Essoyes, une bulle de sérénité
Ce chef-lieu de l'Aube est célèbre pour avoir accueilli Auguste Renoir qui y trouva, chaque été durant trente ans, inspiration et modèles. La visite du village ressemble à s’y tromper à un voyage dans l’oeuvre du peintre !
Pour vous rendre à Essoyes, commencez par musarder dans l’océan de vignes que forme la côte des Bar. Vite, vous vous rendrez compte que le village porte l'empreinte d’Auguste Renoir, qui épousa Essoyes avec la même ferveur que sa femme, native du pays. Mais la bourgade ne se résume pas aux seules traces laissées par ce génie de l’impressionnisme.
Son histoire : un peintre
L’église Saint-Rémi, presque orgueilleuse avec ses allures de cathédrale, la chapelle Saint-Bernard où Bernard de Clairvaux, directeur de conscience de l’ordre cistercien, venait se ressourcer, les maisons à pans de bois et murs en torchis bordant la rivière, le château Hériot (Auguste de son prénom, cofondateur des Grands Magasins du Louvre) et son parc… sont à découvrir.
Tout commence en 1880, dans une crémerie de la rue Saint-Georges à Paris. Le peintre tombe sous le charme d’une certaine Aline Charigot. Cette jeune femme de dix-huit ans sa cadette, venue gagner sa vie à Paris, est originaire d’un bourg viticole de l’Aube : Essoyes.
Ce que j’aime, surtout, c’est la sérénité
Amoureux, l’impressionniste se rend dans le village natal de la demoiselle (qui deviendra madame Renoir en 1892). Coup de coeur à nouveau : il s’entiche des environs, au point d’y louer dès 1882 un logement, puis d’y acquérir une modeste maison. Jusqu’à sa mort, il reviendra chaque été y puiser l’inspiration.
On ressent bien une certaine sénérité en parcourant les ruelles sinueuses du village, bordées de maisons à pans de bois et dominées par l’harmonieux clocher néogothique de l’église. Le bourg est traversé par l’Ource, une rivière que Renoir idolatrait :
De l'argent en fusion
Aujourd’hui visiter Essoyes revient à se plonger dans les tableaux du peintre, tant le village a peu changé. Voyez L’église d’Essoyes, Chemins montant dans les hautes herbes ou encore Paysage à Essoyes… « Je suis en train de paysanner en Champagne pour fuir les modèles coûteux… », expliquait Renoir avant de réaliser qu’il devient « de plus en plus campagnard ».
Le peintre trouvera auprès des villageois l’inspiration pour sa série des Laveuses ou du Repas des vendangeuses. Il y dénichera son modèle le plus illustre en la personne de Gabrielle Renard, nourrice de son fils Jean, qui posera souvent pour lui à Essoyes ou ailleurs.
« Avec sa facilité à s’adapter partout, il fut, en très peu de temps, regardé par les gens du pays comme un des leurs, ce qui est bien la plus grande marque d’estime que l’homme des champs puisse donner au citadin », décrivait Ambroise Vollard, son ami marchand.
Pourtant, à la fin des années 1890, Renoir, souffrant d’arthrite, est un homme malade, bientôt agrippé à son fauteuil roulant. « En vieillissant, il ne voulait retenir que la beauté de la vie. Pratiquement paralysé, rivé à son fauteuil, il vivait dans ses tableaux pour échapper à la douleur », analysait pour Paris Match son arrière-petite-fille Sophie, comédienne.
Sur ordre des médecins, il doit cependant se rendre dans le Midi pour soigner ses rhumatismes. La maison des Collettes à Cagnes-sur-Mer achetée en 1907 devient même sa résidence principale. Mais jamais il n’oublie la lumière de l’Aube et continue de s’y rendre dès qu’il le peut. Il souhaite même y être enterré.
Sa tombe, ornée d’un buste sculpté par Richard Guino, côtoie celles de ses deux derniers fils, Jean (le cinéaste) et Claude (le céramiste). Il aurait demandé à son aîné, Pierre (l’acteur) : « Ne me fais pas poser une pierre trop lourde, afin que j’aie la force de la soulever si quelquefois l’envie me prend d’aller me promener dans la campagne. »
Renoir à l'honneur
Le village perpétue aujourd’hui avec ferveur le souvenir du peintre Auguste Renoir (1841-1919). Ainsi, plusieurs toiles du maître impressionniste sont reproduites dans les rues du village : celui-ci a d’ailleurs si peu changé que peintures et façades s’accordent encore parfaitement.
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