Balade en gabarre sur la Dordogne

Depuis le port, au pied de Quai Cyrano, on embarque sur une gabarre, un couralin de 13 mètres de long et 4,5 mètres de large, qui transportait jadis jusqu’à 40 tonnes de marchandise.La balade de 50 minutes dévoile les rives boisées de la Dordogne, l’île de la Pelouse (réserve ornithologique), le pont en pierre du XIXe siècle...dont on apprend qu’il a remplacé un pont médiéval détruit par une crue en 1783, que les gabariers venus d’Argentat y vénéraient une petite chapelle, que l’on déchargeait ici du bois venu de Corrèze et que l’on y rechargeait du vin. Vers l’aval, la navigation jusqu’au pont de chemin de fer rappelle que ce dernier mit un terme au commerce sur la rivière.
Apprécier les statues de Cyrano de Bergerac

Deux statues de l’illustre personnage d’Edmond Rostand trônent en ville. L’une, en pierre, place de la Myrpe, près du temple protestant, a été édifiée en 1977 par le Périgourdin Jean Varoqueaux. L’autre, en bronze, est située place Pélissière, au pied de l’église Saint-Jacques-le- Majeur. Ciselée par Mauro Corda, natif de Lourdes, au début des années 2000, elle est colorée, virile avec son Coulobre (dragon) enroulé autour du manche d’épée. C’est l’image du Gascon! Pourtant, le personnage ne l’a jamais été... L’œuvre de Rostand est inspirée de Savinien de Cyrano, un écrivain libertin parisien du XVIIe siècle dit « de Bergerac » car sa famille avait acheté des terres à ce nom... dans la vallée de Chevreuse.

Visiter l'ancien couvent des Récollets

Cette bâtisse tournée vers la Dordogne est l’un des édifices majeurs de Bergerac. Alors que les guerres de Religion ébranlent le royaume au XVIe siècle, la ville se rangedu côté des protestants et devient l’un des grands foyers calvinistes du Périgord. Pour contrer leur influence, les frères Récollets obtiennent au XVIIe siècle le droit d’édifier un couvent à l’emplacement des anciens jardins du château. Dans les caves, ils ne se privent pas d’entreposer des barriques de vin... Après la Révolution, les frères sont chassés et le couvent devient bien national. Clin d’œil du destin, le Consistoire rachète en 1792 la chapelle qui redevient un temple, toujours actif de nos jours. Sous le nomde « Quai Cyrano », la bâtisse abrite désormais l’office de tourisme et la Maison des Vins Bergerac-Duras. Elle est dotée d’un bar-restaurant-terrasse avec vue sur la Dordogne et de tables installées dans le très joli cloître.
Halte au musée du Tabac

C’est le seul musée de France entièrement consacré au tabac. S’il est à Bergerac, c’est que la culture du tabac brun fut l’un des moteurs de l’agriculture locale, entre le XVIIe siècle et la fin du XXe siècle. La concurrence du tabac blond puis la lutte contre le tabagisme ont mis un terme à l’activité. Le dernier laboratoire de recherche de la Seita a fermé définitivement ses portes en ville en 2022. Musée de curiosités installé dans un hôtel particulier du XVIIe siècle et une belle maison attenante à pans de bois, ce lieu balaye l’histoire du tabac en France et dans le monde, sa production, sa transformation, son commerce, ses objets... On admirera des œuvres d’art, comme ce fume-cigare en écume de mer du XIXe siècle, représentant une scène de noces siciliennes. Dans la campagne bergeracoise, seuls les séchoirs à tabac témoignent de cette culture jadis prospère.

Les maisons à colombages de la vieille ville

Elles jalonnent plusieurs rues du centre-ville historique et certaines témoignent des réussites économiques des maîtres bateliers,à l’époque glorieuse de la navigation sur la Dordogne. L’un des plus beaux ensembles se trouveà l’angle de la rue de la Mirpe et de la place André- Cayla, face au temple protestant. Une jolie arête urbaine dont le bois de façade révèle les « pleins »de maçonnerie, constitués de torchis ou de briques. En face aussi, plusieurs maisons à colombages bordent l’étroite rue des Fargues, avec leurs volets rénovés ou de guingois. Entre les quais de la Dordogne et l’église Saint-Jacques-la-Majeur, d’autres ruelles, impasses et passages livrent des maisons bâties dans cette architecture typique, en vogue du Moyen Âge au XVIe siècle.

