Le hasard de nos reportages nous amène à Dax la veille du 15 août. Chaque été, la cité festive des Landes attire de nombreux festivaliers. Et si la célébrissime feria n’a pas encore donné sa pleine mesure, le ton est donné. Les tons, serait-il plus juste de dire : rigoureux dress code blanc (pantalon et tee-shirt) et rouge (ceinture et foulard) pour tout festayre qui se respecte, et tonalité musicale des bandas et autres fanfares (elles sont plusieurs centaines à se défier à grand renfort de cuivres et de percussions) qui déambulent dans les rues, du parc des Arènes au cours Verdun en passant par la place de la Fontaine chaude... La ville de Dax est le cœur du réacteur de cette tradition musicale landaise. Aucun village digne de ce nom à la ronde qui ne fasse pas appel aux bandas pour l’animation de ses fêtes patronales, courses landaises, carnavals ou matchs de rugby... Leurs airs du folklore espagnol, français ou basque plantent le décor.
Feria de Dax : que la fête commence !

La ville de Dax est offerte aux piétons. Les terrasses des bodegas, qui ont fleuri à chaque coin de rue, se muent en pistes de danse géantes. Les estanquets du parc des Arènes rameutent le chaland, alléché par les fumets de la daube de toro, de l’axoa de veau, d’une cuisse grasse de canard landais... Une foule de festivaliers, de tous âges et tous horizons, déambulent déjà parmi les nombreuses animations qu’essaime la ville. Il y en a pour tous les goûts : spectacles folkloriques, démonstrations de quilles, gymkhana sur des échasses, concours de lancer de bérets et courses landaises, surtout ! La course landaise est un sport qui n’a rien à voir avec la tauromachie de son cousin espagnol. Dans les arènes de Dax, de style mauresque, édifiées en 1913 et agrandies en 1932, aucun taureau mais des vaches landaises, et il n’y a aucune mise à mort.
La course landaise dans les arènes

Sur la piste circulaire, une particularité des arènes ibériques, les écarteurs et les sauteurs, vêtus de leurs boléros de parade colorés, sont présentés au public. Beaucoup sont des célébrités locales, dont le seul énoncé du nom déclenche les applaudissements de quelque 8 000 aficionados. Les cornes de la vache frôlent à seulement une inquiétante poignée de centimètres le creux des reins de l’écarteur. Lui a pivoté avec grâce sur lui-même, effectuant un mouvement à la fois brusque et élégant. Depuis le callejón, le couloir qui sépare les barrières des gradins, la prouesse est d’autant plus impressionnante. Vêtus de blanc, les cordiers et des entraîneurs, ne ménagent pas leur peine pour que la vache s’élance au bon moment vers le milieu de la piste. C’est au tour d’un sauteur de braver l’animal lancé au galop. Lui ne l’évite pas, il court au contraire vers elle, puis bondit en effectuant un saut périlleux qui porte bien son nom. Tout est vif, nerveux, tendu.
La cathédrale Notre-Dame, visite culturelle

Mais que l’irrésistible ambiance festive ne vous détourne pas d’une visite des trésors que recèle la ville, même s’il vous faudra passer outre quelques « obstacles » liés à la feria. Rendez-vous devant la cathédrale Notre-Dame (Sainte-Marie), place Roger-Ducos. Le monument est solennel, mais n’inspire pas l’enthousiasme : son style est classique d’inspiration néo-grecque du XVIIe siècle. L’intérieur vaut le coup d’œil pour portail gothique du XIIIe siècle, dit « des Apôtres », placé dans le transept nord témoin de la première église. Sur une placette au pied de la cathédrale, la statue d’un légionnaire et de son chien lui fait un clin d’œil un brin insolent, comme si la légende narguait l’histoire officielle. Le conte est joli : un soldat romain, sur le point de partir en campagne, aurait jeté son chien, trop vieux pour l’accompagner, dans l’Adour. De retour dans sa garnison de Aquae Tarbellicae (nom romain de Dax), il aurait retrouvé son fidèle compagnon en pleine forme grâce la boue « miraculeuse » du fleuve, le péloïde. Contrairement à ce que laisse entendre la légende, il n’existe aucune preuve d’un thermalisme antique à Dax, même si la ville fut créée par l’empereur romain Auguste. Selon toute vraisemblance, les quelque 2,4 millions de mètres cubes d’eau que produisait la source du temps de sa résurgence naturelle auraient servi à alimenter un complexe balnéaire mettant à profit la température de l’eau, plutôt que ses qualités curatives.
Un thermalisme qui coule de source

