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Randonnée dans le cirque d'Estaubé

Le gave d'Estaubé du pla d'Ailhet dans les Hautes-Pyrénées. Le gave d'Estaubé du pla d'Ailhet dans les Hautes-Pyrénées. - © Philippe Roy / Détours en France

Publié le par Philippe Bourget

Niché entre ceux de Gavarnie et de Troumouse, c’est le plus intime des trois amphithéâtres pyrénéens. En lisière du Parc national, il demeure une terre d’élevage où une vingtaine de producteurs envoient, l’été, jusqu’à 1 200 ovins et 400 bovins. Une balade familiale tranquille et vivifiante entre pâturages, gave et cascades.

Puisque Gavarnie et Troumouse se vendent très bien seuls, c'est parti pour une randonnée à Estaubé, le plus « local » des trois cirques haut-pyrénéens. Local, car à l’inverse des autres, l’estive d’Estaubé est restée très agricole. Chaque été, des éleveurs du pays Toy y montent leurs troupeaux de brebis et de vaches. La tradition ne date pas d’hier : il y a 600 ans, des accords entre bergers français et espagnols géraient la transhumance et le partage des pâturages. Une « vallée suspendue » qui fut aussi un axe d’échanges entre la France et l’Espagne. Elle est inscrite à ce titre, comme Gavarnie et Troumouse, sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1997 (appellation Pyrénées-Mont Perdu).

Troupeau de vaches à l'estive au gave d'Estaubé dans les Hautes-Pyrénées.
© Philippe Roy / Détours en France

Le cirque d'Estaubé

Longeant le lac de barrage des Gloriettes, le chemin de randonnée conduit au cirque d'Estaubé.
© Philippe Roy / Détours en France

La randonnée ne présente pas de piège. Depuis le lac des Gloriettes, il suffit de remonter le gave d’Estaubé jusqu’à sa source. Ou du moins jusqu’à sa cascade, qui se jette depuis les blocs rocheux au plus profond du cirque. En marchant dans le vallon, les premiers signes animaliers s’annoncent. Des hirondelles fendent l’air à hauteur du barrage. Les sonnailles d’ovins tintent sur les premiers versants. Les marmottes sifflent comme des bouilloires, signalant l’homo touristicus. Un rapace plane devant la paroi rocheuse. Au passage d’un verrou rocheux, l’estive apparaît dans sa plénitude, cernée de hauts versants aux parois grises. Ses 2436 hectares sont partagés entre les communes du canton et gérés par une Commission syndicale, qui fixe les règles et « engage les travaux (cabanes d’estive, clôtures...). Une vingtaine d’éleveurs confient leurs troupeaux à des bergers. L’herbe d’altitude, parsemée en ce début septembre de colchiques violets, n’est pas pour rien dans la qualité de la viande ovine de race barégeoise. Elle bénéficie d’une AOC depuis 2003 et d’une AOP depuis 2008, sous le nom « Barèges-Gavarnie ». L’eau claire et parfois torrentielle du gave d’Estaubé conduit jusqu’au pied du cirque. La ligne de crête s’établit en moyenne à 2800 mètres d’altitude, dominée à droite par le Grand Astazou (3071 m). Formidable barrière naturelle, piquée de deux à trois névés ! 

La cascade du pla d'Ailhet

La cascade du pla d'Ailhet, naissance du gave d'Estaube dans les Hautes-Pyrénées.
© Philippe Roy / Détours en France

Un palier plus haut et nous voilà au pla d’Ailhet, haute pâture à l’allure de steppe d’Asie centrale. Des vaches placides y paissent, dans leur belle robe beige clair. La cascade ne tarde pas à apparaître, jaillissant d’une fêlure rocheuse et glissant jusqu’à une vasque. Nous n’irons pas plus loin, les très hauts versants étant réservés aux randonneurs visant les parages du mont Perdu, via le refuge des Espuguettes. Reste à redescendre le sentier de la randonnée en profitant de la plénitude de ce terroir pastoral, vivant et protégé qu'est le cirque d'Estaubé.

 

Fiche pratique

Durée: env. 4h30 A/R au départ du barrage des Gloriettes (parking), à Gavarnie-Gèdre.

Carte : IGN 1/25 000, « Gavarnie/Luz-Saint-Sauveur/ PNR des Pyrénées », 1748OT.

Balisage : jaune

Difficulté : facile

Dénivelé positif : 230 m

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