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Top 10 des activités à faire à Reims

La cathédrale de Reims, classée au patrimoine mondial UNESCO. © Bertrand Rieger / Détours en France

Publié le par Philippe Bourget

Les rois de France y furent intronisés, le champagne y est désormais couronné. Ce double statut vaut à Reims un air cérémonieux, fondé sur une certaine opulence et affirmation de soi. Éclectique, le patrimoine balaye plusieurs styles référents. Consacrés, les arts de la table répondent à des traditions établies. Visite d'une précieuse au sang noble.

Incontournable cathédrale de Reims

© Bertrand Rieger / Détours en France

Il faut s'y présenter tôt le matin, avant que la noria des visiteurs n'investisse la place du parvis. Face à soi, pour soi, voilà la cathédrale la plus illustre du pays, avec celle de Paris. Chef-d'œuvre gothique entamé en 1211, Notre-Dame, c'est aussi son nom, a sacré les rois de France. Depuis Louis le Pieux en 816, fils de Charlemagne, 34 furent couronnés à Reims. On peut admirer la statuaire symbolique les représentant dans la galerie des Rois, peloton de souverains alignés en partie haute de la façade et des tours, de part et d'autre de Clovis. C'est bien parce qu'en 498 ce dernier fut baptisé ici par saint Remi que la tradition échut à l'archevêque de Reims de sacrer les rois de France. Un rite d'allégeance au christianisme autant que l'affirmation d'une monarchie de droit divin. L'onction par l'huile sacrée de la Sainte Ampoule, qui aurait servi à bénir Clovis, a perpétué le cérémonial jusqu'au couronnement de Charles X, en 1825. On imagine le gain pour la ville. Un Westminster version française, avec apparat et cour d'honneur ! En 1328, il faut 60 000 litres de vin pour abreuver Philippe VI, sa suite et le peuple. En 1722, plus de 1 300 personnes composent la cavalcade de Louis XV se rendant à l'abbaye Saint-Remi, dans une débauche fastueuse. Pour le sacre de Charles X, un millier de personnes doivent être logées en ville.

Autour du Palais du Tau

© Bertrand Rieger / Détours en France

À droite de la cathédrale se tient le palais du Tau. Devenu « musée des sacres », ce bâtiment archiépiscopal rassemble une collection exceptionnelle (calice du sacre, fauteuil de Charles X, reliquaire de la Sainte Ampoule… ). Il fut le lieu de résidence des rois durant leur séjour à Reims. C'est aussi là que se déroulait le festin final, dans la grande salle du palais. Cathédrale, palais du Tau et ancienne abbaye Saint-Remi sont inscrits depuis 1991 au patrimoine mondial par l'Unesco. Parler des rois à Reims, c'est aussi découvrir la place… Royale. Dessinée sous le règne de Louis XV après son sacre ici en 1722 - il avait alors 12 ans et fut le premier roi à boire du champagne ! -, cette place à arcades très académique porte en son centre la statue de Louis XV (dont on a fêté le 300e anniversaire de son couronnement en 2022). De nos jours, la sous-préfecture, ancien hôtel des Fermes, y rappelle le rôle de l'État centralisateur. À côté, la place du Forum témoigne d'une autre période, l'Antiquité, quand Reims s'appelait encore Durocortorum. Sous la place s'étend le cryptoportique gallo-romain, galerie ayant servi de lieu de commerce et d'entrepôt. Avec, à 600 mètres de là, la porte de Mars, un des plus grands portiques connus du monde romain (30 mètres de long pour 15 de haut), on plonge dans un autre univers monarchique, celui des empereurs romains et de leurs colonies continentales.

Dans les environs de l'hôtel de ville

© Bertrand Rieger / Détours en France

Retour aux temps des rois français, place de l'Hôtel-de-Ville. Le massif édifice aux décors empruntés à la Renaissance s'élève depuis le XVIIe siècle. Il porte sur son fronton central une sculpture équestre de Louis XIII, couronné à Reims en 1610. Le roi avait alors… 9 ans et sa mère, Marie de Médicis, assurera la Régence jusqu'en 1617. Le cœur de ville est l'occasion de passer en revue d'autres monuments témoins de l'éclectisme architectural. Le médiéval est illustré par l'église Saint-Jacques, rue Dormoy, seule paroisse rémoise datant de cette époque (fin XIIe siècle). Et par la Maison des Musiciens (XIIIe siècle), rue de Tambour, dont la splendide façade éclairée de statues d'instrumentistes a été récemment restaurée. Elle a pu appartenir à la confrérie des ménétriers.

