La côte, la côte, la côte… Et si l’on quittait un temps les rivages bretons des Côtes-d'Armor, même splendides, pour s’immiscer dans les replis de l’Argoat, ces terres intérieures souvent délaissées par les touristes ? Elles offrent aussi de magnifiques occasions de balades pour les amoureux de nature. Une dizaine de kilomètres au sud de Lannion, on oublie donc le mirage littoral pour pénétrer cette campagne bretonne humide, vallonnée, scandée de multiples hameaux agricoles isolés. Là se trouve le château de Tonquédec, puissante forteresse dont l’origine remonte au XIIe siècle. Posé au-dessus du Léguer, ce bastion seigneurial tour à tour démantelé, reconstruit puis restauré, est le point de départ d’une randonnée en boucle dans la vallée. Bienvenue dans les replis ombragés d’un joli fleuve côtier.
Le long d'une rivière paisible

Du château, il faut descendre la route et rejoindre la rivière. Puis franchir le pont sur l’eau noire et prendre à gauche le chemin qui remonte la rive vers l’amont. Pendant une trentaine de minutes, tout n’est que tranquillité fluviale. Sous la frondaison apaisante, l'eau s’écoule entre les rochers, tantôt ralentie, tantôt torrentielle, et s’anime d’une petite vie animale. À droite, des prairies profitent de l’humidité pour produire une herbe grasse. Le Léguer n’est pas une rivière comme les autres. Une partie de son parcours bénéficie du label « Site Rivières Sauvages ». Cette distinction récompense des cours d’eau pour leur naturalité préservée et la bonne gestion de leur biodiversité. Seule une trentaine de rivières est labellisée en France.

Le Léguer peut ainsi se prévaloir de la présence de saumons, de loutres et de nombreuses chauves-souris. Au pont-passerelle, plusieurs options sont possibles. On peut grimper à droite jusqu’au château de Kergrist mais l’on dévie alors de notre itinéraire. Mieux vaut poursuivre tout droit le chemin menant à peine plus loin à une noble bâtisse ruinée, portant au-dessus de sa porte en ogive une inscription murale et une date, 1578. C’est l’imposant logis du moulin de Kergrist, dont quelques pans de murs subsistent à côté. À l’intérieur, une vaste cheminée témoigne de l’importance passée du site. En revenant vers le pont, un second chemin s’élève à gauche dans la forêt. Celui-là mène en une dizaine de minutes à Runefau, un minuscule hameau où trône une sobre et élégante chapelle en granit. Dédiée à saint Fiacre, patron des jardiniers, elle date de la première moitié du XVIe siècle et se distingue par son plan asymétrique et son fin clocher. Aucun panneau ni âme qui vive ne sont là pour nous informer, aussi le retour au Léguer s’impose-t-il via le pont-passerelle, derrière lequel se tient une jolie maisonnette en pierre.
Roche « miraculeuse »

Après un nouveau cheminement en sous-bois, cette fois rive droite et toujours vers l’amont, un gros chêne annonce la remontée dans le vallon. Quelques mètres plus loin surgit, à droite, une fontaine de dévotion très bretonne. Surmontée d’une croix, sa fonction chrétienne ne fait aucun doute. Pourtant, l’atmosphère assez mystérieuse du lieu, avec le glouglou de l'eau et les pierres moussues, nous fait penser qu’elle pourrait tout aussi bien avoir des origines celtiques. Plus haut, un gros bloc de granite, le rocher de la Vierge, a d’ailleurs longtemps eu une fonction « surnaturelle ». Jadis, les mères dont les enfants marchaient avec difficulté venaient implorer les puissances divines de les guérir de leur infirmité.
Croix-calvaire et chapelle

La marche se poursuit et conduit hors du vallon, au hameau de Kerrivoalan. Arrêt devant sa très jolie chapelle, également en granit mais cette fois symétrique, car en « triangle ». Elle est devancée par une croix-calvaire qui donne à l’ensemble un cachet très « Bretagne intérieure ». On dépasse le hameau de Kernalégan et son lavoir caché dans la végétation, où l’on remarque la présence d’un immense gunnera, plante à larges feuilles originaire du Mexique. Par des chemins creux recouverts d’arbres, le chemin redescend pour franchir un ru affluent du Léguer, remonte au milieu des prairies en traversant les hameaux de Kerbabu et Kerbastel, avant de retrouver les imposantes fortifications de Tonquédec.
Où se trouve la rivière du Léguer ?
Le Léguer est un petit fleuve sauvage qui se jette dans la Manche, au nord de la Bretagne, et à l'ouest du département des Côtes-d'Armor. Riche en saumons, le cours d'eau prend sa source au lieu-dit "Pen Léguer", dans le village de Bourbiac, puis traverse le Trégor pour terminer sa course dans la baie de Lannion.
PRATIQUE
Circuit : « Châteaux, bois et chapelles ». Distance et durée : 9 km, compter 3 h. Départ et arrivée : château de Tonquédec. Balisage rouge et blanc GR34A jusqu’au pont sur le Léguer, puis balisage jaune. Informations : office de tourisme côte de Granit rose et communauté de communes du Centre Trégor (lannion-tregor.com).