Détours en France : Rêver et visiter, apprendre et voyager, se divertir et voir la France autrement

On a descendu la Nive en rafting

À Bidarray, à35kmausud de Bayonne, embarquement immédiat pour une incroyable descente en rafting, entre montagne et voie fluviale. Une excursion de deux heures en eaux vives jalonnée d’une randonnée aquatique, de petits sauts de rochers et de nage dans les rapides. À Bidarray, à 35 km au sud de Bayonne, embarquement immédiat pour une incroyable descente en rafting, entre montagne et voie fluviale. - © Stéphane Gautier / Détours en France

Publié le par Sophie Denis

Pas besoin de se rendre en plein cœur des Pyrénées pour se livrer aux joies du rafting ! À quarante kilomètres de la côte, le spot de Bidarray procure de belles sensations aquatiques au fil de la Nive, rivière fantasque et joyeuse.

La Nive, on la connaît parce qu’elle sert d’écrin aux pimpantes façades du vieux Bayonne avant de se jeter dans l’Adour et finir sa course dans l’océan. Pour certains, une rivière placide, presque fade, du genre de celles qu’on oublie sitôt enjambées. D’où la surprise à découvrir qu’elle se prête aux joies toniques du rafting, activité que l’on voit plutôt du côté des déclivités pyrénéennes.

Rafting ? Canyoning ? Souvent, on confond les deux activités. « Le rafting, c’est la descente d’un cours d’eau dans un gros canot pneumatique, précise Jean-Daniel, notre moniteur. C’est ce que nous allons faire. » Juste pagayer au fil de l’onde fraîche ? Ça me va. « Vous allez aussi vous initier au canyoning, escalader un rocher, sauter dans l’eau, nager dans les remous. » Ah...

Apprentissage express

Avant le départ, nous enfilons nos tenues en néoprène et prenons connaissance des consignes de sécurité et des règles pour les manœuvres. Quelques mises en pratique plus tard, nous voilà partis à l’assaut des rapides turbulents de la Nive.
Avant le départ, nous enfilons nos tenues en néoprène et prenons connaissance des consignes de sécurité et des règles pour les manœuvres. Quelques mises en pratique plus tard, nous voilà partis à l’assaut des rapides turbulents de la Nive. © Stéphane Gautier /Détours en France

L’heure est à l’enfilage de la combinaison. C’est du néoprène et ça ne glisse pas. Au vu de la température extérieure, je m’étonne qu’on doive s’en munir : on va mourir de chaud ! Mais aussi flotter sans effort, ce qui me paraît une bonne chose. Du coup, j’opte pour une sans manches. Pendant qu’on se tortille pour se glisser à l’intérieur, Jean-Daniel nous donne ses instructions. Chacun sa pagaie et on obéit toujours aux consignes. « Quand je dis “go”, vous pagayez en avant ; “back”, vous pagayez en arrière. » Facile. Attention, ça se corse avec « pizza », une expression « jean-danielesque » qui veut qu’on s’accroupisse à l’intérieur du canot, pagaie devant nous à la verticale. « C’est pour les manœuvres délicates, quand on descend un rapide. » Parce qu’il y a des rapides ? L’heure du départ est arrivée, je m’installe à l’arrière du radeau, à côté du prof. Comme les autres, j’ai une fesse sur le rebord, une jambe repliée à l’intérieur pour pouvoir réagir vite aux consignes.