De la Renaissance à l'Art Déco

© Bertrand Rieger / Détours en France

La Renaissance triomphe rue de l'Arbalète, avec l'hôtel Saint-Jean-Baptiste de La Salle. Bâti en 1545 pour un marchand drapier, il vit naître en 1651 celui qui impulsa une nouvelle éducation chrétienne pour les enfants (musée). XVIIIe et XIXe siècles dominent au musée des Beaux-Arts (1794), en rénovation jusqu'en 2025, ainsi qu'au Palais de Justice et à l'Opéra, l'un de style néogrec, l'autre néoclassique. Si un autre genre ponctue l'urbanisme rémois, c'est l'Art déco. Pour une raison simple : la ville fut détruite par les bombardements en 14-18 et une part de la reconstruction, menée dans les années 1920-1930, emprunta à ce style. On s'en rend compte en marchant sur le très chic cours Langlet, où trône l'hôtel de la Mutualité, à l'angle de la rue des Élus ; rue Carnot, avec les banques ; rue Cérès, où se trouve l'Hôtel des Postes… Mais l'exemple le plus abouti est la bibliothèque Carnegie. Construite grâce aux 200 000 dollars offerts en 1920 par la Dotation Carnegie pour la paix internationale, elle brille par son superbe hall d'entrée carré à coupole, lanterne et vasque et par sa salle de lecture, bijou Art déco à galerie, fermée par un hémicycle.

Architecture contemporaine et médiévale

© Bertrand Rieger / Détours en France

De l'Art déco au contemporain, il n'y a qu'un pas. Pour la beauté du geste, on jettera un œil à la médiathèque vitrée Falala (2002), face à la cathédrale, au complexe aqualudique UCPA Sport Station et son toit-vague (2020), à la Reims Arena voisine, salle de 9 000 places conçue par le cabinet Wilmotte (2021)… Ainsi qu'à l'esplanade Fléchambault et ses immeubles années 1960, intemporels, face au musée-abbaye Saint-Remi.  Car il faut bien revenir aux rois. L'imposante abbaye avait la garde de la Sainte Ampoule, nécessaire aux sacres. Son transfert à la cathédrale lors des couronnements est l'un des rites qui fait aujourd'hui encore la légende de Reims.

Gourmandises rémoises

© Bertrand Rieger / Détours en France

Rue de Mars, un samedi matin. Bienvenue dans l'artère des magasins gourmands la plus populaire de Reims. En guise d'introduction, on passe devant le Cellier, bel édifice à façade Art déco créé par Mumm en 1898. Sa porte ronde en forme de foudre ouvre sur un ancien lieu d'élevage du champagne. Quelques tours de roues et voilà que les commerces alimentaires jouent des coudes. Se côtoient un MOF Primeurs (« L'Artichaut »), un fromager réputé ou encore le chocolatier-pâtissier Caffet. Tant de commerces de bouche cachent quelque chose. En effet, au bout de la rue de Mars, se dressent les halles du Boulingrin, antre alimentaire de Reims. Inaugurée en 1929, la voûte de béton typique de la Reconstruction a été entièrement rénovée en 2012. Passée l'entrée où joue depuis des lustres l'accordéoniste Alain, figure de la ville, le brouhaha du marché l'emporte. Rituel rémois de fin de semaine : acheter des huîtres, du pâté croûte (spécialité champenoise), du chaource et aller se jeter une coupe de champagne au « Clos », le bar à vin voisin.

A vélo sur les Promenades

© Bertrand Rieger / Détours en France

Les agapes achevées, retour au vélo, direction les Promenades. Ce long corridor vert a été réaménagé récemment. On passe devant la maison de champagne en pierre et briques Charles de Cazanove (ex-maison Marie Stuart, 1923), avant de bifurquer à gauche place Drouet-d'Erlon. Place-avenue piétonne très touristique, elle est jalonnée d'innombrables cafés et restaurants-terrasses, de qualité inégale. La brasserie Excelsior et le restaurant Continental, face à face à l'entrée de l'artère, symbolisent sa vocation nourricière.

Depuis 1756, le fameux "biscuit rose''

© Bertrand Rieger / Détours en France

Deux ultimes haltes s’imposent pour clore le tour gourmand. Difficile en effet d’occulter le Café du Palais, vénérable institution de la famille Vogt depuis 1930, célèbre pour son décor « baroque » et ses desserts. Ni de fermer les yeux devant la boutique Fossier, cours Jean-Baptiste-Langlet – les « Champs-Élysées » de Reims. Si vous ne connaissez pas le biscuit rose, la lacune sera comblée. Car voilà une spécialité 100 % rémoise que cette maison produit depuis 1756. La recette aurait même été inventée avant mais, depuis le XVIIIe siècle, sa réalisation est entre les mains de cette fabrique. Son contenu ? Des œufs, de la farine, du sucre, de la vanille… et ce petit rien de « carmin de cochenille qui, avec la double cuisson, devient rose », révèle Karine Coleto, responsable de la boutique. Les Rémois l’achètent de préférence en sachet de 225 grammes, contenant 27 biscuits – on est maniaque ou on ne l’est pas ! Présenté jadis à la table des sacres, il est utilisé pour la pâtisserie (charlottes, bavarois… ) ou dégusté seul, trempé dans du champagne.

