
Depuis la mer, l'île de Groix cache jalousement ses charmes. Seuls les Grands Sables interpellent. C’est vers cette plage claire à la forme convexe, à l’est de Port-Tudy, que le désir de pédaler se fait sentir dès le débarquement. Néfliers surchargés de fruits orange, figuiers exubérants... Très vite, l’île dévoile sa nature généreuse. Une gangue végétale brossée par le vent, fouillis de ronces, de fougères et de chèvrefeuille, nappe les pentes côtières qui mènent au rivage des Grands Sables. Un lieu de promenade romanesque à l’approche du soir...
Restaurant de traversée

L’appétit ouvert, il faut dîner au Bistrot Bao pour découvrir les produits du terroir de Groix. Dans le Bourg, à quelques encablures de Port-Tudy, Patrick Saigot tient une table gourmande et conviviale. L’homme s’y connaît. Il a longtemps été mytiliculteur sur l’île avant de créer des fumaisons artisanales qui transforment poulpes et poissons dans des volutes de bois de hêtre. « À la fin du XIXe siècle, l'île de Groix était le premier port breton de pêche au thon à la voile », rappelle le quadragénaire aux grands yeux bleus. Après des rougets escortés d’une purée d’aubergines, un dessert à la rhubarbe réjouit nos papilles. « Elle est cultivée à deux kilomètres d’ici, par Gaël et Erwan Leclercq, des maraîchers bio passionnés », souffle Patrick. Le lendemain, près des maisons en schiste de Kerdurand ourlées de massifs d’hortensias, nous rencontrons les deux frères qui travaillent à la main 5 000 mètres carrés de terre en permaculture. « Groix est un potager extraordinaire grâce à l’absence de gel et à plus de 2 000 heures d’ensoleillement annuel. C’est unique au nord de la Loire », s’enthousiasme Gaël au milieu de ses appétissantes tomates.
Ile de Bretagne au paysage de schiste

Depuis Kerdurand, l’envie de rouler vers Pen-Men, la pointe occidentale de l’île, devient irrésistible. De grands champs de cultures fourragères tapissent le paysage plat jusqu’au phare de Pen-Men. Réserve naturelle oblige, il faut laisser les vélos près de la tour blanc et noir pour flâner au sommet des falaises de schiste. La pelouse aérohaline criblée de petites fleurs roses, des arméries maritimes, est protégée. En ce début du mois de juin, le duvet blanc perdu par les jeunes goélands jonche çà et là l’herbe. Les rochers qui cascadent jusqu’à l’eau sont les perchoirs préférés des oiseaux marins. C’est toutefois sur la côte sud que le schiste livre sa plus belle partition : entre le port Saint-Nicolas, sculptural abri naturel avec une protégée. En ce début du mois de juin, le duvet blanc perdu par les jeunes goélands jonche çà et là l’herbe.

Les rochers qui cascadent jusqu’à l’eau sont les perchoirs préférés des oiseaux marins. C’est toutefois sur la côte sud que le schiste livre sa plus belle partition : entre le port Saint-Nicolas, sculptural abri naturel avec une poignée de bateaux amarrés à la pierre, et la pointe des Chats, où d’immenses lames plates viennent raser l’eau. Roche feuilletée et irisée comme la coquille d’une huître, le schiste cisèle des criques spectaculaires comme celle du Stank, peu avant Locmaria. C’est près de ce grand hameau que le microbrasseur La Bière de Groix cultive cette année son orge selon le principe de l’agriculture régénérative. Voilà probablement la seule bière îlienne de France à brasser de l’orge insulaire.

Un parfum exotique
Encore quelques coups de pédales et nous atteignons enfin la côte est. Les grenats, ces grains couleur lie-de-vin présents dans le schiste local, colorent merveilleusement la plage. Couronnés de bosquets longilignes, Les Sables Rouges exhalent un parfum exotique. Tout près, la ferme de Port Coustic se pique aussi d’originalité. Depuis 2019, elle abrite les premières vignes de l’île de Groix. Les vendanges ont eu lieu l’an dernier.