Rendez-vous devant le monument emblématique de Dax, la Fontaine chaude. L’édifice, construit entre 1814 et 1818 dans le style néoclassique, renferme la source Nèhe, du nom d’une déesse celte. Ce sont ces eaux chaudes, jaillissant des profondeurs à près de 64 °C, qui sont à l’origine de l’épopée thermale qui a marqué l’histoire de la ville. C’est à la Renaissance que ses eaux commencent à être utilisées pour guérir certaines maladies, dont la goutte et les rhumes. Nombreuses sont les personnalités à s’être soignées dans la cité gasconne depuis : Madame de Maintenon, Georges Clemenceau, Sarah Bernhardt, Sacha Guitry… Le thermalisme moderne débute à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, après la conduite d’études scientifiques venues avérer les vertus médicinales de ses eaux et de sa boue. En quelques décennies, Dax change de physionomie. La ville s’ouvre sur l’extérieur, détruit une grande partie de ses remparts, construit des édifices thermaux luxueux, abat son château médiéval...
Fleurons d'architecture Art déco

Impossible d’ailleurs, en se promenant dans la ville du sud-ouest, de passer à côté de l’un des témoins phares de cette métamorphose : le somptueux hôtel Art déco Le Splendid. Construit en 1928, par André Granet, gendre de Gustave Eiffel et architecte de la salle Pleyel et du paquebot Normandie, deux joyaux Art déco, en lieu et place d’un établissement thermal luxueux détruit par les flammes, lui-même bâti sur le site de l’ancien château médiéval de Dax. Avec son allure élancée, ses fenêtres en saillies et ses arcades, il offre une fière silhouette aux rivages de l’Adour. À l’intérieur du bâtiment, le vaste hall d’entrée aux tons or et blanc, flanqué de hautes colonnes biseautées n’est pas sans rappeler l’univers des paquebots transatlantiques et son corollaire de rêve et de voyage. À l’angle du cours Foch, l’Atrium est de la même veine, commandé à André Granet en 1925 : casino et lieu de spectacle, il devait donner un nouvel élan à la station thermale. La salle a gardé son décor somptueux, jardin extraordinaire habité de personnages et d’animaux en stuc doré et argenté.
Vestiges gallo-romains

C’est au gré d’une flânerie dans les rues piétonnières que bat le cœur de la cité : rue des Carmes, rue du Cordon-Bleu, rue des Barnabites, place de la Course, rue Neuve ou rue du Mirailh, qui a gardé le souvenir du pilori réservé aux mauvais payeurs. Pendant des siècles, le centre-ville de Dax resta enclavé dans ses murailles gallo-romaines dont il subsiste quelques vestiges aux abords du parc Théodore : des remparts du IVe siècle, considérés par les archéologues comme le plus bel exemple en France de l’architecture défensive de l’époque. Hélas ! Le XIXe siècle n’en fera qu’une bouchée... Par bonheur, la ville a gardé d’autres souvenirs de son passé gallo-romain. Pour preuve, le musée de Borda présentant, outre un cabinet de curiosités, de nombreux objets découverts lors de fouilles : mosaïques, autels votifs et une élégante statue de Mercure. Dans la rue Cazade, l’hôtel Saint-Martin-d’Agès (XVIIe) renferme une crypte archéologique et les vestiges d’un temple du IIe siècle. Terminez votre périple sur les bords de l’Adour, belle promenade en balcon sur l’eau.
Allure futuriste
Monumental paquebot de bois et verre posé sur le cours de Verdun, la résidence Les Thermes, l'un des établissements hôteliers de la ville de Dax, surprendra le visiteur le plus blasé. Signée Jean Nouvel et achevée en 1990, elle fait souffler un vent d’audace. Un coup d’œil à l’intérieur achèvera de vous convaincre. Les appartements sont conçus comme des cabines de bateau, disposées le long de coursives. La piscine, en forme de ballon de rugby, s’offre au regard, alors que, par nature, le thermalisme est plutôt discret.
Vos questions les plus fréquentes

Que faire aux alentours de Dax ?
Profitez de votre séjour dans la ville thermale du Sud-Ouest pour explorer le département des Landes. Au nord de Dax, les activités ne manquent pas. Partez explorer les lacs et rivières des Landes, marcher sur les chemins de Compostelle ou flâner sur les plus belles plages des Landes. Au sud, le Pays Basque n'est pas loin. Dax se trouve à moins d'une heure de Bayonne en voiture.
Est-ce que Dax fait partie du pays basque ?
Non, Dax ne fait donc pas partie du Pays Basque. Mais la ville de Dax, située dans le département des Landes, est proche des Pyrénées-Atlantiques.
Quelles sont les villes proches de Dax ?
Dax se situe à mi-chemin de Mont-de-Marsan, dans les Landes, et de Bayonne, ville des Pyrénées-Atlantiques et du Pays Basque. La ville de Dax est dans les terres mais se trouve à une quarantaine de kilomètres des stations d'Hossegor et de Capbreton, sur la côte Atlantique.