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À la découverte des merveilles d'Okabe

Avant d’entamer l’ascension d’Okabe, nous suivons une sente qui monte en pente raide en plein cœur de la hêtraie. Avant d’entamer l’ascension d’Okabe, nous suivons une sente qui monte en pente raide en plein cœur de la hêtraie. - © Stéphane Gautier / Détours en France

Publié par Sophie Denis  |  Mis à jour le

Le mont Okabe tutoie le ciel, perché à mille quatre cent soixante-six mètres d’altitude. Une ascension sans difficulté nous mène jusqu’à une trentaine de cromlechs, monuments funéraires édifiés par d’anciennes civilisations pastorales.

Bixente nous a donné rendez-vous au parking du restaurant le Kayolar, sur la D18 juste avant la D301. Quelques chevaux folâtrent autour des voitures, indifférents aux bipèdes qui, comme nous, ont décidé de grimper au sommet d’Okabe. Nous avons choisi de faire cette randonnée en compagnie de ce jeune guide qui connaît la montagne basque comme sa poche. Été comme hiver, il en propose une découverte sur mesure par les chemins de traverse.

Direction les estives (Iraty)

Nous voilà partis sur le sentier balisé en jaune qui grimpe dans un petit vallon où chantonne le Zurzai, un ruisseau bavard qui va nous escorter un moment. Deux bergeries se suivent. Nous croisons Pauline, propriétaire de l’une d’elles qui élève ses brebis en bio. Elle est aidée par Marion, bergère sans terre, qui loue ses services l’été. Et il y a du travail, car la transhumance concerne 75 % des exploitations. Bien sûr, Pauline fabrique son fromage, mais pas le temps de se fournir, ce sera pour le retour. En suivant le ruisseau à notre gauche, nous atteignons les premiers hêtres annonciateurs de la forêt d’Iraty. Bixente nous montre aussi des bruyères de Cantabrie, reconnaissables à leurs clochettes roses, et des grassettes, plantes vivaces dont les feuilles gluantes piègent les petits insectes. Il est temps de franchir le ru. En prenant de la hauteur, on sort de la forêt qui nous protégeait du vent. L’air se fait plus vif, tandis que l’on grimpe vers les estives. Au-dessus de nos têtes, un vautour fauve semble faire un repérage : « Les années 1990 ont été compliquées pour eux, on les accusait de propager la maladie de la vache folle. Mais on compte aujourd’hui un millier de couples. »

Là, notre guide dispense un petit cours sur la faune et la flore du coin, sans oublier de mentionner les petits insectes qui y grouillent en toute quiétude un peu partout.
En chemin, notre guide dispense un petit cours sur la faune et la flore du coin, sans oublier de mentionner les petits insectes qui y grouillent en toute quiétude un peu partout. © Stéphane Gautier / Détours en France

Nous franchissons à nouveau le ruisseau, où avec de la chance on peut apercevoir des salamandres tachetées. Aujourd’hui, on se contentera de libellules en pleine chorégraphie aérienne. Arrivés à une patte d’oie, nous prenons à droite. C’est l’occasion de suivre une sente tracée par les vaches et de longer une tourbière. Au col de Zurzai, nous laissons sur la droite une cabane et la D301 qui redescend vers Estérençuby. Sur la gauche commencent à se dessiner les hauteurs d’Okabe. Pour les rejoindre, il faut suivre le sentier rocailleux qui s’enfonce sous les hêtres. Ça grimpe sec. Une pause est la bienvenue, le temps d’admirer des arbres morts... grouillant de vies minuscules. Bixente nous montre des traces dans l’écorce, laissées par des insectes ; ici, un amadou, ce champignon qui ressemble à un sabot de cheval et avec lequel on fait du feu ; là, le lichen pulmonaire, indicateur d’une forêt saine. Marcher sous une hêtraie, où les arbres laissent filtrer une lumière douce, est un plaisir.

Monolithes millénaires

À 1 380 m d’altitude, nous voici arrivés sur un plateau lumineux recouvert d’herbe rase. Là nous attend près d’une trentaine de cromlechs, des tombes en pierre protohisto- riques disposées en cercle.
À 1 380 m d’altitude, nous voici arrivés sur un plateau lumineux recouvert d’herbe rase. Là nous attend près d’une trentaine de cromlechs, des tombes en pierre protohistoriques disposées en cercle. © Stéphane Gautier / Détours en France

La ligne de crête nous amène sur le plateau. Plus un seul arbre, de l’herbe rase et, posés sans ordre apparent, des cercles de pierres de grès, de taille variable. Voilà les fameux cromlechs d’Okabe, datant de l’âge du fer. Ces monuments funéraires paraissent modestes au regard des dolmens bretons. Puis vient une émotion. Voilà trois mille ans qu’ils sont là, vestiges de civilisations pastorales qui honoraient leurs morts sur le mont Okabe, au carrefour de plusieurs chemins de pasteurs. Les défunts étaient brûlés, leurs cendres entourées par des pierres en cercle à moitié enfouies dans la terre, et recouvertes à la manière d’un petit tumulus. Le paysage qui leur sert d’écrin n’a pas bougé, seuls le tracé du GR10 et un panneau explicatif sont nouveaux ici.

Après un échange chaleureux avec des chevaux pâturant en liberté, le sommet nous ouvre un beau pano- rama sur la forêt d’Iraty à l’étonnante forme en cœur.
Échange chaleureux avec des chevaux pâturant en liberté. © Stéphane Gautier / Détours en France

Voilà enfin le sommet, à 1 466 mètres d’altitude. À nos pieds, l’Espagne et une vue plongeante sur la forêt d’Iraty qui a pris la forme d’un cœur. On prend le temps de savourer l’air pur, le vol majestueux des rapaces. Nous n’aurons pas la chance de croiser des gypaètes barbus, on n’en dénombre que trois couples au Pays basque... Autour de nous, des chevaux sauvages tolèrent notre présence, avant un départ au galop. Un vent de liberté souffle et nous enivre. Il nous faut malheureusement redescendre, en suivant une partie du GR10. En bas nous attendent les fromages de Pauline pour nous consoler.

Panorama sur la forêt d’Iraty à l’étonnante forme en cœur.
Panorama sur la forêt d’Iraty à l’étonnante forme en cœur. © Stéphane Gautier / Détours en France
Sources

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