Visiter onze hectares de secteur sauvegardé

Si l’on s’extasie devant une telle richesse, il faut en remercier Malraux. C’est parce que l’homme de lettres avait découvert la ville durant la Seconde Guerre mondiale et avait été frappé par sa dégradation qu’il lancera sa fameuse loi de protection du patrimoine. De nos jours, la ville de Sarlat compte onze hectares de secteur sauvegardé et quantité de bâtiments classés. L’ascenseur panoramique de l’ancienne église Sainte-Marie permet d’observer, au milieu des toits de tuiles, les édifices majeurs, tels la cathédrale Saint-Sacerdos ou le cloître des Récollets.
Saint-Sacerdos, église abbatiale devenue cathédrale

C’est depuis le sol qu’on apprécie le mieux cette richesse. Ainsi de la cour des Fontaines, vestige de l’enclos abbatial du couvent fondé par les moines bénédictins, devenue une jolie place ; de la cour des Chanoines, à la splendide chapelle Saint-Benoît (XIIe siècle) en pierre jaune de Sarlat et toit de lauzes ; de Saint-Sacerdos, bien sûr, bâtie comme église abbatiale dès le XIIe siècle et devenue cathédrale grâce au pape Jean XXII, qui érigea Sarlat en évêché au début du XIVe siècle. Derrière celle-ci, un monument intrigue : la lanterne des morts (XIIe siècle). Chapelle sépulcrale en forme d’obus inspirée de la Terre sainte, après le retour des Croisés ? L’usage du monument, l’un des plus anciens de Sarlat, reste à prouver.

Quittons le Sarlat des chanoines, longtemps régi par un puissant abbé, pour celui du pouvoir civil. Dans cette cité toujours restée française – hormis dix ans aux mains des Anglais durant la guerre de Cent Ans –, fidèle au roi et catholique, les nobles ont su contrer le pouvoir religieux et s’imposer après les guerres de Religion. Exerçant la justice royale, ils embellissent la ville avec leurs hôtels particuliers de style Renaissance. La partie haute de Sarlat, autour de la rue de la Salamandre, en accueille plusieurs, comme l’hôtel de Grézel (XVe siècle).

En les autorisant à construire des tours de noblesse, Charles VII va leur donner l’occasion d’afficher leur puissance. Autour de la place de l’Oie, le manoir de Gisson et les hôtels particuliers Vassal et Plamon, en témoignent. Comme, aussi, l’hôtel de Vienne ou la maison de La Boétie (XVIe siècle), bâtie par le père du poète. La ville de Sarlat est aussi gourmande... d’architecture.
