Flâner dans la rue du Commerce
Impossible de la manquer avec ses pavés et ses 146 arcades qui protègent les boutiques, les étalages et les passants. Suivant l’axe nord-sud de la ville médiévale, la rue du Commerce a perdu ses arcades en bois du XVIe siècle, mais pas ses voûtes en calcaire du Revermont, qui datent des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est aujourd’hui l’artère la plus agréable et la plus vivante du centre-ville, avec sa double rangée de façades égayées de fleurs. La rue débouche en beauté sur la place de la Liberté, où se dresse la tour de l’Horloge, un beffroi relevé au XVIIIe siècle.
Visiter l’apothicairerie

Sous une belle galerie à arcades de l’hôtel-dieu, une lourde porte. Sitôt qu’on la pousse, une odeur d’onguent, de térébenthine et de vieux bois vous saute au nez. Bienvenue dans l’apothicairerie de Lons-le-Saunier ! Dans la salle lambrissée en chêne, sur les étagères en bois sculpté du XVIIIe siècle est rassemblée une remarquable collection de pots en faïence à grand feu de Nevers. Pas un ne manque à l’appel, une rareté ! On y trouve du « baume de La Mecque », du « soufre lavé », du colcotar et de « l’élixir de longue vie ». Sous l’œil des statues de saint Côme et saint Damien, patrons des médecins et pharmaciens, bien à leur place dans leur alcôve, les sœurs de l’ordre de Sainte-Marthe maniaient le mortier et le clystère. Peut-être consultaient-elles le superbe herbier de la fin du XVIIIe siècle, conservé ici. Avant de partir, jetez un œil à la chapelle voisine pour sa coupole sur trompes. On y célébrait des messes pour les malades. Visite sur rendez-vous à l’office de tourisme.
Le théâtre du centre-ville

Jean-Claude Brialy, Marie Trintignant, Michel Petrucciani, Jean-Pierre Marielle ont eu les honneurs de ce ravissant théâtre à l’italienne, reconstruit en 1903 après un incendie. En 1997, ses restaurateurs ont eu le bon goût de conserver la salle, les galeries et le péristyle dans le respect du style d’origine. Les fauteuils et les murs arborent une belle couleur corail sous les stucs qui ornent les balcons ouvragés. Au paradis, on touche presque la fresque de la coupole, encadrée des masques de la comédie. Un écrin ravissant pour les 627 spectateurs qui peuvent y être accueillis. À l’entracte, ces derniers peuvent siroter un verre sous le superbe lustre du foyer, d’où l’on domine la place de la Liberté et le centre-ville. Et pour discuter de la pièce ou du concert jusqu’à plus d’heure, ils ont le choix entre les deux grands cafés à l’ancienne, de part et d’autre du théâtre.
Les thermes Lédonia

Comme son nom l’indique, Lons-le-Saunier est une ville de sel. Dès le néolithique, on exploita la source du « Puits- Salé », principale source saline de Lons, toujours visible à la fontaine située dans l’actuelle rue du Puits-Salé. Les Séquanes puis les Gallo-Romains développèrent l’exploitation et le commerce du sel tant et si bien que, au Moyen Âge, « l’or blanc » était la plus importante richesse du Jura et de la Franche-Comté. À la Belle Époque, le thermalisme remit les sources d’eau salée au goût du jour. Aujourd’hui, les thermes Lédonia, au centre d’un beau parc arboré, soignent toujours une clientèle atteinte d’arthrose, de rhumatismes, de psoriasis ou de troubles de la croissance. Les Romains ne le savaient pas, mais les eaux thermales de la source Lédonia sont riches en oligo-éléments, donc efficaces dans le renforcement des os. Bonne nouvelle, les thermes de Lons-le-Saunier ont récemment fait peau neuve, pour plus de confort et de modernité.
Le centre culturel communautaire des Cordeliers

C’est l’un des lieux incontournables des Rendez-Vous de l’Aventure, festival lancé en 2016 par Marion et Virgile Charlot. Son élégante façade contemporaine, mur concave percé de nids-d’abeilles, abrite une médiathèque et deux salles de cinéma. Durant quatre jours en mars, on y projette la crème du documentaire d’exploration en y associant des rencontres littéraires. « Pourquoi Lons? Parce que c’est aux portes des montagnes du Jura, qui sont un territoire d’aventure : une nature et une faune sauvages, de la montagne, du froid. Il y a quelque chose du Grand Nord canadien, ici », assure Virgile. Et comme tout festival, les Rendez-Vous ont leur version off : de nombreuses activités culturelles sont organisées en amont, dans les villages et foyers ruraux autour de Lons. rdv-aventure.fr
Tourisme au musée des Beaux-Arts

