Ces randonnées à faire absolument dans les Alpilles provençales

Cette balade nous conduit aux confins des Alpilles. Il n’est pas rare de croiser des troupeaux de brebis sur les flancs de ce défens, qui offre des points de vue remarquables sur la plaine de la Crau et la vallée de la Durance.

Cette boucle se trouve sur le parcours de la Routo (GR69), qui suit les anciens sentiers de transhumance empruntés par les troupeaux d’ovins. La randonnée est placée sous le signe de l’eau, depuis Eyguières (de « eiguiero », vase à eau). Venues des nappes souterraines du massif du Défends, les sources et les résurgences coulent en abondance dans ce joli village loin des foules. L’itinéraire traverse un « défens », comme on appelait autrefois une terre dont le seigneur avait la jouissance exclusive. Toute activité, comme la chasse, la collecte de bois mort ou le pâturage des troupeaux, y était interdite à la population. Qu’on se rassure, on a aujourd’hui le droit de fouler cette garrigue plantée de pins. Au loin se dessinent les Opies, point culminant des Alpilles (498 mètres). Sur la gauche, le château de Roquemartine, dit « de la reine Jeanne », apparaît isolé sur son éperon rocheux. Au Moyen Âge, il appartenait à Jeanne Ire de Naples, à la fois reine de Naples et comtesse de Provence. À l’époque, plus de 200 000 bêtes empruntaient les drailles qui conduisent du pays d’Arles jusqu’aux Alpes où se trouve la fraîcheur des pâturages en été. La forteresse de Roquemartine était l’un des points de passage incontournables. Jadis, hommes, troupeaux et marchandises qui circulaient étaient taxés, garantissant à son propriétaire des revenus considérables. Nous cheminons (gratuitement...) parmi les cistes cotonneux, les chênes kermès et les genévriers cades. On grimpe jusqu’à une ligne à haute tension, dont le grésillement concurrence le chant des cigales. On trouve une certaine photogénie à ces pylônes, géants de rouge et de blanc se détachant sur le bleu du ciel. Mais c’est le panorama au sommet de la crête qui justifie à lui seul la balade. La vue englobe les Opies, le village d’Eyguières surgissant des pins et la plaine de la Crau, steppe provençale d’où partaient les troupeaux transhumants. Au loin, on devine sans peine la mer et les installations industrielles de Fos-sur-Mer. Le sentier redescend la colline en direction du canal de Haute-Provence. Alimenté en eau par la Durance, celui-ci sépare les Alpilles du Luberon. On peine à imaginer que cette rivière se jetait autrefois dans la mer par un delta occupé aujourd’hui par la plaine, bien sèche, de la Crau. La fin du parcours se fait sans grande difficulté à travers la garrigue et les champs d’oliviers. On longe même le canal d’irrigation de la vallée des Baux, à l’eau d’un vert laiteux.

Battue par le mistral, la masse calcaire du Gros Calan accueille les plus belles garrigues et pelouses pastorales du massif.

Le départ se prend au parking situé au carrefour de la D24 et de la D25, au sud-ouest d’Eygalières. On suit le GR6 dans un décor de vignes et de pins d’Alep, plantés dans les années 1960 pour leur capacité de résistance au feu. Dans les Alpilles, les incendies sont un danger que l’on prend très au sérieux. La sécheresse et la présence de vent peuvent entraîner l’interdiction d’accès à certaines zones. Moutons et chèvres sont mis à contribution par les services forestiers pour entretenir les sous-bois en les laissant pâturer le long des pistes d’accès des pompiers. Bientôt apparaît une végétation plus basse, buissonneuse et dense. C’est le royaume du genêt, du romarin, du chêne kermès mais aussi du brachypode rameux, plus connu sous le nom d’« herbe à mouton ». Au printemps, les fleurs du ciste cotonneux et de l’aphyllante de Montpellier font des taches violettes et bleues dans la garrigue. Le regard se promène sur la chaîne de « calans », appendices rocheux, fendillés ou ronds comme des bosses de chameau. La crête des Civadières, haute de 446 mètres, dessine une vague de pierre. Ces formations géologiques, parmi les plus anciennes des Alpilles, ont fortement subi la pression tectonique des plaques, ce qui leur donne leur forme si particulière. Lorsque le mistral se lève, il fait ondoyer les pins et le maquis. Au petit col, il souffle si fort qu’on peine à tenir debout ! Entre deux bourrasques, il n’est pas rare d’apercevoir l’aigle de Bonelli ou d’entendre le piou-piou de la fauvette pitchou. Au bout d’une longue descente, le village d’Eygalières apparaît sur son arête rocheuse, où l’on distingue nettement les vestiges d’un château à son sommet.