Le Dordonha, curiosité patrimoniale

Ouvert en 2022, c'est le nouveau pôle patrimonial et culturel de la ville. Déployé dans d'anciens bâtiments religieux, conférant au site un aspect architectural remarquable, Dordonha abrite quatre espaces. Au rez-de-cour se trouvent une salle d'expositions temporaires, le Café des Musées (avec une terrasse dans la cour) et le musée Costi. Ce dernier présente, sous les voûtes d'un ancien cellier, des sculptures de l'artiste grec Constantin Papachristopoulos (1906-2004). Amoureux du Périgord, cet élève de Bourdelle avait fait don en 2000 de ses oeuvres à la ville. À l'étage se trouve le CIAP, Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine dédié, sur 300 mètres carrés d'exposition, à l'histoire de Bergerac. Un très beau lieu, vivant et didactique.
Tourisme aux marchés

Ah, les marchés du Sud- Ouest, agoras de senteurs et de convivialité gaillarde ! Bergerac n’échappe pas à la règle et propose deux lieux pour s’en délecter: le marché couvert et celui de plein- vent. Le premier a fait peau neuve et rouvert fin 2023 sous la halle de type Baltard, place Louis-de-la-Bardonnie. Il abrite des commerces de bouche et de restauration. Le second se tient chaque mercredi et samedi autour de l’église Notre-Dame. On y croise des petits producteurs des alentours venus vendre des fraises et des prunes d’ente de Vergt, des melons de Saint-Pierre-d’Eyraud, des légumes de Lamonzie-Saint-Martin et de Maurens, du fromage de chèvre de Saint-Agne... Il y a aussi beaucoup d’AB autour de cette église, ce qui en soit n’est pas une surprise.
Au vert dans le parc de Pombonne

Allez, 3,5 kilomètres, tout au plus... et voilà que l’on tombe sur cet espace de pleine nature, posé au nord de la ville. Le matin, on y croise des joggeurs, des marcheurs et des propriétaires de chiens, pas toujours très jeunes. L’endroit est reposant. Au milieu, un plan d’eau où l’on se baigne aux beaux jours, à moins de s’alanguir sur la plage. Un chemin, 400 mètres tout au plus, fait le tour de l’étang. Au bord d’une mare adjacente, un observatoire ornithologique laisse voir martins-pêcheurs, chardonnerets, hérons cendrés, foulques macroules... et même cistudes d’Europe et ragondins. Le Caudeau, cette rivière cachée qui serpente sous Bergerac ressurgit ici, libérée de la gangue urbaine. Un bar, La Guinguette, accueille les visiteurs. What else ?
À voir aux alentours
Le château de Monbazillac

Si l’on doit s’échapper une fois de Bergerac, c’est pour aller à Monbazillac. À 8 kilomètres au sud de la ville, son château domine le plus grand vignoble au monde de vins liquoreux. 2 300 hectares, sur cinq communes, sont exclusivement consacrés à la production de ce vin très sucré, bénéficiant d’une AOC depuis 1936 et incarné par cette demeure du XVIe siècle, propriété de la cave coopérative de Monbazillac. Depuis 2022, le visiteur est accueilli au domaine dans un nouvel espace muséographique. Ce parcours œnotouristique interactif dit tout de l’histoire et de l’actualité du vin local. Un chemin à travers les vignes conduit ensuite au château, hôte d’expositions, jouxté par un restaurant. Une boutique permet de faire emplette du nectar sucré mais aussi de vins secs, blancs, rouges ou rosés, également produits sur le territoire de l’appellation. Un détour obligatoire !
Le parc Jean-Jaurès

Situé légèrement à l’écart du centre-ville, ce parc est l’espace de respiration chlorophyllé de Bergerac. Appelé auparavant jardin Perdoux, en hommageà une famille de pépiniéristes de la ville,il comprend un jardin classique à la française, un à l’anglaise et un jardin botanique, avec roseraie et allée de palmiers. Entreun kiosque à musique, un petit bassinet une orangerie, on s’y balade au milieu de grands dahlias, de magnolias et sous l’ombre de cèdres du Liban. Le jardin abrite aussi une variété unique d’arbuste fleuri : le lagerstroemia. Cette espèce, acclimatée en ville par pépiniéristes, embellit le parc Jean-Jaurès mais aussi de nombreuses rues de Bergerac.