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Calais, une ville intimement liée à l'Angleterre

Beffroi de l'hôtel de ville de Calais © Ville de Calais

Publié le par Martine Carret

Sur la Côte d’Opale, Calais porte vaillamment le poids de son histoire, profondément liée à sa proximité avec l’Angleterre. Une balade en ville permet d’en apprécier chaque épisode.

Leurs visages de bronze portent les stigmates de leurs souffrances. Leurs corps sculptés expriment les tourments de leurs âmes. Devant l’hôtel de ville, six statues de bronze, cordes autour du cou et pieds nus, marchent vers la mort. En s’offrant en sacrifice au roi d’Angleterre Edouard III Plantagenêt, le 3 août 1347, ces Calaisiens immortalisés par Auguste Rodin ont sauvé la vie de tous leurs concitoyens.

Hôtel de ville de Calais, statuaire de Rodin
© Ville de Calais

Commencer la visite de la ville en admirant « Les Bourgeois de Calais », c’est comprendre un élément clé de son identité. Calais, voisine maritime de Douvres, est au cœur des relations franco-britanniques depuis près d’un millénaire. Occupée pendant 210 ans, la ville fut reprise par le duc de Guise le 6 janvier 1558, un moment immortalisé dans un vitrail signé Pierre-Gustave Dagrant, visible dans le hall de l’hôtel de ville.

Un beffroi classé par l’UNESCO

Beffroi de l'hôtel de ville de Calais et panorama
© Ville de Calais

Erigé à partir de 1911, l’édifice est ornementé de briques rouges creuses de Courtrai et de sculptures en pierre blanche, combinant styles flamand et néo-Renaissance. Grandiose du haut de 75 mètres, le beffroi est inscrit depuis 2005 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Moyennant un peu de courage, il est possible de grimper ses 175 marches pour profiter de la vue qui s'offre au sommet. Elle embrasse l’ancien faubourg de Saint-Pierre, mais aussi le port, aussi vital aujourd’hui pour le trafic transmanche, qu’il le fut pour le commerce de la laine venue des îles britanniques à partir le XIIIe. À défaut, un ascenseur permet de rallier le chemin de ronde, perché un peu moins haut (55 mètres), mais spectaculaire lui aussi. 

Au sol, la promenade continue vers la place d’Armes, où l’unique vestige des fortifications médiévales, une tour de guet en briques, veille encore. Sur cette même place, une statue d’Yvonne Vendroux et Charles de Gaulle rappelle le lien qui unit le couple à la ville. Ils s’y marièrent en avril 1921 dans le salon de l’hôtel de ville, puis à l’église Notre-Dame, la seule en France à afficher un style gothique perpendiculaire anglais. André Malraux en a, en partie, supervisé la reconstruction après le bombardement allié du 26 septembre 1944.

Eglise Notre Dame de Calais
© Martine Carret

De là, commence le tracé français de la Via Francigena, un parcours de pèlerinage reliant Canterbury à la tombe de Saint-Pierre, à Rome. À proximité, le parc Richelieu accueille deux statues monumentales de bronze représentent Churchill et De Gaulle côte à côte. Signée du sculpteur alsacien Patrick Berthaud, l'œuvre immortalise les liens noués lors de la Seconde Guerre mondiale. Le Musée des Beaux-Arts, situé juste à côté, abrite, lui, 250 œuvres du XVIe siècle à nos jours, dont une quinzaine de statues signées Rodin.

Statue de Winston Churchill et du Général de Gaulle à Calais
© Martine Carret

La dentelle : un héritage bienvenu

Cité de la Dentelle de Calais
© Martine Carret

C’est sur l’ancien territoire de Saint-Pierre-lès-Calais, quartier entièrement voué à l’activité dentellière au XIXe siècle, que se poursuit notre périple, dans l’ancienne usine des frères Boulart reconvertie en Cité de la dentelle et de la mode. Ce musée raconte comment, dès 1816, des Anglais ont introduit des métiers à tisser mécaniques en contrebande, révolutionnant l’industrie locale. La machine Leavers, perfectionnée en 1834 avec le système Jacquard, demeure la clé de la fabrication de la dentelle haut de gamme, protégée aujourd’hui par le label Dentelle de Calais-Caudry®. Des démonstrations impressionnantes permettent d’en saisir toute la subtilité.

Un tunnel pour réunir deux alliés

Cité de la Dentelle de Calais
© Martine Carret

Enfin, impossible de quitter Calais sans évoquer son fameux tunnel sous la Manche, dont l’entrée se situe à moins de 10 km à l’ouest de la ville. Au lieu-dit Belle Vue à Peuplingues, Philippe Cozette, ancien tunnelier, retrace avec nous l’épopée dont il fut l’un des acteurs. Photos à l’appui, il nous raconte ce 1er décembre 1990, où, tiré au sort, il est celui qui perce les derniers centimètres de craie, puis échange une poignée de main avec son homologue anglais Graham Fagg. L’Angleterre n’était plus – totalement - une île.

 

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