Maisons rouges et blanches, frontons de pelote basque, produits de terroir uniques, montagnes vert pomme... vous aimez la variété et les régions à forte identité ? Cet itinéraire est fait pour vous. On ne connaît guère de territoires en France qui cumule autant de particularismes que le Pays basque. Avec des routes sinueuses à grand spectacle sautant de vallées en cols étroits, l’hésitation n’est plus permise. Au volant ! Saint- Jean-de-Luz est un excellent spot pour entamer l’équipée. On aime cette cité pour ce qu’elle est, une ville basque portuaire doublée d’une station balnéaire accueillante. Les deux cohabitent mais le trop-plein menace l’été. La pêche au thon rouge (en juillet), maquereau, merlu, bar... contiue de nourrir des familles luziennes et d’animer les quais entre Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, où se trouve la criée. Le barnum touristique, lui, s’étale sur les « planches », face à la baie, et dans les rues du centre- ville, où l’on vient visiter la maison Louis XIV et l’église Saint-Jean-Bap- tiste. Le Roi-Soleil et Marie-Thérèse d’Autriche s’y marièrent, en 1660. Le dénominateur commun de cette fréquentation disparate s’appelle les Halles. Superbe ambiance dans ce lieu mêlant locaux, Parisiens et Bordelais en vacances... et endroit idéal pour faire ses emplettes avant de prendre la route.

Étape à Sare, "village contrebandier"

La D918 puis la D4 mettent le cap sur Sare. La première rejoint Ascain, posé de part et d’autre de la rivière Nivelle. Le village est dominé par la silhouette de la Rhune, montagne culte du territoire. Un petit train la gravit en 35 minutes et c’est une excursion inévitable car d’en haut, la vue à 360° sur tout le Pays basque est extra. Sare ne peut être occulté. Sa frontière commune avec l’Espagne lui a valu la réputation de «village contrebandier». Avec ses quartiers champêtres aux superbes maisons labourdines, ses chemins de montagnes et ses traditions, dont le bruit sec de la balle frappant le fronton de pelote, Sare est un phare de la culture et de l’identité basques. Au-delà, voici Ainhoa et Espelette. Le premier est une vraie carte postale du village basque, avec ses maisons rouges et blanches à pans de bois. Le second n’est plus à présenter. Ses cordages de piments rouges accrochés aux façades ont construit sa légende. Itxassou est l’étape suivante. Non seulement le village séduit par ses maisons typiques et sa délicieuse confiture de cerises, mais il ancre un souvenir mémorable dans l’esprit des camping-caristes équipés d’une petite voiture. La raison ? L’exceptionnelle route (interdite aux vans) qui, depuis le village rejoint le col de Légarré, puis grimpe jusqu’au pied de l’Artzamendi (926 m), avant de redescendre à Itxassou via les rives de la Nive. En chemin, chevaux pottoks en liberté, vues plongeantes et... un fronton de pelote abandonné au milieu des prés. Splendide.
Forêts pluvieuses des Aldudes

La D 918 grimpe ensuite jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port. Mieux vaut s’y rendre en arrière-saison, sa notoriété lui vaut l’été une surfréquentation dommageable. Avant d’arriver, petit détour par Saint-Étienne-de-Baïgorry. Depuis Saint-Martin-d’Arrossa, la D 948 rejoint cette commune des bords de Nive, dominée par le château d’Etxauz. Un vieux pont, des quartiers éclatés en fonds de vallée, l’accès aux forêts pluvieuses des Aldudes (36 km aller-retour jusqu’à Urepel), les brebis Manex (leur lait est la base de l’excellent fromage Ossau-Iraty)... : le centre de gravité du Pays basque n’est pas loin d’ici !

Un autre plaisir de bouche attend à Irouléguy : le vin. Monté en gamme depuis quelques années, il accompagne désormais les meilleures tables. À voir : la cave viticole et de jolis paysages de vignobles le long de la D15. Saint- Jean-Pied-de-Port s’enorgueillit de sa citadelle du XVIIe siècle, surplombant un labyrinthe de ruelles médiévales. C’est tôt le matin qu’il faut parcourir la ville. Elle retrouve sa grâce notamment le lundi, jour de marché.
Col d'Orgambidesca, grand site de migration d'oiseaux
Reste à tutoyer les dieux... basques. Sur 50 km, les D 18 et D 19 conduisent à Larrau, franchissant cols et forêts.Une longue route en lacets entre Basse-Navarre et Soule, des montagnes vertes, d’immenses bois de hêtres, un pastoralisme vivace (brebis, bovins), des adresses de gourmets...: en franchissant les cols d’Haltza et d’Orgambidesca (1284m, grand site de migration d’oiseaux de juillet à novembre), en traversant Lecumberry et Mendive, en croisant la splendide chapelle Saint-Sauveur, la palette infinie de la grande nature et du patrimoine basque entre en scène. C’est l’effet Iraty, du nom de la forêt qui borde ces hauts versants. Cerné de sommets doux, Larrau et sa rusticité campagnarde constituent une belle halte après cet incroyable spectacle.
Sainte-Engrâce, magnifique et isolée étape du Pays basque

La D26 dévale ensuite le long du gave de Larrau, sinuant jusqu’à Mauléon. À l’intersection avec laD113, une route à droite grimpe à Sainte-Engrâce. Ce village de Haute-Soule est considéré comme l’un des plus ardents témoins de la ruralité basque. Magnifique et isolé, il déploie ses quartiers et ses maisons austères au flanc des versants pyrénéens. Parmi les 200 habitants, on trouve des retraités et une vingtaine de familles paysannes. L’agriculture et le tourisme ont leur mot à dire pour maintenir les gens sur ces aires de montagnes, incarnations vibrantes de l’identité basque.