Détours en France : Rêver et visiter, apprendre et voyager, se divertir et voir la France autrement

Notre vision du week-end parfait à Aix-en-Provence

La fontaine du roi René sur le Cour Mirabeau à Aix-en-Provence. © Manuel Cohen / Détours en France

Publié le par Vincent Noyoux

Vous vous demandez où se balader à Aix-en-Provence ? Sûre de son élégance, amatrice d’art, Aix-en-Provence cultive une dolce vita chic et raffinée. Une bonne raison de lui consacrer au moins deux jours, sur les pas de l’incontournable Cézanne. 

Jour 1

9h Le marché de la place Richelme

Marché quotidien sur la Place Richelme à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
© Manuel Cohen / Détours en France

Tous les matins, un charmant petit marché se tient sous les hauts platanes de la place Richelme. Dans un décor théâtral de façades jaunes ou abricot, les maraîchers se mêlent aux producteurs de miel de garrigue, de lavande et d’ail violet de Provence. Pour profiter de l’animation, on s’attable en terrasse devant un café ou une douceur sucrée de l’impeccable pâtisserie Weibel. Les mardis, jeudis et samedis en matinée, ne manquez pas aussi le marché de la place des Prêcheurs. Nougats, fraises de Carpentras, brousses d’Ensuès et paniers en osier garnissent les étals devant les élégants hôtels particuliers et l’obélisque de la fontaine. Les mêmes jours, on trouvera du linge de maison, des poteries et des objets de décoration provençale sur le cours Mirabeau et la rue Thiers.

 

10h30 Visite du musée Granet

Salle présentant des peintures du XIXe siècle au Musée Granet à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
© Manuel Cohen / Détours en France

Il existe deux musées Granet, alors visitons les deux ! Le musée Granet « historique » présente de riches collections de peintures et de sculptures, de l’Antiquité à l’art moderne. Les chefs-d’œuvre les plus remarquables viennent de la donation Meyer : Cézanne, Corot, Giacometti, Balthus, de Staël... En 2023, l’expo David Hockney a fait sensation ; celle consacrée à Cézanne, en 2025, devrait faire encore mieux ! À deux pas de là, l’ancienne chapelle des Pénitents-Blancs offre ses belles voûtes au musée « Granet XXe ». Un écrin pour les 120 œuvres du fonds Jean Planque, collectionneur d’art suisse. Ici, Renoir côtoie Van Gogh, Monet voisine avec Bonnard, et la Femme au chapeau dans un fauteuil (1939), de Picasso, cause avec le Portrait d’une Tahitienne (vers 1891), de Gauguin. Les cubistes sont bien représentés, tandis que, à l’étage, Dubuffet se surpasse dans son style vigoureux.

 

14h Le centre d’art Caumont

Situé dans le quartier Mazarin, l’hôtel de Réauville, dit « de Caumont », est un édifice classé parmi les plus beaux d'Aix-en-Provence.
© Manuel Cohen / Détours en France

À deux pas du cours Mirabeau, cet hôtel particulier, l’un des plus beaux d’Aix, est un bijou de l’architecture française du XVIIIe siècle, pas moins ! Derrière le porche, la façade classique en impose. Le superbe escalier aux ferronneries en volutes conduit aux salles d’exposition. Chaque année, deux grandes expositions temporaires sont entièrement consacrées aux grands noms de l’histoire de l’art. Mais l’hôtel de Caumont se visite également pour trois merveilles : le salon de musique, tout en gypseries et boiseries rehaussées à l’or fin ; la chambre de Pauline de Caumont, délicieux boudoir Louis XV ; et le jardin à la française. Parmi les broderies de buis, au bord de la fontaine des Trois-Tritons, on repense à l’exposition. Tout ici est calme, reposant et raffiné.

 

15h30 À l’hôtel Gallifet

Dans le jardin de l'hôtel Gallihet, une sculpture de l’artiste Diadji Diop.
© Manuel Cohen / Détours en France

Qui a dit qu’Aix était conservatrice ? Nicolas Mazet a transformé l’hôtel particulier de famille en un audacieux centre d’art contemporain. À raison de quatre expositions par an, on y découvre les productions issues des scènes émergentes, d’artistes locaux et d’artisans d’art. Une façon de faire dialoguer l’esthétique d’hier et celle d’aujourd’hui. Sous les belles moulures dorées et les pilastres, on a pu admirer les œuvres de Martin Parr & The Anonymous Project. Une sculpture in situ de l’artiste Diadji Diop trône dans le jardin, face au collège Mignet où Cézanne et Zola ont usé leurs fonds de culotte. Pour prolonger le plaisir, on savoure les petits plats du restaurant sous les marronniers de la cour (cuisine en circuit court estampillée « fooding »).