En attendant de rejoindre l’hôtel-dieu, le musée continue de présenter sa riche collection de sculptures. Parmi les plâtres du XIXe siècle, on remarque Le Désespéré et L’Enfance de Bacchus, des œuvres de Jean-Joseph Perraud, Grand Prix de Rome en 1847, qui participa à la décoration de la façade de l’Opéra de Paris. Le fonds de peinture n’est pas à bouder : on y trouve quelques pépites, comme ces épisodes bibliques que Brueghel le Jeune situait dans la province du Brabant, ou, dans un autre style, Le Chasseur allemand, de Gustave Courbet. Le musée accueille l’exposition événement Néolithique, consacrée notamment aux villages palafittiques de Chalain et de Clairvaux (classés à l’Unesco).
La maison de Rouget De Lisle

Au 24 rue du Commerce naquit, le 10 mai 1760, l’auteur de La Marseillaise. À 32 ans, alors qu’il est en garnison à Strasbourg lors de la déclaration de la guerre à l’Autriche, Claude Joseph Rouget de Lisle compose le Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Succès immédiat ! Le bataillon des fédérés de Marseille le chantera à tue-tête en entrant dans Paris, le 30 juillet 1792. Les Parisiens baptiseront l’hymne: « la Marseillaise »... qui deviendra définitivement l’hymne national de la France en 1879. Rouget de Lisle, lui, finira dans la pauvreté après avoir échoué toute sa vie à percer dans les arts. Depuis 2011, cet espace muséographique bénéficie du label « maison des illustres ».
La maison de la Vache qui rit, emblème du Jura

Il y a cent ans exactement, en 1921, Léon Bel lançait la production de la désormais célèbre Vache qui rit. Rue Richebourg, à 1 kilomètre de l’actuelle usine de production, sur le site même où est née la marque, un musée moderne et didactique retrace l’histoire de la drôle de vache rouge hilare, dessinée par Benjamin Rabier. On y apprend notamment que la technique du fromage fondu vient de Suisse et que 2000 portions de Vache qui rit sont fabriquées dans le monde toutes les dix secondes. Si la vache jurassienne est mondialement connue (elle est vendue dans environ 130 pays), c’est grâce à un marketing malin et efficace, très en avance sur son temps : posters, présentoirs, plaques émaillées, buvards, spots télévisés... Le musée permet de mieux comprendre le succès de la marque, et même de connaître sa recette. lamaisondelavachequirit.com
L’église Saint-Désiré

Sa façade peut paraître banale, mais nous voici devant un fleuron de l’art roman du XIe siècle. Mieux que ça, même ! On entre ici dans un très vieux sanctuaire. Pensez : l’église abrite le sarcophage de saint Désiré, évêque de Besançon qui passa de vie à trépas à Lons-le-Saunier vers 415. Ici se trouvait l’une des premières communautés chrétiennes de l’est de la France... Le sarcophage du saint homme est visible dans la belle crypte préromane. La douceur des lignes des colonnes et l’arrondi des chapiteaux (des remplois mérovingiens), qu’on croirait passés à la chaux, confèrent au lieu une profonde atmosphère de paix.
La villa Bernard
Du Jura à la banquise... C’est à Lons-le-Saunier que le tout jeune Paul-Émile Victor (1907-1995) a entendu l’appel des pôles pour la première fois. Son père dirigeait la fabrique de pipes et de stylos de la ville. Sous la mansarde de la maison familiale, à quelques centaines de mètres de la gare, le futur explorateur polaire rêve déjà à ses futurs voyages : la Polynésie (Bora Bora), l’Arctique... Son antre est tapissé de cartes punaisées aux murs. Pour s’aguerrir, l’enfant grimpe sans relâche la côte jusqu’au village voisin de Montaigu, le sac rempli de cailloux. L’aventure commence au fond du jardin « enchevêtré de ronces, de buissons sauvages, d’orties dans les coins, de mauvaises herbes », comme il l’écrira dans son livre de souvenirs, La Mansarde. La grande demeure bourgeoise (« un monument de mauvais goût prétentieux », jugera-t-il plus tard) est toujours visible depuis la rue Charles-Nodier. Le festival Les Rendez-Vous de l’Aventure rend hommage à Paul-Émile Victor en faisant vivre son legs le plus précieux : l’indéfectible esprit d’aventure.