Une nuit (de conte de fée) au château de Vault-de-Lugny

Le ton est donné dès que l’on franchit les remparts XIIIe siècle qui précèdent le domaine. Ceinturées de larges douves en eau, elles servent superbement leur rôle de portail temporel. Derrière cette enceinte médiévale, une immense bâtisse XVIe siècle préside un vaste parc paysager au milieu duquel trône un platane prodigieux, planté en 1614. La configuration atypique des lieux laisse déjà entrevoir la fascinante histoire du château de Vault-de-Lugny. Classés "Monuments historiques", les remparts, tout comme le donjon que l'on devine au fond du parc, sont les seuls rescapés de la destruction du château par Louis XI au XVe siècle. Durant 500 ans, la famille Jaucourt a régné sans partage sur les lieux, mais elle tombe en disgrâce en 1478 et le château est démantelé. Remaniés à plusieurs reprises, passé entre les mains de plusieurs propriétaires, le domaine est racheté vers la fin des années 60 par les parents d'Elisabeth Bourzeix, actuelle maitresse des lieux. C'est elle qui a l'idée de transformer le site, alors à l'état de ruine, en hôtel de luxe. 

Voilà presque 40 ans que le rêve est devenu réalité. Un rêve sous forme de 16 chambres, un bar, un restaurant étoilé et une piscine chauffée, qui ont su attirer et séduire une clientèle exigeante, souvent étrangère, si l'on en croit le livre d'or. Parmi les louanges griffonnées là par des hôtes satisfaits, l'œil avisé reconnait quelques grands noms de la politique étrangère, des stars aussi, dont Michel Houellebecq. Habitué des lieux, l'écrivain en a même fait le cadre de l'une des scènes de son prix Goncourt. Au menu du Valucien, le chef mauricien Franco Bowanee, lui rend d'ailleurs hommage avec son "pressé de homard Houellebecq", l'un des mets mémorables de la carte. Mais ne vous méprenez pas, l'ambiance des lieux est familiale. La présence quotidienne des propriétaires n'y est pas étrangère, ni celle de leur très sympathique chien truffier, Oméga. Quant au charme suranné du lobby, parqueté de bois et réchauffé de tapis épais, il est à l'image des chambres, à la fois cosy et fidèle à l'esprit du château. 

Des 16 chambres que compte l'établissement, celle dites "du Roy", autrefois pensée pour accueillir une éventuelle visite royale, est réputée pour être la plus belle. Elle a surtout le privilège d’être traversante et permet de profiter à la fois du lever et du coucher du soleil. Les autres, même les plus petites (22m2), profitent toutes d'une vue sur le parc, éden peuplé de chevaux, hérons cendrés, paons blancs, oies ou encore moutons. Car le luxe, ici, rime aussi avec espace : 40 hectares de nature dont les clients peuvent librement profiter, avant peut-être d'aller piquer une tête dans la somptueuse piscine intérieure chauffée creusée dans l'ancienne cave du château. Pour les plus aventureux, la réception se fait un plaisir d'organiser une large gamme d'activités telles que des balades en vélo électrique, des itinéraires de randonnées pédestres, des sessions de pêche au sein même du domaine et même des vols en montgolfière au-dessus du Parc naturel régional du Morvan et de Vézelay, la colline éternelle, distante de quelques kilomètres à peine du château.