Peio Serbielle, un chanteur basque fier de sa terre
Basque et fier de sa terre, Pieo Serbielle chante pour faire connaître son pays et sa culture, tout en multipliant les rencontres et en prônant le partage et l’échange. Invitation au voyage.
Peio Serbielle est né dans le pays basque intérieur, dans la Soule, la plus petite et la moins peuplée des provinces du pays basque français. Un coin superbe de l’arrière-pays où le chant et les traditions basques sont encore préservés. Faut-il y voir une prédilection pour celui qui parle si bien du « pays » qu’il aime tant ?
A l’écouter chanter en basque, on imagine qu’il a appris cette langue quand il était tout petit. Eh bien non ! « Dans ma famille, on ne parlait pas le basque. On considérait que cette langue ne me permettrait par d’accéder à la connaissance. Ce n’est que plus tard, à l’adolescence que j’ai décidé de me lancer », explique Peio Serbielle.
Quelles ont été vos motivations pour apprendre cette langue qui n’est pas si facile que ça à aborder ?
En fait, je suis entré dans la langue basque par la musique. J’écoutais des chants basques dont je ne comprenais pas les paroles, mais j’aimais les mélodies. C’est la musicalité des textes qui m’a séduit. J’étais au lycée à l’époque, j’ai alors demandé à mes copains de me traduire les paroles. Après j’ai poursuivi et j’ai suivi des cours intensif de basque au cours de l’été 1974.
Comprendre la langue était indispensable pour vous ?
Oui, car être de ce pays sans en parler la langue, j’avais l’impression d’être un unijambiste. Aujourd’hui je parle le basque, je suis capable d’écrire en basque, de faire des interviews dans cette langue et de composer en basque !
Depuis la fin des années 80, vous avez sorti plusieurs albums dans cette langue, dont le dernier intitulé Zara*. Quels sont les messages que vous faites passer dans vos chansons ?
Ce qui est le plus important dans la musique, ce n’est pas tant ce qui est dit, c’est ce qui doit être suggéré. Nous donnons à voir, à comprendre sur le pays basque. Même s’il y a encore des conservatismes, c’est un pays qui bouge et il faut continuer à avancer. Et je regarde les choses évoluer avec confiance.
Nous sommes d’ailleurs en train de préparer une série d’animations et d’échanges qui auront lieu à Bayonne, à la fin de l’année 2015 autour de thèmes forts : c’est quoi être basque aujourd’hui ? Qu’est-ce que l’identité basque ? Quels sont les objets qui représentent l’identité basque ? Nous allons travailler avec la bibliothèque de Bayonne et les enfants des écoles de la ville sur le thème « raconte-moi le pays basque » : ils pourront écrire des textes, des poèmes…choisir le mode d’expression qui leur convient pour parler de ce sujet. Nous travaillons aussi avec le chef Alain Darroze sur la création d’un menu inspiré de mon album Zara qui sera servi dans les restaurants fin décembre. Un grand concert sera organisé à Bayonne en fin d’année.
Vous aimeriez faire rayonner davantage le chant basque ?
Oui, écouter les chœurs basques c’est bien, mais il faut aller plus loin que le folklore réservé aux touristes en été. Dans l’idéal, il faudrait que nous puissions organiser un grand événement musical à l’échelle de tout le pays basque, un rendez-vous qui fasse rayonner notre culture. Il y bien le Festival international de Jazz Getxo qui se déroule chaque été, non loin de Bilbao, côté espagnol. Mais côté français, pas grand chose. Il nous faudrait un grand rendez-vous tel que l’exemple breton du Festival Interceltique de Lorient (ndlr : « né il y a 45 ans de la volonté de ses fondateurs de contribuer au développement de la musique et de la culture bretonne et aussi de s'ouvrir vers les nations d'implantation celte dans les îles britanniques (Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, Île de Man, Irlande) mais aussi dans le nord de l'Espagne (Galice et Asturies). La culture est un moyen de présenter ce que nous avons de mieux…
A écouter : L'album Zara « tu es »

Vous y entendrez des chants de Peio Serbielle bien sûr, mais aussi de Gilles Servat en breton et en anglais et de l’écossaise Karen Matheson.