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Une balade à vélo au pied du mont Ventoux

Par Vincent Noyoux

Au pied du mont Ventoux dans le Vaucluse, les villages de Bédoin, Malaucène et Sault accueillent tout au long de l’année des bataillons de cyclistes venus se frotter au Géant de Provence. Une atmosphère de Tour de France flotte sur ces trois villages du Vaucluse. Le temps d’une balade et d’une ascension du mont Ventoux (aussi appelé le « mont Chauve) , on encourage les cyclistes.

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Dix heures du matin à Bédoin. Les cyclistes amateurs encombrent déjà le magasin de cycles d’Olivia Cascino. On vient changer une chambre à air, acheter un bidon, faire tamponner sa carte de « Cinglés du Ventoux », une étrange confrérie sportive dont les membres doivent accomplir, en un jour, trois ascensions du mont par l’une des trois routes principales : Bédoin, Sault et Malaucène.

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"Posé sur sa plaine, le Ventoux ne commande aucune vallée, il ne fait passer nulle part. Il ne sert à rien qu'à être grimpé", réflexion d'un autre toqué de "petite reine", l'écrivain Paul Fournel.

L'ascension au départ de Bédoin...

« L’ascension au départ de Bédoin est la plus difficile et la plus renommée : 21 kilomètres d’ascension, 1 600 mètres de dénivelé, une pente de moyenne de 7,5 % et quasiment aucun répit », résume Olivia en décrochant un cadre neuf suspendu au plafond. Cette ancienne championne junior de VTT a grimpé une bonne cinquantaine de fois sur le « mont Chauve », avec un record personnel en 1 heure 26 minutes. « Jeannie Longo, qui courait le même jour que moi, a mis 1 heure 21 », précise-t-elle dans un sourire rayonnant. Mieux vaut aimer causer vélo quand on s’aventure au pied du mont Ventoux. Au café où l’on prend son petit noir en cuissard, chez le maraîcher où l’on glisse quelques brugnons dans sa musette…

L’empressement des cyclistes à bichonner leur matériel avant de se mesurer à l’un des mythes du Tour de France est vite communicatif. On en oublierait presque de visiter le village, charmant dédale de ruelles provençales semées de fontaines d’eau fraîche. Une calade mène tôt ou tard au sommet d’une butte où trône l’église Saint-Pierre. La vue est belle, mais les amoureux de la petite reine sont déjà partis. Nous remontons en voiture la longue file des candidats du jour : des hommes, des femmes, des jeunes, des chenus, des athlétiques, des bedonnants, et même un étudiant sur un monocycle ! Au virage de Saint-Estève, les choses sérieuses commencent. Les chênes verts et les cèdres fournissent encore une ombre salvatrice, mais au chalet Reynard, le paysage se dénude brusquement. Un désert de pierre… Le soleil tape dur sur la caillasse blanche, éboulis calcaire que l’on doit à l’érosion et à des siècles de surpâturage et de déboisement intensif. Dans ce no man’s land hostile et venté, les cyclistes ahanent. Les plus faibles zigzaguent dangereusement, non sans évoquer le calvaire de Tom Simpson, mort ici en 1967. Une stèle dédiée au champion britannique offre l’occasion d’une pause émouvante à quelques lacets du sommet. Les cyclistes ôtent leur casque et se recueillent quelques instants, laissent un bidon ou déposent une pierre, avant d’enfourcher leur vélo.

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Chaque mois de juin, plusieurs milliers de moutons traversent la plaine pour rejoindre les alpages de la face sud du Ventoux.

Le mont Ventoux, une dangereuse ascension

Depuis sa première ascension en 1951, le mont Ventoux n’a été gravi qu’à 15 reprises par les coureurs du Tour de France, dont neuf arrivées au sommet. Parmi les vainqueurs entrés dans la légende : Charly Gaul, Raymond Poulidor, Eddy Merckx, Jean-François Bernard, Marco Pantani, Richard Virenque. Mais le Ventoux a aussi ses martyrs. Le 13 juillet 1967, Tom Simpson y trouve la mort. Chaleur, fatigue, déshydratation, amphétamines, cognac offert par les spectateurs… Le cycliste britannique décède d’un collapsus cardiaque devant les caméras de télévision. « Le Ventoux est un dieu du mal, auquel il faut sacrifier. Véritable despote des cyclistes, il ne pardonne jamais aux faibles », écrivait Roland Barthes.

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Si Bédoin est connu pour sa petite production viticole classée en AOC, les candidats à l'ascension du mont Ventoux font plutôt provision d'eau fraîche à la fontaine du village.

Au sommet, à 1911 m d'altitude

Plus loin, les vainqueurs du jour posent au pied de l’antenne relais. Le bonheur culmine à 1 911 mètres ! Le regard embrasse la Drôme et les Alpes, la montagne de Lure et le Luberon, les Dentelles de Montmirail… Il faudrait plus d’attention pour apercevoir le pavot du Groenland ou la campanule des Alpes, mais les cyclistes n’ont d’yeux que pour la route bitumée. À l’ouest, nous traversons une forêt de pins noirs d’Autriche et rejoignons Malaucène. Des équipes d’amateurs ont posé leurs vélos en tas contre un platane et trinquent à la bière fraîche. Ils en ont fini avec le Ventoux et s’apprêtent à regarder l’étape du jour à la télé du bistrot. Deux ravissantes Hollandaises rincent leurs jambes maculées de cambouis dans la fontaine. « Six heures aller-retour au départ de Malaucène, c’est beaucoup, mais c’était une première ! », rigolent-elles. Il faut en avoir un peu sous la pédale pour grimper les calades qui embaument la figue jusqu’au sommet de la petite colline de safre (molasse) dominant le village. La vue y est splendide sur le beffroi, l’enchevêtrement des toits de tuiles et la campagne plantée de cyprès.

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Juste encore assez de force pour écraser les pédales et négocier le dernier virage séparant de la victoire. Et il y a de quoi être fier : 21,6 km d'ascension à une pente moyenne de 7,5% (et des passages supérieurs à 11%). Cela ne peut que forcer le respect...

Sault, le plus beau des trois villages

En descendant le Ventoux à l’est par la D164, on rejoint Sault, sans doute le plus beau de nos trois villages d’étape. Les maisons coiffent le sommet d’un promontoire rocheux qui commande une vallée tapissée de champs de lavande, de blé et de petit épeautre. Des haies de cyprès et des mas provençaux parsèment cette campagne parfaitement harmonieuse que l’on admire depuis la grande promenade panoramique. Le Ventoux n’est plus qu’un dôme pelé et lointain. Les groupes de cyclistes en parlent encore tandis qu’ils flânent, le guidon à la main, parmi les ruelles fleuries de roses trémières et de bouquets de lavande. Aucun ne s’aventure dans la rue Rompe-Cul, une calade médiévale pas vraiment faite pour les boyaux de route ! Avec ses vieilles devantures en bois, ses brocanteurs et ses galeries d’art, Sault invite plutôt à la balade à pied.

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Perché sur son "acropole rocheuse", Sault a conservé une ambiance médiévale.