Les Baux-de-Provence, le village ressucité
Du haut de son éperon rocheux, cet extraordinaire nid d’aigle domine la vallée des Alpilles et bien au-delà… Le bourg provençal, couronné par les ruines d’un château, a conservé tout son pouvoir d’enchantement.
« Des Baux, je ferais ma capitale » (Frédéric Mistral)
Avec à ses pieds, au nord, les formes chaotiques du val d’Enfer, et à l’ouest le vallon de la Fontaine, le rocher des Baux s’apparente à une nef minérale, étrange et fascinante, dont les chicots de pierre fantomatiques du château enflamment l’imaginaire. Au fil des ruelles et des places, des hôtels particuliers des XVe et XVIe siècles côtoient des maisons Renaissance adossées parfois à des ruines ou à moitié taillées dans le roc.
Le village – une poignée d’habitants sur ces hauteurs – pourrait aujourd’hui obtenir, avec 1,5 million de visiteurs par an, le titre de capitale du tourisme… Au vu de l’affluence certains jours, on pourrait avoir envie de prendre ses jambes à son cou. Pourtant, à chaque fois, le visiteur est comme magnétisé ! Imaginez le tableau : sous vos yeux, un éperon rocheux de calcaire culminant à 245 mètres, long de 900 mètres sur 200 de largeur, est couronné par un vaisseau de pierre déchiqueté qui semble prolonger le roc… La beauté âpre du village, son corps à corps sauvage avec le paysage, son mélange de ruines et de demeures restaurées exercent une irrésistible attraction.
Une histoire mouvementée
Site d'occupation très ancien, les Baux doivent leur puissance aux seigneurs des Baux. Refusant toute vassalité, ces rebelles aventureux étendent leur popuvoir sur les "'terres baussenques", soit 79 fiefs (villes ou places fortes) répartis de la Drôme au Var.
En 1631, les remparts et le château sont détruits. La seigneurie est vendue à la ville, et les Baux-de-Provence passent aux mains de la famille Grimaldi. En parcourant les immenses ruines de ce château fantôme (7 hectares), on côtoie le fantastique, et il est difficille de ne pas songer au Testament d'Orphée, film de et avec Jean Cocteau, tourné en partie au Baux, et principalement au Val d'Enfer. Aux côtés de Jean Marais et Maria Cassarès , Pablo Picasso et Françoise Sagan, entre autres, y tinrent de petits rôles.
Dantesque val d'Enfer
En contrebas de ce village perché, le val d’Enfer est un site qui excite l’imaginaire depuis la nuit des temps. Creusé dans le plateau, ce vallon présente d’étranges roches calcaires, sculptées par le vent et l’eau, qui prennent un caractère fantastique, avec les jeux d’ombre et de lumière. Ce paysage torturé de roches de molasse aurait inspiré Dante pour sa Divine Comédie. Frédéric Mistral en parlait comme d’un « cataclysme de pierre ». Cocteau y tourna son Testament d’Orphée.
Quasiment désertée après la Révolution, la citadelle des Alpilles a retrouvé son cachet après la Seconde Guerre mondiale grâce notamment à Raymond Thuillier, fondateur de l’Oustau de Baumanière, un hôtel très chic qui attira alors tous les grands de ce monde.
En 1966, André Malraux fait inscrire tout le village sous la protection du ministère de la Culture. Les demeures commencent alors à être réhabilitées les unes après les autres. Les plus beaux édifices des Baux, adossés aux ruines, datent de l’époque Renaissance, sa période la plus faste. On les découvre en empruntant la Grand-Rue.
On verra la cour et la loggia de l’hôtel de Mainville (1571), dont une aile abrite la mairie, et l’hôtel des Porcelets, datant de la fin du XVIe siècle, où sont exposées aujourd’hui des toiles d’Yves Brayer, artiste qui vécut aux Baux-de-Provence (et qui a notamment décoré la chapelle des Pénitents-Blancs de fresques murales). Le rez-de-chaussée de l’hôtel conserve une salle voûtée, ornée de fresques du XVIIe siècle.
Le charme du lieu
Au croisement de la rue Neuve, on tombe nez à nez face une étonnante fenêtre Renaissance. L’inscription calviniste « Post Tenebras Lux 1571 » (« Après les ténèbres, la lumière »), nous signale qu’il s’agit des vestiges d’un temple protestant. La chapelle romane Saint-Vincent, agrandie au début du XVIIe siècle, est caractéristique des anciennes constructions des Baux, puisqu’en partie troglodytique dans sa partie la plus ancienne. Le sanctuaire sert de décor à la célèbre messe de Noël, avec cérémonie du pastrage et crèche vivante.
Sur la partie haute, la plus spectaculaire, la « cité morte » garde le souvenir des puissants seigneurs des Baux au Moyen Âge. Le château en lambeaux s’étend sur 7 hectares, avec son donjon, ses tours, sa maison de la tour de Brau, son colombier rupestre et sa chapelle romane Saint-Blaise (XIIe), encore debout. Le caractère médiéval du site a été renforcé par la présence de dizaines d’engins de guerre – machines de siège telles qu’un trébuchet, un bélier…
La folie d'un homme
Pour vous donner une idée de l’à-pic, imaginez que c’est d’ici que Raymond de Turenne, surnommé le « fléau de la Provence », s’amusait au XIVe siècle à précipiter les prisonniers dans le vide…
Profitez du panorama à 360°, l’un des plus extraordinaires de toute la Provence. On y distingue, tour à tour, les toits de tuile du village et les milliers d’oliveraies, qui produisent une huile AOC renommée, la plaine de la Crau et la Camargue. Au loin, par temps clair, le bleu de la Méditerranée contraste avec la blancheur du calcaire.
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