Nous avions de Tarbes une idée peu flatteuse, influencée par son image militaire au patrimoine sévère. Il est vrai que la Préfecture des Hautes-Pyrénées déploie une architecture plutôt massive, mélange de bâtisses religieuses et soldatesques des XVIIIe et XIXe siècles. Mais elle vit depuis quelques années un lifting régénérant. La preuve avec le quartier de l’Arsenal. Celui qui fut longtemps le poumon économique de la ville, avec la fabrication d’armes puis des tourelles du char Leclerc, est en pleine réhabilitation. S’y trouvent déjà des bars et des restaurants, un cinéma multiplexe, le bâtiment des associations de la ville, celui des Archives municipales, l’Usine des sports (murs d’escalade, piste d’athlétisme...) inaugurée fin 2021, et une médiathèque.
Encore deux régiments militaires

Quelques coups de pédale – à vélo électrique ! – suffisent à rejoindre le centre-ville. Voici la place de Verdun, nœud gordien de Tarbes. Elle a été reliftée dès 1993 autour d’une grande fontaine à jets d’eau. Un coup de braquet plus tard et l’on tombe sur la maison natale du maréchal Foch. Le militaire vécut enfant dans cette belle demeure bigourdane, aux typiques fenêtres encadrées de pierre et balustres en bois. À deux pas se trouve la cathédrale Notre-Dame-de-la-Sède. L’œil curieux s’étonnera du mélange des styles. Absides et portail roman, nef gothique et façade classique se succèdent sans transition. On reprend le guidon pour visiter le haras de Tarbes (chemin de Mauhourat), établi depuis 1806. Et on file devant le 1er régiment des hussards parachutistes (RHP), rue de Cronstadt, doublant au passage la statue équestre du maréchal Foch. C’est l’un des deux derniers à subsister en ville, avec le 35e régiment d’artillerie parachutiste.
Ambiance Sud-Ouest sous la halle Marcadieu

Quand on sait que Tarbes en accueillit jusqu’à dix, il n’est pas étonnant de voir des bâtiments militaires réaffectés. Résultat, ils participent au renouveau de la ville : l’hôtel du Pradeau (rue Gaston-Manent) abrite ainsi des services du département ; l’ex-caserne, rue Massey, est devenue gendarmerie... Le patrimoine religieux vit la même rupture : la chapelle de l’ancien couvent des Carmélites accueille des expositions d’art ; le couvent des Ursulines, des logements sociaux ; la chapelle des Pères, le conservatoire Henri-Duparc... Il est temps de pister le Tarbes du terroir, celui du porc noir de Bigorre et du gâteau à la broche. Vélo déposé à l’extérieur, direction le marché Brauhauban (moderne) et la halle Marcadieu (on a un faible pour celle-ci). Les jours de marché sous la voûte de type Baltard, le jeudi matin, jusqu’à 500 producteurs s’y retrouvent, dans une ambiance très sud-ouest. Pour digérer avant de prendre le chemin de Lourdes, rien de tel que le jardin Massey. C’est le plus bel attrait de la ville. Sur 11 hectares, ce Jardin remarquable avec orangerie déploie des essences multiples, magnolias, chênes rouges d’Amérique, thuyas, hêtres... Un havre de nature et un refuge anti-chaleur en été.
Le Chemin vert jusqu’à Lourdes

Il est temps de filer vers la cité mariale. La liaison se nomme le Chemin vert mais on peine à trouver son entrée. Il faut viser la passerelle qui enjambe la rocade sud-ouest de Tarbes. Le chemin de Lasgraves, c’est son nom, se glisse entre les enseignes Purple et BigMat, franchit la voie rapide et rejoint le départ du parcours. C’est parti pour 18,5 km de flânerie. Du moins, c’est ce qu’on croit ! Car si le balisage est logique les premiers kilomètres (marque jaune), il se noie ensuite dans le décor et fait perdre le fil. Itinéraire à recadrer ! Qu’à cela ne tienne. Le VTT électrique Néomouv du loueur est une bête de terrain et la carte IGN sauvera tous les cyclistes d’un avis de disparition. Passage à Jullian où la vie s’écoule tranquillement le long de la Geune. Plus loin, sur terrain plat, on traverse d’autres bourgs sans histoires, Louey, Bénac, Barry... entre champs de maïs et maisons à galets roulés. C’est le val de l’Échez, petite rivière qui coule du nord au sud, affluente de l’Adour.
« Col » d’Averan, bourg rural aux odeurs d’étables

À l’heure où le balisage du chemin vert s’estompe, les paysages de montagne débutent. L’assistance électrique du VTT s’avère d’autant plus utile (quelle aide formidable!) qu’un orage éclate accompagné de trombes d’eau. Avec le photographe, nous rejouons la passe d’armes Merckx-Ocaña de 1971 dans le « col » d’Averan, microbourg rural aux odeurs d’étable. Nous voici dans une zone pastorale, signe d’arrivée au sommet. Sous le déluge, il reste à dévaler vers Lourdes par le hameau Les Granges, avant de rejoindre la N21 en amont de la cité des sanctuaires. La batterie a tenu le choc – son autonomie est grande –, les coureurs aussi, en dépit des errements. Il reste à se sécher et à pèleriner dans les rues de Lourdes.
Lourdes, la piété, l’humanité

On l’avoue : notre appétit pour les boutiques de bondieuseries est mince. D’autant que la plupart de celles qui jalonnent la rue et le boulevard de la Grotte semblent n’avoir jamais été rénovées depuis les années 1950. Manne facile… Le respect est grand, en revanche, pour tous ces croyants venus du monde entier se recueillir et prier dans les basiliques de la ville (Immaculée-Conception, Notre- Dame-du-Rosaire, Saint-Pie-X dite souterraine). Quelle piété ! Quelle humanité ! On garde en mémoire ces messes nocturnes à la grotte, où même la fatigue ne parvient pas à étreindre la foi. La crise sanitaire a lourdement impacté la fréquentation de la ville en 2020 et 2021. Mais le « miracle » de Lourdes et de Bernadette Soubirous reste entier. La ville promet aussi des échappées plus « nature ». On visitera le château, bien sûr, imposante forteresse médiévale dominant la cité. On grimpera en téléphérique au pic du Jer, splendide belvédère. Et pour rester dans l’esprit tonique du sujet, on ira s’aérer, à vélo, sur les bords du lac de Lourdes. Un écrin de quiétude bienvenu pour récupérer de la balade de Tarbes à Lourdes.
