Le marché

Au bout du boulevard Aristide-Briand, la coupole en forme de coquillage blanc du marché central de Royan rappelle l’océan tout proche. Conçue en 1955 par les architectes Louis Simon et André Morisseau et entièrement rénovée en 2023, cette coque autoportante en voile mince de béton armé, haute de plus de 10 mètres, est soutenue par treize piliers intérieurs, un exploit architectural pour l’époque ! La lumière du soleil y pénètre par un jeu de briques de verre, incrustées dans le toit. Élu en 2022 deuxième plus beau marché de France, le lieu évoque une vaste caverne, odorante et joyeuse. Bio ou pas, près de 200 commerçants y officient, à tous les prix. Tous les jours en saison, on y fait le plein de spécialités locales : huîtres, crustacés et poissons de l’Atlantique ou épatantes brioches royannaises au beurre, farcies de pralines.
Le quartier du Parc

À la fin du XIXe siècle, la Ville de Royan confie à la Compagnie foncière du parc l’aménagement de la « forêt de Royan », 30 hectares de dunes plantées de pins qui bordent la plage de la Grande Conche. Le quartier du Parc devient alors le terrain de jeu des urbanistes et des architectes. Aujourd’hui, cette cité-jardin bruissante d’oiseaux enchante le promeneur. Les rues sont sinueuses, les maisons se cachent, les arbres débordent sur la rue et les styles se côtoient avec audace. Vous voulez du grandiose ? La villa Aigue-Marine (1901) évoque un petit « Chambord-sur-Mer ». De l’orientalisme ? La très kitsch villa Kosiki (1886) a des airs de pagode. Du moderne ? La villa Boomerang (1959), bâtie sur pilotis, évoque Oscar Niemeyer, une référence fréquente ici.
Notre-Dame de Royan

« Faites-moi une église la plus haute possible. Je veux que Royan soit une ville debout, pas couchée. » En ces années d’après-guerre, le défi lancé par le maire à l’architecte Guillaume Gillet est de taille. Les fidèles n’ont plus de lieu pour se recueillir depuis les bombardements de 1945. Le Grand Prix de Rome fait équipe avec l’ingénieur Gilbert Lafaille, spécialiste français du béton armé. Ensemble, ils conçoivent le chef-d’œuvre de « gothique moderne » que l’on découvre sur l’avenue des Congrès. De l’extérieur, l’église a des allures d’austère forteresse, avec sa tour-clocher de 56 mètres de haut et ses murs soutenus par de monumentaux poteaux en « v ».
À l’intérieur, tout s’illumine. L’œil embrasse la monumentale nef en amande, l’escalier descendant vers le chœur, l’autel strié de fanons de baleine, la galerie ornée d’un chemin de croix... Un décor de béton où la lumière chatoie à travers 500 mètres carrés de hautes verrières multicolores, chefs-d’œuvre du maître-verrier Henri Martin-Granel.
Le palais des Congrès

Bâti en 1957 et signé de l’architecte-urbaniste Claude Ferret, le palais des Congrès de Royan
vient de rouvrir ses portes après trois années de rénovation menée par Pierre Ferret, le fils de son concepteur. Symbole de la Reconstruction d’après- guerre, ce parallélépipède évidé et posé sur pilotis semble flotter entre jardin et océan. On y retrouve tous les codes du style moderniste et fonctionnaliste : la structure légère en béton brut, le dessin graphique, les baies vitrées qui invitent le regard à traverser l’édifice, les jeux d’ombre et de lumière, rythmés par les panneaux perforés en aluminium jaune et gris des ateliers Jean Prouvé en façade, les brise-soleil verticaux en voile de béton... Le rez-de-chaussée du palais accueille le nouveau Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, qui dévoile (entre autres) un intérieur reconstitué des années 1950, avec sa cuisine en formica.
La pointe de la Coubre

À vélo, l’aventure se poursuit jusqu’à la Palmyre, à 17 kilomètres de Royan. Après la Grande Côte, on plonge dans la forêt de pins et de chênes verts pour atteindre le phare de la Coubre, colonne blanche chapeautée de rouge plantée au sommet des dunes, en surplomb de l’océan. La piste ombragée longe ensuite la baie protégée de Bonne Anse. Ici, la confrontation entre les courants océaniques et ceux de l’estuaire de la Gironde entraîne de vastes dépôts d’alluvions. Depuis un siècle, une langue de sable referme peu à peu la baie, où l’eau ne pénètre plus que par un passage étroit. Résultat : 700 hectares de vasières et de marais « nourriciers ». Dès la fin de l’été, c’est le paradis des oiseaux, bécasseaux variables, gravelots, chevaliers gambette, huîtriers pie, sternes, qui viennent s’y nourrir de mollusques et alevins. Jumelles recommandées !
Saint-Palais-sur-Mer

