10 balades inédites dans les Yvelines
Apprécié par les rois de France depuis Saint-Louis, l’ouest parisien a été façonné par les relais de chasse puis les châteaux qu’ils y ont construit. Entre le bleu de la Seine et le vert des forêts (68 000 hectares), le département des Yvelines (78) apporte sa bucolique touche en Ile-de-France. Alors où se promener dans le 78 ? Il recèle d’inédites pépites que nous vous proposons de découvrir.
Le théâtre privé de Marie-Antoinette (domaine de Trianon, Versailles)
À Versailles, à 150 mètres du Petit Trianon, se trouve un bâtiment gris que l’on prendrait presque pour une dépendance si deux colonnes ioniques portant un fronton triangulaire n’attiraient l’œil. Derrière cette austère façade se cache le Théâtre construit par Richard Mique entre 1778 et 1780 pour la reine Marie-Antoinette qui aimait y chanter et jouer la comédie. L’exceptionnelle et fonctionnelle machinerie se met au service de l’esthétisme lors de (rares) visites guidées. Les décors XIXeme s’effacent sous le sol ou glissent sur des rails. Ce sont eux qui orchestrent les perspectives de la scène et lui donnent vie.
Les toits du château de Saint-Germain-en-Laye
Effet waouh assuré en haut du château de Saint-Germain-en-Laye, lorsque la lourde porte qui donne accès aux toits s’ouvre. La vision à 360° offre un regard inédit sur la ville natale de Louis XIV, l’église, le théâtre, sur les jardins à la française et les jets du grand bassin inauguré début juin 2023. La Seine se dévoile et l’on songe à Henri IV qui aimait s’y baigner. Le regard s’envole vers les 2000 mètres de la Grande Terrasse créée par André Le Nôtre pour les promenades de la cour et du Roi Soleil. Les immeubles vitrés du quartier d’affaires de la Défense s’illuminent sous le soleil et la Tour Eiffel pointe fièrement sa flèche. Attention, les enfants de moins de 12 ans ne sont pas admis.
Et au milieu coulent de petites rivières (Le Vésinet)
Dès 1857-1858, en dessinant l’écrin du Vésinet, la seule ville-parc de France, l’architecte agreste le comte de Choulot avait imaginé un dédale de rivières artificielles agrémentées de petits lacs, de cascades et d’ilots. Sur ces berges-promenades ombragées, sont disposés de multiples panneaux pédagogiques sur la biodiversité. Guettez les couples de hérons cendrés, familiers des lieux. L’occasion de découvrir aussi de très belles villas, dont celle de Joséphine Becker (52 av Georges Clemenceau) avant qu’elle ne parte s’installer en Dordogne dans les Milandes.
Le Fort du Trou d’enfer (Marly-le-Roi)
Au cœur de la forêt de Marly, nichent à l’abri des regards deux monuments historiques : le pivot en pierre de l'ancien pont tournant qui bordait le parc du château de Marly, demeure festive et privée construit par Louis XIV mais aussi la tour du télégraphe aérien de Chappe. Propriété de l’Office national de forêts (ONF), existe également un fort d’artillerie du système Séré de Rivières. Construit après la guerre franco-prussienne de 1870, il offrait des postes d’observation sur les dernières boucles de la Seine avant Paris et sur la plaine de Versailles. Il se visite en de rares occasions.
L’aqueduc de Louveciennes
Louis XIV a profondément transformé le paysage de l’ancienne forêt d’Iveline comme elle s’appelait alors. Pour alimenter en eau les bassins des jardins des châteaux qu’il construisait (Versailles, Marly), il avait mis au défi les ingénieurs hydrauliques de l’époque. Comment faire « monter » les eaux de la Seine depuis Bougival sur le plateau de Versailles ? En construisant une gigantesque machine, un aqueduc et des galeries souterraines. Majestueux, avec ses 640 mètres de long et ses 36 arches, l’aqueduc de pierres est intact. Une belle occasion de découvrir ensuite le parc de Marly ou Louveciennes, village peint par Sisley, Renoir, Monet...
Inspirations anglo-chinoises au Désert de Retz, (Chambourcy)
Que reste-t-il des « fabriques », ces bâtiments à vocation ornementale qui ornaient le parc de 38 hectares de la maison de François de Montville à partir de 1785 ? L‘idée était alors de ponctuer la promenade de points de vue successifs et d’inciter à la réflexion spirituelle et solitaire (d’où le nom Désert) sur le monde. Déambulez dans le domaine du Désert de Retz de 17 hectares à la recherche de la Glacière pyramide, du Temple au dieu Pan, du Théâtre découvert, de l’étonnante Colonne détruite (déstructurée) et des serres. La Tente tartare a été reconstruite grâce à un mécénat privé.
Le Parc du peuple de l’herbe (Carrières-sous-Poissy)
Une belle idée de promenade familiale, avec l’application « Balade Branchée » de l’ONF permet d’amuser les enfants tout en les éduquant. Ce parc accessible à tous, à pied ou à vélo, permet de découvrir et d’apprécier les divers habitats naturels des bords de Seine. Les zones humides y sont valorisées et les berges sont devenues des refuges pour les poissons qui s’y reproduisent au calme. À visiter également, la Maison des Insectes qui accueille une très jolie serre à papillons.
Intriguant musée du jouet à Poissy
Quels jeux étaient en vogue à l’Antiquité ? Au Moyen-âge ? À la Révolution ? Dans les milieux ouvriers ou dans l’aristocratie ? Au sein du Prieuré royal Saint-Louis, ce musée nous fait naviguer à travers les siècles tout en abordant la sociologie des époques. On ne se lasse pas d’admirer les hochets en terre cuite découverts au Proche-Orient comme en Europe et datant de plusieurs siècles avant J.-C. Les collections montrent aussi parfaitement les distinctions qui existaient entre garçons et filles.
La chaumière aux coquillages, parc du château de Rambouillet
Un toit en chaume, des fémurs de bœuf plantés dans les murs pour drainer l’humidité. Rien ne laisse présager ce que recèle l’intérieur de cette fabrique d’aspect rustique. Le salon circulaire est tout simplement saisissant de finesse et de beauté. Il est entièrement tapissé de nacres, coquillages, coquilles Saint-Jacques, moules d’eau douce, ormeaux… tissés entre eux pour donner naissance à un décor imitant des pilastres à chapiteaux ioniques. Une petite pièce servait de garde-robe et de cabinet de toilette à la Princesse de Lamballe. Veuve à 18 ans, son beau-père le duc de Penthièvre (branche légitimée de Louis XIV) lui aurait fait construire cette chaumière pour la rasséréner.
Cerfs, daims et sangliers à l’Espace Rambouillet
Approcher des daims et des biches, apercevoir un chevreuil ou même un cerf, voir voler des aigles dans un environnement protégé, c’est possible. L’Espace Rambouillet est un parc forestier clos de 250 hectares, où les animaux vivent en toute tranquillité. Des chemins et des postes d’observation ont été aménagés pour augmenter les chances de rencontres. De début septembre à début octobre, les mâles en rut paradent en entonnant des cris gutturaux. Des sorties guidées « brame du cerf » sont organisées en soirée pour les écouter.