Gorges, champs d’oliviers, aqueduc romain… C’est un val au goût de paradis que l’on découvre au cours de cette virée sportive à deux-roues.

De bons mollets sont indispensables pour boucler ce tour à vélo, sinon profitez de l’assistance électrique ! Sitôt qu’on quitte Saint-Rémy-de-Provence, on bascule dans un paysage bucolique : des mas opulents, des prés de coquelicots où paressent des chevaux... La route grimpe bientôt et serpente dans une odeur de pins et de garrigue. Arrivé à un petit col, une superbe vue s’étend sur les reliefs de la parie sud-ouest des Alpilles. Un conseil, prenez la route des Crêtes à gauche qui mène jusqu’au belvédère. Le panorama est époustouflant sur les rochers tourmentés du Val d’Enfer, perforés, modelés, déchiquetés par l’érosion. Certains y ont vu les pierres et les grottes de l’Enfer, de Dante. Perchés sur leur éperon, Les Baux-de-Provence, parmi les « Plus Beaux Villages de France », se confondent avec la roche. En provençal, un « baou » est un escarpement rocheux... La descente à vélo jusqu’au pied du village traverse un beau décor d’arches et de falaises noyées dans les pins. On passe devant les carrières des Lumières, une ancienne mine de pierres de taille qui propose des expositions immersives au cœur des œuvres de peintres de renom. Sur la route de Maussane, la chaîne des Alpilles, massif calcaire de 25 kilomètres de long et dernier relief avant la mer, se détache au-dessus des oliviers aux feuillages argentés. On traverse le village du Paradou, provençal en diable avec sa placette, ses platanes et ses maisons au frais parmi la végétation méditerranéenne. Champs d’oliviers, pinèdes et grands prés de fauche nous mènent jusqu’aux arcades en ruines de l’aqueduc romain de Barbegal, situé au cœur d’une oliveraie. Il faut poser le vélo et s’éloigner de la route pour découvrir les voûtes majestueuses de cet ouvrage, destiné à acheminer l’eau jusqu’à Arles et à une meunerie. C’est un moulin bien plus tardif, mais légendaire, que l’on rencontre un peu plus loin : celui d’Alphonse Daudet, au-dessus de Fontvieille. Le moulin ne broie plus de grains depuis 1915, mais il aurait inspiré à l’écrivain provençal l’histoire touchante du secret de Maître Cornille, dans les Lettres de mon moulin. Pour sauver l’honneur de son moulin face à l’invasion des minoteries à vapeur, ce vieux meunier continuait de le faire tourner, faisant semblant de moudre son grain devant les villageois alors que ses sacs étaient remplis de gravats… Après Fontvieille, on suit une route très passante (prudence...) jusqu’à la chapelle Saint-Gabriel. Il faut descendre de sa selle pour admirer comme il se doit cette splendeur de l’art roman provençal. Noyée parmi les oliviers, la chapelle présente un portail monumental d’inspiration antique richement décoré de frises sculptées, de bas-reliefs et d’un oculus magnifique. Édifiée au XIIe siècle, la bâtisse est une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Après Saint-Étienne-du-Grès, la route redevient bucolique, jalonnée de champs d’oliviers et de coquelicots jusqu’à l’arrivée à Saint-Rémy-de-Provence.