est créé, et de nouveaux quartiers, comme celui très « trendy » de la Vicomté, voient le jour. Une gare, la halle de la Concorde, une église anglicane (Saint-Bartholomew) sortent de terre, un yacht-club attire les plus belles unités à voile des chantiers navals britanniques, de belles avenues arborées se bordent de villégiatures à l’architecture anglaise, avec bow-windows et toit-terrasse... Dinard acquiert une telle notoriété que la littérature touristique ne résiste à aucun surnom pour attirer touristes et investisseurs nationaux et internationaux : « La Monaco des étrangers », « La Nice du Nord », « La Reine des plages »...

Créé en 1928 et idéalement situé sur la promenade du Clair-de-Lune, le yacht-club de Dinard programme des courses au large mythiques, tels « les 100 Milles et une nuit » ou les « Cardinales d’Émeraude ».
Créé en 1928 et idéalement situé sur la promenade du Clair-de-Lune, le yacht-club de Dinard programme des courses au large mythiques, tels « les 100 Milles et une nuit » ou les « Cardinales d’Émeraude ». © Franck Guiziou / hemis.fr

Pour admirer cette constellation de « petits châteaux maritimes » et autres villégiatures balnéaires qui se dressent face à la mer, de la pointe de la Malouine à l’ouest à celle du Moulinet à l’est, deux possibilités : suivre en bateau la partie dinardaise de la côte d’Émeraude (la navette entre Saint-Malo et Dinard offre une vue splendide) ou musarder au gré de la promenade du Clair-de-Lune. Aménagée en 1930, cette balade romantique se déploie au pied des falaises et en léger surplomb au-dessus des flots sur 7,5 kilomètres (le tronçon le plus court et le plus emprunté démarre de la plage du Prieuré jusqu’à l’embarcadère du Bec de la Vallée). Facile, ce chemin côtier bordé de palmiers (voir la palmeraie du quai de la Perle) et d’une végétation aux senteurs méditerranéennes passe au pied de villas historiques.

Joliment arborée, empreinte du doux parfum des plantes exotiques, elle déroule les façades Art déco et néoclassiques qui font la renommée de la cité balnéaire.
Joliment arborée, empreinte du doux parfum des plantes exotiques, la promenade du Clair-de-Lune déroule les façades Art déco et néoclassiques qui font la renommée de la cité balnéaire. © Franck Guiziou / hemis.fr

Paradisiaques de la côte

 la célèbre villa des Roches Brunes (1896) surplombe le chemin de ronde de la Malouine, très apprécié des joggeurs.
 La célèbre villa des Roches Brunes (1896) surplombe le chemin de ronde de la Malouine, très apprécié des joggeurs. © Benoît Stichelbaut

Postée en vigie à l’extrémité de la pointe de la Malouine, la villa des Roches Brunes figure parmi les stars de la côte. Commandée à l’architecte Alexandre Angier en 1893 par le grand couturier parisien Émile-Martin Poussineau, elle arbore un original style néo-Louis XIII très marqué Belle Époque. La villa de l’allée des Douaniers est la propriété de la municipalité qui y organise des activités culturelles. Boulevard de la Mer, toujours à la pointe de la Malouine et à l’extrémité de la plage de Port-Salut, la villa Greystones, bâtie à partir de 1938 par l’architecte Michel Roux-Spitz dans un style néoclassique, a des faux airs de forteresse sertie d’un vaste jardin peuplé d’œuvres d’art contemporaines monumentales. Malheureusement, Greystones ne se visite pas... à moins que son propriétaire, l’homme d’affaires breton François Pinault, ne vous y invite. Plus loin sur ce délicieux sentier côtier, là où l’on double la pointe du Moulinet, trône la splendide villa Saint-Germain. Construite pour François de Rochechouart, marquis de Mortemart, en 1870, cette imposante bâtisse de pierre de 28 pièces est environnée d’un parc de 2 hectares où l’on peut encore admirer un fortin Napoléon III.

Sources

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