 

16h30 Goûter aixois

Une boîte de Calissons d'Aix, un bonbon traditionnel à base de pâte d'amande et de melon confit, vendus au Roy René à Aix-en-Provence.
© Manuel Cohen / Détours en France

Ici, les becs sucrés ont de quoi s’occuper. Dans le registre local, impossible de manquer les calissons. Dix-huit maisons fabriquent ce losange jaune et blanc qui mêle amandes, melon confit et sucre. On raconte que le « petit calice » est né en 1454 lorsque le roi René en offrit à sa reine Jeanne. Raison de plus pour goûter les calissons du Roy René, rue Saporta. La friandise y est déclinée au citron, à la lavande, à la figue... Dans la même rue, les Madeleines de Christophe remportent un franc succès. Mais notre coup de cœur va aux Navettes aixoises (rue Victor-Leydet), une jeune boutique tenue avec le sourire par Laetitia et sa famille. On y apprend que la navette symbolise la barque qui amena les saintes Marie sur les côtes de Provence. On y déguste surtout ces délicieux biscuits à la fleur d’oranger, fabriqués sur place de façon artisanale.

 

18h Le centre-ville hors des sentiers battus

Le Cours Mirabeau, une rue de 440 m de long construite en 1649 à Aix-en-Provence.
© Manuel Cohen / Détours en France

Saviez-vous que le cours Mirabeau a été tracé au XVIIe siècle pour que les dames de la bourgeoisie puissent voir et être vues ? Que la ville aux 1 000 fontaines n’en compte que 107 ? Que les gypseries de la maison Rimbaud (10, rue des Marseillais) servaient de vitrine à son propriétaire, gypsier de son état ? Le guide Frédéric Paul fourmille d’anecdotes historiques amusantes et intéressantes sur Aix-en-Provence, son histoire et son patrimoine. Plaque de rue, détail de porte, dalle d’église, pierre anormalement usée... Pas un centimètre carré n’échappe à son insatiable curiosité. Ses visites guidées surprendront même ceux qui pensent déjà connaître la ville.

 

Soirée Le cours Mirabeau et le quartier Mazarin

La terrasse du Grillon sur le cour Mirabeau à Aix-en-Provence
© Manuel Cohen / Détours en France

À la tombée du jour, le cours Mirabeau prend des airs de paseo espagnol. Pour observer l’animation sous les platanes, on s’attable à la terrasse du café Le Grillon, une institution aixoise, en sirotant une mauresque (pastis à l’orgeat). Puis cap sur le quartier Mazarin, de l’autre côté du cours, pour un dîner à la Maison Française.

 

Jour 2

9h30 Dans l’atelier de Cézanne

L'atelier de Cézanne, utilisé de 1902 jusqu'à sa mort, aujourd'hui musée à Aix-en-Provence.
© Manuel Cohen / Détours en France

Prendre le bus 12 et descendre sur la colline des Lauves où Paul Cézanne fit construire son atelier en 1901, après la vente de la bastide familiale du Jas de Bouffan. C’est ici, au cœur de cette petite pinède, que Cézanne a jeté les bases du cubisme et de l’art moderne. L’unique salle de son atelier semble ne pas avoir bougé : le pot à olives, le compotier, les chevalets, le tabouret, la blouse de travail et la palette... Tout est d’origine, à part les pommes disposées sur la table en bois, à la façon d’une nature morte. L’artiste avait pris soin de faire poser un parquet en pin (bois qui évite les reflets) et de choisir des murs gris (couleur qui absorbe mieux la lumière). À côté de la grande baie vitrée, exposée au nord, une grande fente a été aménagée dans le mur : un passe- tableaux pour faire sortir les grands châssis qui ne passaient pas dans l’escalier. La vie et l’œuvre de Cézanne sont racontées à travers des objets et des peintures. Des croquis montrent son lien avec Pissarro, une vanité raconte la mort de ses parents... Une plongée émouvante dans le quotidien du maître. Un conseil : il faut suivre l’une des quatre visites guidées quotidiennes.

