
Sa préférence va au bronze, une matière noble qu’il définit comme la voie royale de la sculpture. « Tous les grands sont passés par là, de Picasso à César en passant par Giacometti et Braque. L’alliage du bronze a 4000 ans d’histoire, le procédé du moulage à la cire perdue est certainement plus ancien encore. C’est ma marque de fabrique, j’aime l’idée de m’inscrire dans son intemporalité », assure Michel Audiard. On le retrouve dans sa fonderie sur le point de finaliser un « ouvre-vin », l’une de ses dernières créations. « Moulée sur la main de son futur propriétaire, cette pièce en bronze est coulée pour l’éternité. Il devient ainsi un objet de transmission et de passion », explique l’artiste. Derrière lui, une armoire abrite la collection de son fameux « stylo sculpture » qui a signé sa notoriété à travers le monde. « L’idée est née le jour où j’ai eu envie de m’offrir un beau stylo. Comme je n’en ai pas trouvé, j’en ai sculpté un. » Le début d’une déferlante, des chefs d’État aux rockstars, chacun voulait avoir son Audiard, et à ce jour, plus de 3 000 œuvres ont été patiemment sculptées comme de véritables bijoux. Certains sont constitués d’ivoire de mammouth, de pierre précieuse et de matériaux plus surprenants tels que de la météorite ou du bois pétrifié... « Savoir que 70 chefs d’État écrivent avec un Audiard ne me rend pas peu fier... »
Parmi ses séries les plus célèbres, on peut citer les Z’Animaux musiciens, des sculptures multicolores qui présentent des musiciens sous des traits d’animaux, vues à l’Opéra Garnier en 2013. « Cet orchestre symphonique est le fruit d’une collaboration avec mon ami Pascal Nègre, l’ancien directeur d’Universal Music. Au départ, j’étais parti sur une déclinaison de gris, mais Pascal voulait des couleurs. Le résultat fut un bouleversement dans ma créativité. Depuis, la couleur est entrée dans mes créations. »

Boulimique de travail
En constante recherche de nouvelles idées, le sculpteur prolifique travaille sur plusieurs projets. « Je me lève tôt pour bosser, parfois jusqu’à tard le soir, avec la radio en fond. J’aime ça. Je suis un boulimique de travail. » Dans son atelier, ça scie, ça peint, ça soude, ça fond... et des œuvres naissent une à une, comme cette chèvre de 7,50 mètres de long et 8 mètres de haut qui sera exposée en bordure de l’autoroute A10, à Sainte-Maure-de-Touraine, en référence au fromage du même nom. D’autres sculptures monumentales signées Audiard décorent déjà la région, comme le rhinocéros en strate placé face à la gare de Tours, la statue en bronze du général de Gaulle à Saint-Cyr-sur-Loire ou la silhouette de l’émir Abdelkader découpée dans une feuille d’acier rouillée, à Amboise.