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Mascarin, Bonaparte, Bourbon… Petite histoire fascinante de l'île de La Réunion

La chapelle de la Visitation, à Bois-Blanc, au sud de Piton Sainte-Rose, quartier situé à l'est de l'île. La chapelle de la Visitation, à Bois-Blanc, au sud de Piton Sainte-Rose, quartier situé à l'est de l'île. - © Bertrand Rieger

Publié le par Dominique Roger

Après avoir été baptisée successivement Dina Morgabin, Mascarin, Bonaparte et Bourbon, l’île adopte définitivement le nom de La Réunion en 1848, année de l’abolition de l’esclavage. Riche et cosmopolite, celle qui se distingue par son brassage culturel, où les cultes coexistent sans heurts, n’aurait pu être mieux nommée. Chaque vague de peuplement a construit l’histoire réunionnaise et enrichi une carte où l’art du « vivre ensemble » n’est pas un vain mot.

La présence de nombreux lieux de culte, chapelles, sanctuaires et ex-voto témoigne sur toute l'île de l'importance de la religion et de sa diversité.
La présence de nombreux lieux de culte, chapelles, sanctuaires et ex-voto témoigne sur toute l'île de l'importance de la religion et de sa diversité. © Arnaud Spani / hemis.fr

Ce sont les colons portugais qui découvrent l’île, alors inhabitée, vers 1500. Ils la nomment Mascarin. Elle reste un point d’escale pour les navigateurs en route vers les Indes pendant près d’un siècle et demi, puis la France en prend possession, lui donnant le nom d’île Bourbon, en hommage à la dynastie royale. Pendant la Révolution, la Convention nationale décide de la baptiser île de La Réunion, en écho cette fois à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792. Elle devient l’île Bonaparte sous Napoléon, puis retrouve le nom de La Réunion le 7 mars 1848, de manière définitive. Elle est un département français depuis 1946.

Un peuple international

À Saint-Pierre, Réunion d'culture, d'race et d'religion, une fresque de 20 mètres de long réalisée par l'artiste Méo, symbolise la coexistence pacifique entre les différentes cultures et religions.
À Saint-Pierre, Réunion d'culture, d'race et d'religion, une fresque de 20 mètres de long réalisée par l'artiste Méo, symbolise la coexistence pacifique entre les différentes cultures et religions. © Bertrand Rieger

Qui sont les Réunionnais ? Ce sont des Européens de France, d’Italie, de Hollande, des Africains (principalement d’Afrique de l’Est mais aussi d’Afrique centrale, d’Afrique du Sud, de Madagascar) et plus tardivement des Asiatiques (des Chinois, des Indiens, des Pakistanais). Le monde entier coule dans les veines des Réunionnais. Chaque peuple est venu avec ses croyances, son mode de vie. Dans un climat de tolérance assez rare pour être souligné, les pratiques religieuses ont dû et su s’adapter pour perdurer dans le temps. Majoritairement catholique, la population de l’île est restée pratiquante. Une donnée qui découle de la forte empreinte que l’Église, main dans la main avec le pouvoir colonial, a imprimée sur les habitants. L’ « œuvre évangélisatrice » n’a guère laissé le choix aux esclaves et aux travailleurs étrangers à la colonie, durant la longue période de l’engagisme qui fit la prospérité des grands propriétaires des plantations sucrières.

La danse traditionnelle du dragon lors de la célébration du Nouvel An chinois dans un temple à Saint-Pierre.
La danse traditionnelle du dragon lors de la célébration du Nouvel An chinois dans un temple à Saint-Pierre. © Bertrand Rieger

Libertés de croyances sur l'île

<p>Personnes priant devant une statue religieuse en extérieur entourée de verdure.</p>
La Vierge au parasol, dans la commune de Sainte-Rose, est une statue réputée pour protéger des dangers du Piton de la Fournaise. Toute l'année, des fleurs et des cierges sont déposés à ses pieds par ses admirateurs catholiques. © Arnaud Spani / hemis.fr

Hindouistes, bouddhistes, musulmans... se sont vite intégrés et ont réussi à préserver leurs pratiques culturelles et à exercer leurs cultes, édifiant des lieux de rassemblement consacrés. Cela a contribué à la naissance d’un système religieux typiquement créole: un métissage de religions que l’on observe en tout lieu. Une réunion qui se vit dans les rassemblements religieux, les fêtes commémoratives, dans une église, un temple hindouiste ou cantonnais et au chant de l’adhan « l’appel à la prière ».  

<p>Chapelle religieuse cachée dans une végétation luxuriante.</p>
Ci-contre, une petite chapelle à la Vierge en bordure de route. © Bertrand Rieger

Dans les rues, ces palettes humaines hautes en couleur expriment le melting-pot de ce jeune peuple. Le pourtour et l’intérieur de l’île regorgent d’éléments religieux. Grands édifices ou simple oratoire sur un sentier, ils sont tous répertoriés par la direction de la Culture. Saint-Denis abrite la plus vieille mosquée construite en France, Noor-e-Islam, inaugurée en 1905, et les premiers temples cantonnais réunionnais : Lisi Tong et Chane.

<p>Personnes en prière dans une mosquée, vue de dos.</p>
Située à Saint-Denis, la mosquée Noor-e-Islam est l'une des cinq grandes mosquées de France. La cour intérieure (sahn) conduit à la salle de prière djamat khana située au fond de l’édifice. © Reza / Hemis.fr

Tous se distinguent par leur histoire mais très peu figurent à l’inventaire des monuments historiques. Témoin et acteur, chaque sanctuaire retrace la jeune histoire du peuple réunionnais. 

La mosquée de Saint-Pierre (1972-1975), ou Attyab oul Massâdjid, fut édifiée dans le centre-ville de Saint- Pierre à la place d'une ancienne mosquée du début du xxe siècle. Son minaret fait 42 mètres de haut.
La mosquée de Saint-Pierre (1972-1975), ou Attyab oul Massâdjid, fut édifiée dans le centre-ville de Saint- Pierre à la place d'une ancienne mosquée du début du XXe siècle. Son minaret fait 42 mètres de haut. © Bertrand Rieger
Sources

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