À 6 kilomètres à bicyclette de Royan par la Vélodyssée, cap sur la photogénique plage de Saint-Palais-sur-Mer. C’est là que débute le sentier des Douaniers, emprunté dès le XVIIIe siècle par les douaniers chargés de surveiller la côte face à la contrebande. Premier arrêt dans leur ancienne maison, qui accueille des expositions d’art dans un parc arboré ouvert sur l’océan. À l’horizon, le phare de Cordouan, majestueux « roi des phares ». Sur 2 kilomètres à flanc de falaise, alternent ensuite cabanes à carrelets, anses blondes et formations rocheuses naturelles comme le pont du Diable, à l’entrée de la plage du Platin. Au phare de Terre-Nègre, rayé de rouge et de blanc, un lacis de ruelles bordées de villas Belle Époque rejoint le cœur du village. La chapelle Notre-Dame-des-Aviateurs, rebaptisée après la traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909, dresse sa flèche blanche. Tous les dimanches en été, on y célèbre la messe sous la charpente décorée de maquettes d’avion !
Phare de Cordouan

Rattaché à la commune du Verdon-sur-Mer, le roi de l’estuaire se découvre en croisière. Après une heure de navigation, les visiteurs abordent un long banc de sable entouré d’eau et sont transbordés du ferry à terre dans un véhicule amphibie. Au bout du « peyrat », la chaussée de pierre, s’ouvrent les portes du phare, bâti en pierre calcaire au xvie siècle et surélevé à 67 mètres
en 1786. Un escalier en colimaçon de 301 marches grimpe au sommet, découvrant les salles aux différents niveaux. « Voici la chambre du roi, qui porte le monogramme de Louis XIV, même s’il n’y a jamais mis les pieds », raconte Benoît Genouvrier, l’un des quatre gardiens du phare. Au-dessus, une chapelle ornée d’une coupole à caissons peints, puis la plateforme avec vue sur le plateau rocheux couvert et découvert au gré des marées. « Ici fut installée la première lentille de Fresnel. Cordouan garde aujourd’hui une portée de 40 kilomètres. »
Foncillon

À deux pas du palais des Congrès, le quartier de Foncillon abrite les plus excentriques des 350 villas des années 1950 inventoriées dans la station balnéaire et signées d’architectes pionniers comme Louis Simon, Marc Quentin, René Baraton, Jean Bauhain, Marc Hébrard... Au fil des rues, les lignes droites s’arrondissent et les façades blanches se parent d’éléments favorisant les jeux d’ombre et de lumière : persiennes coulissantes, claustras, brise-soleil ou pavés de verre (villa Grille-Pain, 52, rue de Foncillon). Les pilotis et les escaliers hélicoïdaux accentuent la sensation aérienne de légèreté (villa Thalassa, 1, av. de la Conche-du-Chay). Les couleurs vives fleurissent au gré des toits-terrasses, marquises ou loggias filetées de passerelles (villa Mbi Ye No, 35, bd Louis-Lair).
Le front de mer

Le 5 janvier 1945, l’aviation alliée bombarde Royan, détruisant le centre-ville à 85 %. L’urbaniste Claude Ferret est chargé de la reconstruction. Pour redonner vie à la station, il imagine un plan moderne et aéré, inspiré des travaux d’Oscar Niemeyer. En point d’orgue, le front de mer. Avec ses deux ailes de béton blanc souligné de panneaux rouges, la bâtisse en arc de cercle épouse la courbe de la baie, face au port de plaisance. Commerces en galerie au rez-de-chaussée, appartements en balcon filant au premier étage et terrasses en attique au sommet, c’est une ode au soleil et à l’océan. À ses pieds, les palmiers des Jardins de la mer ont remplacé le casino municipal, rasé en 1985.
La Grande Conche

Un ruban de sable bercé par les vagues, des tentes de plage rayées de bleu et blanc, une promenade piétonne et cyclable bordée de villas Belle Époque ou années 1950... S’étirant sur plus de 2 kilomètres, du port de plaisance à la pointe de Vallières, la Grande Conche incarne l’histoire balnéaire de Royan. Au début du XIXe, la ville n’est qu’un modeste port de pêche, mais les premières thérapies à l’eau de mer font leur apparition, et les cabines roulantes pullulent bientôt sur la grande plage au pied des dunes. Avec l’arrivée des touristes venus de Bordeaux et de Paris, les villas cossues fleurissent et, avec elles, les courses hippiques, les leçons de natation, les costumes de bain – caleçons longs pour les hommes, corsets et robes mi-longues pour les femmes... Depuis, la Grande Conche a vu passer toutes les modes estivales !