Six à pagayer de concert, le rythme est vite pris. Le canot glisse à bonne allure, il y a du courant, et un bon niveau d’eau malgré la chaleur. « La Nive est une rivière très abondante, alimentée par des torrents de Basse-Navarre. Il est rare qu’elle manque d’eau », explique notre guide. Je me laisse aller au plaisir de la descente, je savoure le cocon de chlorophylle qui nous enveloppe et ses dégradés de verts : profond pour la rivière, émeraude pour les coteaux alentour…

Une excursion de deux heures en eaux vives jalonnée d’une randonnée aquatique, de petits sauts de rochers et de nage dans les rapides. Une aventure ludique et pleine de surprises dans ce coin de nature unique.
Une excursion de deux heures en eaux vives jalonnée d’une randonnée aquatique, de petits sauts de rochers et de nage dans les rapides. Une aventure ludique et pleine de surprises dans ce coin de nature unique. © Stéphane Gautier / Détours en France

« Pizza ! » J’ai un temps de retard pour m’agenouiller dans le canot. Ça ira pour cette fois, semble dire le regard moqueur du moniteur. Au-dessus de nous, un rapace nous suit : un vautour fauve. Emblématique des Pyrénées, il a bien failli disparaître avant que sa réintroduction dans les années 1970 ne le sauve de l’extinction. Aujourd’hui, on recense plus de 1 000 couples dans le département. On en voit beaucoup dans les environs de Bidarray, qui compte une réserve. « Ils se nourrissent des animaux morts dans les estives », précise Jean-Daniel. Un charognard donc.

Baignade au soleil

Quelques « pizzas » plus tard, nous voilà rodés à la manœuvre. Tant mieux, car les remous se font plus nombreux et un poil plus impressionnants. Nous exécutons à la lettre les consignes. Parmi les rochers qui nous entourent, viser le gros en face, nous agenouiller dans le canot, heurter l’obstacle qui nous propulse en arrière et fait rebondir le canot dans le courant. On dirait un jeu de stratégie. L’heure de la pause sur une petite plage de galets arrive enfin. Jean-Daniel nous montre les plantes endémiques : ici, l’osmonde royale, cette fougère qui était censée repousser les attaques du démon selon la croyance médiévale ; là, le montbretia, sorte de petit glaïeul à fleurs rouges utilisé par les sorcières basques pour les philtres d’amour ; enfin, la discrète saponaire avec laquelle nous nous frottons les mains pour faire de la mousse.

« Pour votre premier essai de canyoning, on va remonter la berge jusqu’au tronc d’arbre, sauter dans l’eau, et se laisser porter dans les remous. » Quand j’apprends qu’il faut être bien à l’horizontale dans l’eau pour éviter de cogner un obstacle et qu’il faut gérer son arrêt à la force du poignet en s’accrochant à un rocher, je déclare rapidement forfait.

Deuxième arrêt un peu plus loin. Jean- Daniel propose de sauter du haut d’un gros rocher. Il fait très chaud et l’onde est si claire que je ne résiste pas. L’eau fraîche s’insinue sous ma combinaison, la sensation est agréable. Comme mes camarades, je me mets sur le dos et me laisse doucement porter par le léger courant – fesses bien rentrées pour ne pas heurter un rocher caché –, avec les bras croisés sur la poitrine : je me sens comme une petite loutre en train de se prélasser au soleil. Au-dessus de nous, dans le bleu profond du ciel, le vautour fauve nous gratifie de quelques passages. Pas du tout inquiétant, juste magnifique.

Après la sortie en rafting, direction Larceveau, à une trentaine de kilomètres à l’est de
Après la sortie en rafting, direction Larceveau, à une trentaine de kilomètres à l’est de Bidarray. Là, nous attend la maison Harris Iguzkitan, centre d'interprétation de l'art funéraire basque. © Stéphane Gautier / Détours en France
Ce parcours à ciel ouvert présente une centaine de stèles discoïdales sculptées en champlevé. Également appelées « hilarri » (de hil«mort»et arri « pierre »), elles datent pour les plus anciennes du xvi e siècle
Ce parcours à ciel ouvert présente une centaine de stèles discoïdales sculptées en champlevé. Également appelées « hilarri » (de hil«mort»et arri « pierre »), elles datent pour les plus anciennes du XVIe siècle. © Stéphane Gautier / Détours en France
Sources

Sujets associés