11h La Fondation Vasarely

La fondation Vasarely conçue par l'artiste franco-hongrois Victor Vasarely pour abriter ses œuvres dans le quartier Jas-de-Bouffan à Aix-en-Provence,
© Manuel Cohen / Détours en France

Un monde sépare Cézanne de Vasarely. Pourtant, le plasticien hongrois est célébré lui aussi à Aix-en-Provence. L’architecture de la Fondation, composée de 16 alvéoles géantes, nous plonge aussitôt dans l’univers graphique, ludique et immersif de Victor Vasarely. L’influence du Bauhaus marque ses débuts, avant que l’artiste ne trouve son style, indissociable des années 1970. Exposées aux côtés d’œuvres d’atelier, ses 44 œuvres monumentales (7 mètres de haut) jouent avec les formes, les perspectives, les couleurs et les reliefs. On est pris de vertige devant les sphères de la période Vega, qui semblent sortir du cadre ! Père de l’op art (art optique), Vasarely utilisait la mosaïque, l’aluminium, la peinture ou le textile. Un artiste protéiforme, capable d’inventer le logo Renault et de signer la pochette d’un album de David Bowie.

 

14h Les carrières de Bibémus

David Campbell, sculpteur et tailleur de pierre canadien, vivant et travaillant dans les carrières de Bibemus àAix-en-Provence.
© Manuel Cohen / Détours en France

C’est avec la pierre de Bibémus que les plus beaux hôtels particuliers d’Aix-en-Provence ont été bâtis. Tout le quartier Mazarin est fait de cette molasse calcaire de couleur jaune. Exploitées dès l’époque romaine, les anciennes carrières de pierre à ciel ouvert, situées à 5 kilomètres d’Aix se visitent avec un guide de l’office de tourisme. On y apprend les vieilles techniques d’extraction dans un décor où la nature a repris ses droits. Paul Cézanne louait ici un bastidon de pierre, toujours debout. Le peintre pouvait poser son chevalet sur le seuil de sa porte et voir sa chère montagne Sainte-Victoire. Mais c’est un artiste bien vivant, David Campbell, qui travaille sur place à présent. Ce sculpteur canadien habite depuis quatre décennies dans la carrière. Il y a ajouté sa contribution : de fausses ruines médiévales et Renaissance qu’on jurerait authentiques.

 

16h30 En side-car autour de Sainte-Victoire

Tour en moto side-car autour de la région de la Montagne Sainte-Victoire, avec La Belle Echappée, près d'Aix-en-Provence
© Manuel Cohen / Détours en France

Rendez-vous est pris devant la statue de Cézanne, non loin de la fontaine de la Rotonde. Le side-car nous attend, vrombissant déjà. On enfile un casque, on saute dans le panier, et hop ! direction Le Tholonet par la route Cézanne, le seul chemin de France classé monument historique. Dès la sortie de la ville, la campagne apparaît, harmonieuse à souhait. Des bastides se cachent parmi les cyprès, les chênes et pins, les joueurs de pétanque s’escagassent à l’ombre des platanes... Les cyclistes, les villageois sourient à notre passage : ce n’est pas tous les jours qu’on croise un side-car ! Soudain, la voici : la montagne Sainte-Victoire surgit, formidable muraille blanche aux teintes colorées insoupçonnables de loin. Pas étonnant que Paul Cézanne lui ait consacré pas moins de 44 huiles et 43 aquarelles. Après nous être rafraîchis d’un rosé en biodynamie au domaine de Saint-Ser, nous faisons route vers Puyloubier et Vauvenargues. Dans le panier nous parviennent les parfums mêlés du thym et du romarin. Un road trip inoubliable...

 

18h À la cathédrale Saint-Sauveur

Vue aérienne de la cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence
© Manuel Cohen / Détours en France

La première église de la ville a été bâtie sur l’ancien forum romain, supposément sur les fondations d’un ancien temple d’Apollon. Drôle de cathédrale assurément, dont on peut lire les différents âges rien qu’en se promenant dans ses trois nefs bâties côte à côte, l’une romane, l’autre gothique, la troisième baroque. Le chef-d’œuvre reste le baptistère du vie siècle au charme oriental, avec ses huit colonnes romaines remployées portant une belle coupole décorée de gypseries.

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