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Randonnée en Ardèche : aux sources de la Loire

Par Florence Donnarel

Entre Haute-Loire et Ardèche, nous avons suivi les débuts du plus long fleuve de France qui naît au pied du mont Gerbier-de-Jonc. Une randonnée de 40 kilomètres sur le GR®3, entre gorges émaillées de vestiges défensifs, forêts de pins et sucs volcaniques hérissés sur le plateau du Mézenc.

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Les ruines du château d’Arlempdes perchées sur un rocher qui surplombe la Loire.

C’est le premier château de la Loire : la forteresse d’Arlempdes, dont les remparts couronnent un escarpement rocheux surplombant le fleuve d’une centaine de mètres. Du château du bas Moyen Âge, il reste une muraille, une tour centrale, les vestiges des corps de logis et une minuscule chapelle en pierre de lave rouge, soigneusement restaurée. Cette spectaculaire vigie des gorges rappelle que la haute vallée de la Loire, entre Languedoc et Velay, fut un axe de passage majeur. Les Romains n’y avaient-ils pas établi le camp d’Antoune, en lieu et place d’un ancien oppidum gaulois ?

Sur l’autre rive débute notre randonnée au fil du GR3. Un sentier de très grande randonnée, puisqu’il parcourt quelque 1 243 kilomètres de la source de la Loire, en Ardèche, jusqu’en Loire-Atlantique, où elle se jette dans l’océan. Nous n’en ferons qu’un tronçon, soit deux étapes et une quarantaine de kilomètres, pour remonter jusqu’au lieu de naissance du plus long fleuve de France, au mont Gerbier-de-Jonc.

Le symphonie des orgues

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Panorama sur le mont Gerbierde- jonc depuis le GR7, dont une partie suit la ligne de partage des eaux.

À la sortie du village d’Arlempdes, le sentier flirte d’emblée avec la Loire bordée de saules. Sur près de deux kilomètres, une gravière ménage un sentier buissonnier, celui des pêcheurs, auxquels s’adresse tout de suite un panneau mentionnant les limitations en vigueur : « 4 salmonidés, 4 truites, 0 ombre ! »

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Panorama sur le mont Gerbierde- jonc depuis le GR7, dont une partie suit la ligne de partage des eaux.

Le GR3 ourle des champs de terre brune fraîchement labourée avant de s’enfoncer dans un sous-bois humide, débouchant bientôt sur une petite clairière, où sont disséminées les quelques maisons du hameau de Largier. Mais la route n’est pas loin. Nous la croisons à nouveau, le temps de lire l’altitude sur une vieille borne routière : 945 mètres. Bientôt, une ouverture dans la forêt laisse entrevoir au loin le plateau du Mézenc et ses sucs volcaniques. Une topographie énigmatique, sculptée de monts arrondis surgis du fond des temps, qui composent le paysage autour du mont Gerbier-de-Jonc que nous atteindrons demain.

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Point de vue du belvédère au sud du lac d’Issarlès.

Mais pour l’heure, nous faisons halte sur une croupe rocheuse, à Lafarre, pour apprécier, à l’écart du village, le dernier point de vue panoramique sur le fleuve depuis le haut des gorges. À l’est, des orgues basaltiques et des pierriers façonnent les pentes qui descendent vers le fleuve.

À l’ouest, le sommet de la tour de Mariac émerge à travers les frondaisons. « C’est le vestige probable d’une maison forte dominant le premier “verrou” de la haute vallée de la Loire », nous explique Brice Arnaud, agent de développement du Comité départemental de randonnée pédestre qui nous accompagne. Brice est l’artisan de la revalorisation du GR3. « L’itinéraire existe depuis l’après-guerre, mais il était tombé dans l’oubli. Nous avons redéfini le tracé pour valoriser le patrimoine naturel et bâti, et recherché des hébergements respectueux de la nature et des haltes chez les petits producteurs. En outre, pour accompagner les marcheurs, nous venons de réaliser le premier topoguide sur le parcours en Haute-Loire et en Ardèche depuis le Gerbier-de-Jonc », ajoute l’expert.

