
Les sources thermales de Cilaos, autrefois accessibles par des sentiers ont été victimes de l’érosion intense de la roche basaltique. Certaines résurgences s’abordent encore, mais par des chemins de traverse réservés aux connaisseurs ou par la pratique du canyoning. Immersion dans le grand cirque naturel de Cilaos en compagnie d’un guide pas comme les autres. Luciano Maillot est cilaossien. Sportif aguerri, rompu à la pratique de l’escalade et du canyoning, il explore toutes les facettes de cet immense cirque naturel depuis toujours. Diplômé d’État, il exerce la profession de guide depuis dix-huit ans. Attentif à partager ses passions avec le plus grand nombre d’amoureux de la nature, il a créé un concept de randonnée original - le Cari-Canyon – mêlant petit défi sportif au creux des spectaculaires cascades de Cilaos et découverte gourmande des saveurs locales. Tout d’abord, cette pratique nécessite de savoir nager, pas d’être champion de natation, mais de savoir « flotter » (les bassins étant de petite taille). Elle est accessible aux enfants à partir de 8-10 ans. Avant de se mettre à l’eau, certaines étapes sont primordiales : la distribution et la vérification du matériel et le rappel des consignes de sécurité élémentaires. Baudrier ajusté autour de la taille, casque attaché sur la tête, cordage, la marche d’approche pour descendre dans les canyons peut commencer. On rejoint en premier lieu le canyon de Bras-Rouge, une marche d’une trentaine de minutes seulement mais... quasiment à la verticale. Un peu à l’image d’une via ferrata, la marche d’approche alterne replats arborés d’une végétation originelle luxuriante et parois rocheuses.
Le canyon, pour l'effort et plaisir de l'île

Équipés d’une indispensable combinaison, les membres du petit groupe patientent sur l’aplomb rocheux. La fébrilité ambiante est palpable, malgré les paroles rassurantes de Luciano. D’un regard un peu inquiet, certains cherchent à évaluer la distance les séparant du lit de la rivière, dont le débit de l’eau, pourtant vif, se fait à peine entendre. Ce n’est qu’après un rappel d’une vingtaine de mètres que l’eau devient matérielle et froide, rendant l’utilisation de la « double peau » vitale ! La descente du cours d’eau est exigeante et requiert attention et concentration pour aborder les « obstacles » inhérents au canyoning : rappels, sauts dans des bassins aux eaux transparentes, tyroliennes, glissades sur des toboggans de basalte polis par l’érosion... Mais le plaisir de faire corps avec les éléments dans un décor exceptionnel de beauté l’emporte sur toute autre sensation. Et si jamais vous « coinciez », Luciano assurera votre progression en toute sécurité.
D’un coup, l’eau devient plus chaude, des bulles tièdes remontent discrètement du bleu profond des bassins. L’eau thermale est là. Plus bas, les parois rocheuses se couvrent de concrétion rouge ocre, véhiculant une odeur de rouille çà et là, l’eau ferrugineuse surgit et tapisse le parcours de ses teintes extraordinaires jusqu’au point d’arrivée. Après cette matinée riche en émotions et en efforts physiques, l’équipée se réjouit de faire une pause bien méritée. Cela tombe à pic, Luciano nous a concocté une surprise...
Le cari, pour le réconfort après rando
Notre Cilaossien a hérité d’un petit lopin de terre sur l’îlet de Bois Rouge, petit plateau sur la route de l’Îlet-à-Cordes. Il faut marcher cinq minutes pour accéder à son habitation, typique des îlets. Dans la cour, quelques plantations vivrières entourent deux petites cases en tôle ondulée. L’une fait office de cuisine et de salle à manger, l’autre de chambres à coucher. Le fumet des agapes est une torture pour les estomacs qui crient famine! C’est le traiteur du village, surnommé Michou, qui régale. À l’extérieur, sous la tonnelle de vigne, la table est dressée. Toutes les spécialités de Cilaos sont rassemblées : rougail saucisses, cari, lentilles de Cilaos et les vins artisanaux du cirque.