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L'Aigoual, un phare dans les Cévennes

Par Florence Donnarel

Des forêts de châtaigniers aux landes à genêts, des cascades de schiste aux pins à crochets courbés par le vent, l’Aigoual n’en finit pas d’émerveiller le voyageur qui l’entreprend par le sentier des 4 000 Marches. Une randonnée sportive, à la frontière du Gard et de la Lozère, dans cette montagne mère de l’Hérault et sa vallée, muse des écrivains occitans.

Dans les pas du facteur

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Valleraugue, dans les Cévennes

Le sentier des 4 000 Marches grimpe rageusement depuis le village de Valleraugue, au fond de la vallée encaissée de l’Hérault. Mille deux cents mètres de dénivelé, sept heures de montée : une randonnée sportive mais une approche de cette montagne bien plus riche que le simple accès en voiture. « Ces 4 000 marches feraient référence au nombre de pas que devait autrefois effectuer le facteur pour livrer le courrier à l’observatoire, au sommet », nous éclaire Jérôme Molto, technicien Connaissance et Veille du territoire du massif de l’Aigoual, et employé du Parc national des Cévennes. La randonnée débute à l’ombre d’une forêt de châtaigniers aux notes d’humus. « L’arbre à pain, qui a joué un rôle vital dans l’alimentation des Cévenols, pousse jusqu’à près de 900 m », précise le guide naturaliste.

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Randonnée sur le Mont Aigoual, dans les Cévennes

Bientôt, le sentier s’échappe du sous-bois comme s’il était assoiffé de lumière. Il se fraye un passage dans le schiste pailleté sur une crête pentue, criblée des taches rose de la bruyère callune. Notre regard hésite entre les rochers où mettre les pieds et la contemplation du paysage déployé dans le vallat, la petite vallée en contrebas. Quelques hameaux isolés et des terrasses de pierre dégringolent sur le flanc de la montagne comme, en Asie, les rizières en gradins. « La culture de l’oignon doux des Cévennes a remplacé celle des céréales dans ces champs traversiers », nous apprend encore Jérôme Molto.

Reboisement et réintroduction animale

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Paysage du Mont Aigoual, dans les Cévennes

Plus haut, ce sont les pins sylvestres qui ombragent à présent notre itiné­raire. Au tournant du XXe siècle, le massif de l’Aigoual a fait l’objet d’un ambitieux plan de reboisement. « La forêt était exploitée par les hommes pour le chauffage, le surpâturage ou les acti- vités comme la verrerie ou la forge. Les pluies et l’érosion menaçaient la survie des vallées environnantes », explique Jérôme Molto. Le programme a fait sortir de terre des arbres sur près de 16 000 ha, ainsi qu’une dizaine d’arboretums. Un patchwork de bosquets bien visible depuis la lande pommelée de genêts, sur laquelle s’ouvre le sentier. Nous l’admirons, le temps d’une étape contemplative face à l’arête rocheuse du cap de Brion.

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Bouc en liberté sur le Mont Aigoual

Changement de décor un peu plus loin, sur le replat de l’Estivel, à 950m. On chemine sur un sentier suspendu entre blocs et murailles de schiste. « C’est l’étage des mouflons. Ils ont été réintroduits sur l’Aigoual dans les années 1950. Leur population compte aujourd’hui environ 200 spécimens », détaille notre accompagnateur.

Chouettes, pics noirs, aigles et vautours


Ce jour-­là, nous n’avons pas la chance de croiser le bel ongulé aux cornes recourbées mais le tambourinement du pic noir dans les arbres nous signale la présence de l’avifaune. « La chouette de Tengmalm est apparue dans le sillage des pics noirs: elle s’installe dans les loges des arbres qu’ils abandonnent. Le rapace est désormais emblématique de l’Aigoual. On y a dénombré 35 couples reproduc- teurs», explicite Jérôme Molto. Des aigles royaux et des vautours fendent aussi l’air sur la montagne.

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Paysage du Mont Aigoual, dans les Cévennes

Le sentier rocheux s’évanouit parmi les hêtres, où l’air se charge de fraîcheur. Puis c’est la dernière montée en forêt vers le site de Font de Trépaloup, marqué par un menhir (probablement déplacé de son site originel). Sur ce plateau sommital, nous est révélée la topographie de l’Aigoual : une arête avec trois pics d’est en ouest, sur laquelle passe la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique. Nous visons le plus haut : le signal de l’Hort de Dieu, à 1567m, auquel s’arrime l’observatoire météorologique. Des pins à crochets s’inclinent sur l’ultime partie du sentier à travers des pâturages à brebis. Près de 11 000 ovins prennent leurs quartiers d’été sur l’Aigoual. 

Paysages contrastés

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L'observatoire météorologique du Mont Aigoual

La tour crénelée de la station météo­rologique apparaît bientôt. Une forteresse de granit édifiée à la fin du XIXe siècle, qui cohabite aujourd’hui avec d’interminables pylônes bardés d’antennes. Les contrastes marquent également le paysage : au sud, des pentes très abruptes plongeant dans la vallée de l’Hérault ; au nord, le plateau steppique du causse Méjean, ses falaises dolomitiques et la barre souveraine du mont Lozère. Plus loin, visibles par beau temps : le mont Blanc, le mont Ventoux, le pic Saint-Loup, le pic du Midi... tous indiqués sur la table d’orientation en haut de la Tourette de Cassini.

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L'observatoire météorologique du Mont Aigoual

Première barrière rocheuse rencontrée par les vents chauds et humides venus de la Méditerranée, l’Aigoual est le théâtre de pluies diluviennes, de vents violents, de tempêtes de neige et de brumes épaisses. Chantal Vimpère, chef du centre météo qui habite l’observatoire par intermittence, avec un membre de son équipe, ne s’en lasse pas : « Quand l’Aigoual a les pieds dans la mer de nuages, nous sommes comme des gardiens d’un phare ! ».