Le Mézenc, balade sur le mont Chauve des Auvergnats

Nous progressons à travers bois où percent sous nos pieds de fins champignons au chapeau marron, des coprins. « C’est bon signe, ils annoncent les cèpes », lance Brice qui, en cette fin du mois de septembre, guette aussi au pied des hêtres l’éclat orange des girolles ! Bientôt le sentier nous ramène près de la Loire, que nous franchissons via le pont de la Borie, équipé d’une passe à poissons.

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Situé à 1 000 mètres d’altitude, le lac d’Issarlès est un lac de cratère naturel de 5 kilomètres de circonférence et profond de 138 mètres.

Nous nous écartons peu à peu du fleuve pour remonter vers le lac volcanique naturel d’Issarlès, perché à 1 000 mètres d’altitude. Puis, après une pause contemplative au belvédère situé au sud du lac, nous replongeons dans la forêt, avant de poser nos sacs, trois kilomètres plus au nord, à la ferme de La Louvèche. Nous sommes chez Stéphanie Coquart, jeune éleveuse de chèvre et de porc, qui produit en famille fromages bio multimédaillés et salaisons. « Je n’étais pas destinée à ce métier, mais c’est la rencontre avec Daniel, mon mari, qui m’a amenée ici », raconte cette Ardéchoise qui participe depuis dix ans à l’opération « La France de ferme en ferme » pour faire connaître les coulisses de son quotidien.

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Stéphanie Coquart, installée à Louvèche.

Nous repartons en longeant les coulées de lave sombre du suc de Cherchemuse, volcan de type strombolien encore exploité pour sa pouzzolane. Le plateau du Mézenc, océan de steppes fauves, nous tend les bras. Alors que le sentier s’extirpe de la forêt, toute l’âpre beauté d’un paysage de hautes terres se livre sans entrave au regard. Droit devant nous, le suc de Montfol (1 594 m) et sa calotte pelée nous sert de point de repère. Au loin, le Mézenc, toit de la Haute-Loire et de l’Ardèche, culminant à 1 753 mètres.

Le sentier se faufile à travers champs jusqu’à la ferme de Chazalès et son toit en tuile corail. Tout près, nous franchissons le Gage, un sous-affluent de la Loire, avant de remonter au sommet d’un vallon. Là, le Gerbier-de-Jonc, tête en forme d’ogive et manteau d’écailles de pierre, se dresse telle une sorte d’animal antédiluvien.

Des« pains de sucs » sur un haut plateau

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Les 1 594 mètres du suc de Montfol s’élèvent au-dessus du plateau du Mézenc.

Pour rejoindre l’étape finale de notre randonnée, il faut contourner le suc de Montfol, que les sorbiers des oiseleurs ont paré en cette saison d’une guirlande rouge. Le chemin nous fait entrer dans une véritable intimité avec les sucs qui nous entourent et que l’on voit désormais de près : le Sépoux, le Séponet et surtout, le suc de la Lauzière, énorme amas de phonolite, utilisé comme carrière.

Après un passage sous le couvert des arbres, le sentier débouche bientôt sur une brèche taillée dans la forêt qui mène les marcheurs au pied du Gerbier-de-Jonc. Après trente minutes d’ascension, le mont offre, du haut de ses 1 551 mètres, une sacrée vue panoramique !

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C’est ici, au pied du mont Gerbier-de-Jonc, que la Loire trouve sa source.

À la redescente, sur le flanc sud du mont, la recherche de la source de la Loire (des sources devraient-on dire !) nous conduit dans la prairie en contrebas de la route. Là, une vasque fixée contre un muret se vante d’être la source « authentique ». Plus loin, émerge la source « véritable », signalée par une pierre annonçant fièrement : « Ici com- mence ma source vers l’océan. » Enfin, la source « géographique » coule à travers un simple tuyau, dans une fontaine rurale à l’entrée d’une ferme.

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Parmi les trois sources de la Loire, la « véritable », ou « cadastrale », c’est-à-dire le point zéro de la mesure du fleuve, se trouve sous la ferme de Sagnas, à Sainte-Eulalie.

Quelle que soit la source, on pourra fêter ici la naissance du grand fleuve, en tendant sa gourde devant l’eau jaillissante, pour boire un peu de Loire.

 

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