Moutier-d'Ahun, un des plus beaux villages du Limousin
Posé au bord de la Creuse, Moutier-d'Ahun est l'un des plus beaux villages du Limousin et l'un des préférés des Français ! Cette petite commune blottie dans la verdure s’enorgueillit d’une église abbatiale aux boiseries sculptées, considérées comme un pur chef-d’œuvre d’art baroque. Malgré sa faible population, Moutier-d’Ahun n’en reste pas moins un village animé regorgeant de commerces, de chambres d’hôtes et même d’une ancienne grange, accueillant désormais des évènements tels que des concerts de jazz ou des expositions. Focus.
Tapis rouge pour Moutier-d'Ahun
Son vieux pont roman en pierre du XIe siècle enjambant la Creuse, ses maisons basses en granit et aux toits de tuiles brunes, son bocage où paissent les fameuses limousines... Le charme préservé de Moutier-d’Ahun, au pied de collines boisées, opère immédiatement. Guère étonnant que le réalisateur Alain Corneau l’ait choisi, en 1991, pour tourner quelques scènes de Tous les matins du monde !
Quelque chose en plus
Le bourg, 160 habitants, a quelque chose que les autres villages creusois n’ont pas : une des églises les plus remarquables du Limousin, unique vestige d’une abbaye disparue. Mi-roman, mi-gothique flamboyant, cet édifice semble à première vue anodin... Pour découvrir sa richesse, il faut y pénétrer.
L’abside et le chœur sont décorés d’extraordinaires boiseries travaillées dans le chêne. Un retable à colonnes torsadées finement sculptées, décorées de scènes bucoliques, ou encore vingt-six stalles où fourmille tout un incroyable monde profane, superbement ciselé. Animaux, grotesques, personnages fantastiques, grappes de raisin, anges sur un dauphin...
Le lutrin est, lui aussi, une petite merveille : deux lions dos à dos sont sculptés dans le bois... Il faut admirer, également, la grille de la clôture du chœur ornée d’une croix où apparaît un singulier Christ bicéphale : l’un est tourné vers l’ouest crucifié, et l’autre, couronné et ressuscité vers l’est.
Tous ces chefs-d’œuvre d’art baroque sont nés à l’initiative d’une petite communauté de moines rattachés à l’ordre de Cluny. Les boiseries sont signées d’un artiste auvergnat, Simon Bauer, réalisées en deux campagnes, entre 1673 et 1681.
On doit la préservation de ces joyaux baroques à celui qui fut curé de la paroisse entre 1904 et 1963 : Jules Malapert – la place de l’église porte aujourd’hui son nom. Daniel Aucouturier, actuel président de la Société des amis de Moutier-d’Ahun déclare :
C’est le découvreur des boiseries. Il consacra sa vie à sauvegarder, restaurer ce chef-d’œuvre qui, à la Révolution, avait été badigeonné d’un enduit au lait de chaux ! C’est lui qui a remis tout au jour, on le surnommait d’ailleurs l’abbé gratteur !
Une grande activité culturelle
Loin d’un village figé dans le temps ou assoupi, Moutier, aussi petit soit-il, est vivant, comme le soulignent ses commerces aux devantures soignées et ses chambres d’hôtes douillettes. Le petit bourg est même aujourd’hui loué pour son dynamisme culturel. Une ancienne grange – La Bergerie – a été minutieusement restaurée pour accueillir concerts de jazz, lectures ou expositions de grande qualité.
« C’est Jacques Lagrange, le peintre et cartonnier de tapisseries, qui, en allant à Aubusson, tomba sous le charme du village et lança une souscription pour sa création », rappelle Daniel Aucouturier, qui dirige aujourd’hui le lieu culturel. Quant à la Métive, installée dans l’ancien moulin réhabilité de l’abbaye, c’est désormais une résidence d’artistes renommée. Du monde entier, photographes, danseurs, peintres ou musiciens viennent puiser, dans ce cadre enchanteur empreint de silence et de sacralité, l’inspiration.
Ombres et lumières d'une abbaye
Tout commence en 997 lorsque Boson II, comte de la Marche, offre à l’abbaye d’Uzerche, en Corrèze, une petite église dédiée à Notre-Dame, élevée au bord de la Creuse. Un monastère bénédictin voit le jour à Moutier-d’Ahun. Très vite, il prospère et devient indépendant de l’abbaye d’Uzerche. Une nouvelle église abbatiale, au XIIe siècle, est élevée, plus grande, plus belle.

Il faut attendre 1610 pour que l’église renaisse de ses cendres, lorsqu’une poignée de moines, rattachés à l’ordre clunisien, décident de réinvestir les lieux. L’église abbatiale est paroissiale depuis 1844.
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