S'initier à la dégustation du champagne

© Bertrand Rieger / Détours en France

Puisque l'on parle du vin pétillant, si symptomatique de Reims, autant en connaître les bases avant de courir les caves. Parmi les adresses d'initiation, il y a Trésors de Champagne, rue Métra. La boutique, bar et atelier de dégustation représente 28 producteurs indépendants, tous récoltants-manipulants. Soit 200 références de champagnes. Où l'on apprend, dans le désordre : que l'on presse délicatement les raisins rouges pour obtenir un jus blanc ; que le côté pétillant survient après le tirage et l'assemblage, lorsqu'on embouteille le vin avec des levures et du sucre pour créer une seconde fermentation ; que le chardonnay donne des arômes acidulés, le pinot noir une saveur compotée, le pinot meunier un goût d'abricot-pêche…

Illustres maisons champenoises

© Bertrand Rieger / Détours en France

Zigzaguant légèrement, nous pédalons vers le « quartier » des sièges sociaux du champagne. Rue du Champ-de-Mars, nous passons devant la maison Louis Roederer, puis G.H. Mumm. Nous digressons un instant dans la chapelle Foujita, œuvre phare de l'artiste franco-japonais, remarquable par ses fresques et vitraux (1966). Et filons boulevard Lundy, hôte des marques nobles. Dans un souci d'apparat, les plus grandes maisons ont pris position autour de cet axe : Jacquart (hôtel Ruinart de Brimont) ; Louis Roederer encore (et son « palais » néoclassique) ; Irroy-Taittinger (hôtel Huet) ; Piper-Heidsieck (hôtel Mignot) ; Maison Krug (rue Coquebert)… Même le tramway joue des bulles : son museau vitré évoque une flûte de champagne.

Reste à filer plein sud vers le quartier Saint-Nicaise. Arrêt obligatoire chez Taittinger, plus grande maison de champagne indépendante. C'est le site historique de la marque. Ici sont élevées, dans 4 kilomètres de crayères souterraines creusées par les Romains, sous l'ancienne abbaye Saint-Nicaise, 2 millions de bouteilles grand cru « Comtes de Champagne ». « Avec leur température constante de 10 °C, ces caves permettent de stabiliser la fermentation », explique Jean-Pierre Redont, secrétaire général du prix culinaire « Le Taittinger ». Ambiance surréaliste dans ce gruyère blanc jaune où le remuage des bouteilles premium (160 € l'unité) s'effectue toujours à la main… Revenu au grand air, il faut pédaler encore pour passer devant les caves G.H. Martel & Co (rue des Créneaux), Veuve Clicquot Ponsardin (rue Albert-Thomas), Ruinart (rue des Crayères), première maison de champagne à avoir acheté des terrains sur la colline Saint-Nicaise, en 1768. À côté se tiennent le siège social de Charles Heidsieck, la Villa Demoiselle (Maison Vranken) et les 25 hectares du Clos Pompadour, siège et cave de la maison Pommery. Le champagne et la table à Reims : plus qu'un produit, un style de vie.

 

En savoir plus sur le champagne avec Vitalie Taittinger, présidente de la maison Taittinger

Qu'est-ce qui distingue votre maison des autres caves de champagne ?

D'abord le lieu. Le site des Crayères gallo-romaines raconte une page d'Histoire qui n'appartient qu'à lui. Le mille-feuille du temps autour des vestiges antiques et de l'ancienne église abbatiale Saint-Nicaise, du XIIIe siècle, est unique. Taittinger, c'est aussi l'empreinte du chardonnay et la capacité d'écrire des cuvées avec des raisins typés. La sensation caractéristique de la maison est de faire entrer quelque chose de minéral, de lumineux et, très important pour nous, de chaleureux.

Le champagne peut-il devenir un produit « courant », alors que deux tiers des bouteilles sont ouvertes entre Noël et le jour de l'An ?

On y vient, naturellement, parce que la « dimension vin » s'exprime de mieux en mieux dans la société. Nous avons besoin de vivre des moments exceptionnels dans un quotidien qui ne l'est pas toujours, on le voit bien avec le Covid. Chez Taittinger, cela fait aussi plus de cinquante ans que l'on décerne un prix culinaire. La gastronomie s'accorde avec le champagne et propose une expérience d'accord mets-vins riche de sens.

Quel est aujourd'hui l'axe de développement de la maison ?

