Château de Combourg et Chateaubriand, intimement liés
Comment pourrions-nous qualifier le château de Combourg ? Breton dans un premier temps, austère, granitique et peut-être même hanté. C'est là que François-René de Chateaubriand, un petit garçon sensible et doué, a passé son enfance. C’est à cette rencontre entre l’écrivain et le Château de Combourg que nous devons l’une des plus belles œuvres de la littérature française.
Un château brillant
Pour voir dans le château de Combourg un char à quatre roues, il faut bien avoir l’imagination d’un enfant ! Le petit François-René de Chateaubriand n’en manquait pas, et la sienne se trouva exacerbée en 1776 à la première vision du château que son père avait acquis quelques années auparavant.
Il faut dire que la forteresse est d’une beauté sévère, avec ses hautes murailles de granit et ses solides tours en poivrière. Un château de soldats, édifié dès le XIIIe siècle. Pas un château de contes de fées comme celui de Pierrefonds pour faire rêver les enfants. Pourtant, c’est cette rudesse même, de l’aveu de Chateaubriand, qui a forgé l’homme et l’écrivain, chantre du romantisme : les plus belles pages des Mémoires d’outre-tombe en témoignent.
L'histoire du château de Combourg
Bâtie au XIe siècle par l’évêque de Dol-de-Bretagne, le château de Combourg a appartenu aux Du Guesclin avant d’échoir à la famille Chateaubriand. Les parties les plus anciennes datent du XIIIe siècle, telle la tour du Maure, qui fut le donjon. La façade et les autres tours s’échelonnent sur les deux siècles suivants. L’extérieur du château que vous avez sous les yeux est à peu de chose près, celui qui berça l’enfance de Chateaubriand. Une exception : le perron, qui fut installé au XIXe. Il faut dire que Combourg fut plutôt malmené pendant la révolution, au grand désespoir de l’écrivain : « Le berceau de mes songes a disparu comme ces songes », écrit-il lors de son dernier séjour en 1801. Il faut attendre le milieu du XIXe pour que l’intérieur du château de Combourg soit restauré, dans un esprit néogothique inspiré par Viollet-le-Duc.
L’intérieur n’est donc pas celui que connut l’écrivain. Pourtant, on ne peut s’empêcher de l’imaginer ici ou là, lui ou les membres de sa famille : la chapelle, où allaient prier sa mère et sa soeur ; le grand salon où flotte le souvenir de son père, figure pâle et autoritaire : la salle des archives, aujourd’hui occupée par le mobilier de son dernier lieu de vie, rue du Bac à Paris. On peut y voir sa table de travail, son fauteuil et le lit où il mourut en 1848, ainsi qu’un chat sculpté que lui offrit son amie, Juliette Récamier.
Le château de Combourg est-il hanté ?
Mais la pièce la plus émouvante est la chambre qu’occupait le jeune François, au dernier étage de la tour du chat. C’est là que le petit garçon devait se rendre chaque soir, en empruntant seul le chemin de ronde, la trouille au ventre. Car l’endroit, selon l’histoire familiale, était hanté. Et loin de le rassurer, son père lui imposait cette épreuve initiatique, se moquant de ses peurs. "Il m’aurait fait coucher avec un mort" disait Chateaubriand. Des mots qui, aujourd’hui encore, font frissonner.
Les fantômes de la tour
La tour du Chat doit son nom à la coutume qui voulait qu’autrefois on enterre vivant un chat noir dans une pièce d’un château pour en éloigner le démon. Celui de Combourg se serait vengé en venant hanter la tour. Or, il se trouve que lors de travaux effectués au XIXe siècle, après la mort de Chateaubriand, les ouvriers découvrirent une momie de chat : elle est exposée dans la chambre du jeune François.

Affabulation ou réalité ? Les actuels occupants du château, descendants du frère aîné de l’écrivain, soutiennent qu’ils leur arrivent souvent de sentir une « présence » à Combourg. Au point que, quand ils retrouvent les lieux, après un séjour à l’extérieur, ils ne peuvent s’empêcher de dire «Bonjour» aux hôtes invisibles des lieux…
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