Entrez dans l'intimité des grands de ce monde

C’est l’actualité de l’année 2025 ! Après des années de restauration, la maison de Pierre Loti, à Rochefort ( Charente-Maritime ) rouvre enfin au public, en juin. Le chantier aura permis d’effectuer un long travail de conservation du site, tout en modifiant le parcours muséal en le simplifiant et en le modernisant. L’âme du lieu, elle, n’a pas changée. Les visiteurs pourront toujours découvrir le mobilier et les collections d’origine de cet officier de marine devenu écrivain, élu académicien à 42 ans, auteur de livres romanesques inspirés de ses voyages, à l’image de Ramuntcho ou de Fantôme d’Orient. Une maison baroque pleine de poésie.

Dans le beau village d’Essoyes, aux maisons à colombages et baigné par l’Ource, s’abrite la villa où pendant plus de 30 ans Pierre-Auguste et Aline Renoir, native du lieu, ont passé leurs étés. Dans cette maison d'artiste dans laquelle il fit bâtir en 1906 un atelier au fond du jardin, le peintre renoua avec une peinture légère et aborda la sculpture. C’est le premier témoignage à découvrir à Essoyes. Dans le village, un parcours fléché dévoile aussi des œuvres de Renoir reproduites sur les murs des maisons, conduit au cimetière où il est enterré ainsi qu’au Centre Culturel l’Espace Renoir, où une exposition permanente dévoile la vie de la famille à Essoyes.  

Il fut à l’origine du retour en grâce de la tapisserie au 20^ème s. Au nord du Lot, un département aux nombreux beaux villages, c’est dans les tours de Saint-Laurent dominant la jolie ville de Saint-Céré, achetées en 1945, que l’artiste déploya toute la palette de son talent. Il vécut dans ce château médiéval ayant appartenu à la puissante famille des Turenne jusqu’à sa mort, en 1966. Il créera dans cette maison d'artiste Le Chant du Monde, l’une de ses œuvres clefs, et La Tapisserie de l’Apocalypse. La visite dévoile des pièces baignées de sa présence, embellie de soleils, de lunes, d’étoiles, d’animaux et de personnages fantastiques. Le tout est mis en scène par la voix de Jean Lurçat et de ses proches.  

Quel courage ! A lire ses récits, dont « Voyage d’une parisienne à Lhassa », on mesure les risques que prit l’aventurière à parcourir le Tibet au début du 20^ème s., époque où aucune femme seule ne s’aventurait si loin. Celle qui popularisa en Europe le bouddhisme avait opté pour Digne-les-Bains, où elle acquit en 1928 une maison qu’elle nommera Samten Dzong (en tibétain : Résidence de la Réflexion). Ce à quoi en effet elle s’adonna, absorbée par ses écrits et ses recherches. On plonge dans sa vie vagabonde à travers son bureau et sa chambre, où trône son matériel d’expédition. Le refuge émouvant d’une femme libre.

Celui qui est considéré comme l’un des plus grands écrivains français, également homme politique et diplomate, a grandi dans ce château dès l’âge de 8 ans, après que son père en fit l’acquisition en 1761, entrainant à sa suite sa famille depuis Saint-Malo. Construite entre le 12^ème et le 15^ème s. entre Rennes et la cité corsaire, la forteresse médiévale sera immortalisée par l’auteur dans Mémoires d’outre-tombe, où il écrira sa célèbre phrase, « C’est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis ». La visite raconte la riche histoire de la famille Châteaubriand, toujours propriétaire des lieux plus de 250 ans après !  

Encore un grand homme dans un château ! Cap cette fois sur l’Ain et la frontière suisse pour visiter la demeure néoclassique que Voltaire occupa à partir de 1758 et où il passa les 20 dernières années de sa vie. Philosophe des Lumières, il fit rebâtir le château selon ses goûts, agença le parc et reçut moult personnalités littéraires et politiques de son époque. Il y écrivit aussi son « Dictionnaire philosophique » et près de six mille lettres. La visite du château passe par plusieurs pièces, dont la Grande Salle, ancienne salle à manger et bibliothèque -cabinet de travail, ainsi que par la chambre-mémorial (ex cabinet de peintures), qui évoquent la vie mondaine et littéraire de Voltaire.  

Natif de Mâcon , le poète et homme politique Alphonse de Lamartine occupe ce château familial de la campagne mâconnaise à partir de 1820. Influencé par son épouse anglaise, il le restaure grâce à l’argent gagné avec les Méditations poétiques, selon un style gothique anglo-saxon et romantique, avec tours, galerie à terrasse et portique. Il crée aussi une orangerie et un jardin à l’anglaise et y ajoute, en 1853, un pavillon. C’est cette œuvre architecturale qu’il est donné de voir, ainsi que des pièces restées intactes, son cabinet de travail, sa chambre, la salle à manger familiale… et les nombreux objets rapportés de ses voyages. Son tombeau trône dans le parc.

Direction le Périgord pour visiter ce territoire criblé de châteaux dont celui des Milandes, où la chanteuse Joséphine Baker posa ses valises avant la Seconde Guerre mondiale, avant de l’acquérir avec son mari en 1947. Cette demeure du 15^ème s. mêlant décors Renaissance et éléments gothiques fut longtemps la propriété des de Caumont, des aristocrates locaux. Quand Joséphine Baker l’acquiert, elle y accueille les nombreux enfants qu’elle a adoptés. Un château-tribu et maison d'artiste qui mènera cette femme trop généreuse à la ruine. La visite dévoile la demeure où sont conservés des objets et des vêtements favoris de l’artiste et un magnifique parc, classé « Jardin Remarquable ».   

Eu égard à l’apport du général à l’Histoire de France, la visite de sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises, en Haute-Marne , relève presque de l’obligation pédagogique ! Le couple de Gaulle achète la Boisserie en 1934. Il n’aura cesse, dès lors, d’en faire son refuge, le général s’y retirant même lors de sa « traversée du désert » entre 1946 et 1958 et pour y écrire ses Mémoires de guerre. Dans un parc verdoyant, la demeure, du début du 19^ème s., est toujours propriété de la famille de Gaulle. La visite du vestibule, de la salle à manger, du salon et de la bibliothèque, s’ouvrant sur son bureau, est naturellement empreinte de la présence du grand homme.  

C’est à Arbois, dans le Jura, que Pasteur a passé une partie de son enfance et où il mena ses célèbres travaux sur la fermentation, ayant débouché sur la pasteurisation. Sa maison trône toujours à la sortie du village, près de la rivière Cuisance. Transformée en musée, elle évoque ses recherches sur le vin, dans son « labo » comme dans l’arpent de vigne voisin, où il mena des expérimentations. Tout y demeuré en l’état (billard, chambre, laboratoire…), comme si le savant était parti la veille. On y trouve même la bouteille de vin jaune millésimé que Pasteur déboucha en 1881 lors de son élection à l’Académie Française !