Notre tentation est d'aller travailler à l'extérieur. Nous avons déjà un domaine viticole dans la Napa Valley, en Californie. Nous avons aussi investi dans le Kent, en Angleterre, et sommes focalisés sur ce territoire où les premières bouteilles de vins effervescents sortiront en 2023-2024. En termes d'opportunités de marchés, il existe encore beaucoup de possibilités aux États-Unis.

Vos questions les plus fréquentes

© Bertrand Rieger / Détours en France

Comment se déplacer à Reims?

À vélo : le réseau « Reims à vélo » composé de 11 lignes couvrant plus de 50 kilomètres pour découvrir la ville à deux-roues.

Où louer un vélo sur Reims?

Manu Loca Vélo. Rue Gaston-Boyer. Tél. : 06 51 27 24 10.

Location de vélos traditionnels ou à assistance électrique. 20 €/jour. Livraison sur lieu de résidence. Bon matériel.

Comment venir à Reims?

En transport en commun : 45 minutes de Paris avec le TGV Est, 3 h 30 depuis Lyon via deux TGV, 4 h 30 en partant de Bordeaux.

En voiture : environ 2 h depuis Paris via l'A4, 2 h 15 par l'A26 en partant de Lille ou encore environ 5 h depuis Lyon par l'A6.

Où se renseigner sur Reims?

Office de tourisme du Grand Reims. 6, rue Rockefeller. Tél. : 03 26 77 45 00. reims-tourisme.com

Où dormir à Reims?

Best Western Premier Hôtel de la Paix. 9, rue Buirette. Tél. : 03 26 47 75 04. bestwestern-lapaix-reims.com

Déco résolument design pour cet hôtel de cœur de ville d'esprit tendance. 163 chambres et suites, restaurant Café de la Paix (ambiance brasserie-terroir et bonne cuisine), piscine couverte, sauna, salle de sport… Chambre à partir de 185 € hors petit déjeuner.

Où boire et manger à Reims?

Café du Palais. 14, place Myron-Herrick. Tél. : 03 26 47 52 54. cafedupalais.fr

Brasserie historique de Reims. Formule champenoise à 35 € (assiette jambon de Reims et fromage, glace, verre de vin ou coupe de champagne), menu gourmand à 39 €, carte (salades et plats à partir de 19 €). Excellents desserts (île flottante, tarte aux pommes…)

Quand visiter la cathédrale de Reims?

Elle est ouverte tous les jours de 7 h 30 à 19 h 30 (19 h 15, dim. et jours de fête). Tél. : 03 26 47 55 34. cathedrale-reims.com

Visite guidée des tours : réservation au palais du Tau.

Quand et comment visiter le Palais du Tau?

2, place du Cardinal-Luçon. Tél. : 03 26 47 81 79. palais-du-tau.fr. Entrée : 8 €, gratuit pour les moins de 18 ans. Horaires selon saisons : voir site Internet.

Quand visiter la Chapelle Foujita?

33, rue du Champ-de-Mars. Tél. : 03 26 35 36 00. musees-reims.fr/fr/musees/la-chapelle-foujita

Comment faire pour visiter le Champagne Taittinger?

9, place Saint-Nicaise. Tél. : 03 26 85 84 33. cellars-booking. taittinger.fr

Visite des caves de 9 h 30 à 17 h 30. Réservation conseillée.

Comment trouver le Musée de la Reddition?

12, rue du Président-Franklin-Roosevelt. Tél. : 03 26 47 84 19.

musees-reims.fr/fr/musees/musee-de-la-reddition

C'est ici, le 7 mai 1945, que fut signée la capitulation nazie en Europe. Un lieu de mémoire immanquable. Entrée : 5 €.

Où se trouve la Bibliothèque Carnegie?

2, place Carnegie. Tél. : 03 26 77 81 41.

Dans son écrin Art déco, le bâtiment renferme des collections patrimoniales uniques au monde.

Où faire du shopping culinaire à Reims ?

Aux Halles du Boulingrin : marché mercredi, vendredi et, jour le plus important, samedi.

Pour le célèbre biscuit rose. Maison Fossier 25, cours Jean-Baptiste Langlet. Tél. : 03 26 47 59 84. fossier.fr

Ateliers de dégustation, masterclass (sur réservation), boutique… Trésors de Champagne 2, rue Olivier-Métra. Tél. : 03 26 48 28 42. boutique-tresors-champagne.com

Chocolaterie et pâtisserie de Pascal Caffet, MOF, spécialiste du praliné. Maison Caffet 34, rue de Mars. Tél. : 03 26 49 05 75. maison-caffet.com

Où sortir à Reims pour voir un spectacle?

Reims Arena, nouvelle salle événementielle. Concerts, spectacles, sport… reimsevents.com/fr/reims-arena

 

 

Sources

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