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Randonnée dans les hautes vallées du Salat et de Vicdessos

Pause et observation des bouquetins à l'étang d'Alate sur le GR10 en Ariège. Pause et observation des bouquetins à l'étang d'Alate sur le GR10 en Ariège. - © Philippe Roy / Détours en France

Publié le par Philippe Bourget

Au centre de cette randonnée entre les hautes vallées du Salat et de Vicdessos, le bouquetin, réintroduit dans les Pyrénées en 2014, et qui a retrouvé sa place aux confins de l’Ariège, au même titre que plusieurs rapaces. Une échappée qui mêle effort et connaissance animale.

Dans le « 09 », le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises couvre 40 % de la superficie du département. C’est dire si les grands espaces occupent de la place. En Occitanie, l’Ariège était donc bien indiquée pour accueillir des Capra pyrenaica, cette race de bouquetins réintroduite côté français en 2014 après que le dernier spécimen hexagonal a disparu en 1901, victime de la chasse. Voilà l’intérêt de cette randonnée : observer un animal jadis familier des falaises dont le retour, même tardif, semble s’opérer avec succès. « On compte désormais 350 bouquetins dans les Pyrénées françaises, dont 150 en Ariège. Une vingtaine a été relâchée ici en 2016 et 2017. Comme les autres, ils ont été prélevés en Espagne, dans le Parc national de la Sierra de Guadarrama (en Castille-et-León, ndlr) », raconte Sébastien Jabally, accompagnateur en moyenne montagne pour Oxalys.

Chocards, faucons, vautours fauves…

Un vautour fauve au col de Saleix à 1794 METRES en Ariège.
© Philippe Roy / Détours en France

Tenter de les observer exige de la sueur. Depuis le plateau de Coumebière, zone d’estive située entre Aulus-les-Bains et le col d’Agnes, le GR®10 mène jusqu’au port de Saleix, un col séparant la vallée du Garbet de celle de Saleix, reconnaissable à son ruisseau d’argent ondulant en contrebas. L’itinéraire est limpide. Le pertuis se rejoint par un sentier en zigzags qui s’élève de 1 400 à 1 794 mètres d’altitude, dans les pâtures d’estive. À l’encolure, point de bouquetins. Normal, nous ne sommes pas arrivés dans leur jardin. Mais alors que nous quittons le col pour grimper une ligne de crête et rejoindre le lac d’Alate, la gent ailée vient distraire notre quête de mammifères. Des chocards à bec jaune dansent dans le ciel. « C’est l’un des oiseaux qui grimpent le plus haut au monde. On l’a observé à l’Everest », précise Sébastien Jabally. Puis un couple de faucons crécerelles papillonne dans les airs. Avant que quatre, puis six puis huit vautours fauves n’entament une inspection au-dessus de nos têtes, tentant d’estimer le festin... Magnifiques rapaces, planant toutes ailes déployées, jusqu’à 2,80 mètres d’envergure.

Une randonnée dans les Pyrénées ariégeoises

Un troupeau de moutons dans l'estive de la vallée du Garbet en Ariège
© Philippe Roy / Détours en France

À 1 868 m d’altitude, le lac d’Alate se niche au pied d’un amphithéâtre de falaises, interface entre granite et calcaire. Toujours aucun bouquetin en vue, bien que nous soyons sur leur territoire. « Ils sont là pourtant, c’est leur biotope. Ils nous observent », jure Sébastien Jabally. Excepté durant la parenthèse 1901-2016, les bouquetins ont sans cesse trouvé dans ce milieu rocheux de quoi subvenir à leurs besoins : des graminées l’été ; des mousses et du lichen l’hiver. « Ils étaient présents durant la Préhistoire, les peintures rupestres visibles à la grotte de Niaux en témoignent. De même qu’au XIVe siècle : Gaston Fébus en parlait dans son livre de chasse », rappelle notre guide. L’absence d’étagnes (femelles) et d’éterlous (jeunes mâles) nous conduit à oublier leur présence, tandis que nous grimpons au pic de Cabanatous, point culminant du périple (2053 m). Sébastien en profite pour expliquer en quoi les bouquetins alpins diffèrent des pyrénéens. Les seconds ont les cornes en forme de lyre et l’Ibère mâle jauge 90 kg maximum, tandis que l’alpin frise le quintal.

Voir le Capra pyrenaica

Randonneurs sur le GR10 au col de Saleix en Ariège.
© Philippe Roy / Détours en France

À la descente de la randonnée, nous réglons la mire sur la pique Rouge de Bassiès (2 676 m), avant de plonger à droite, au col de las Fouzès, vers le cirque du Garbet. Un troupeau de brebis et des patous plus loin, nous pénétrons une fraîche forêt de hêtres lorsque, à la sortie, Sébastien pousse une exclamation étouffée. Là-haut, sur la ligne de crête, un bouquetin nous défie ! Il était là, ce diable... La fin du circuit n’en est que plus légère, rassurés que nous sommes par la présence de l’animal. Coumebière et ses sommets sont bien l’un des nouveaux territoires du Capra pyrenaica

Fiche pratique

Durée : env. 6h30 A/R au départ du plateau de Coumebière, 7,5 km après Aulus-les-Bains, en direction du col d’Agnes (parking).

Carte : IGN 1/25 000, « Massat/Pic des Trois Seigneurs/PNR des Pyrénées ariégeoises », 2047 ET.

Balisage : GR®10 (rouge et blanc) de Coumebière aux ports de Saleix et de Bassiès. Jaune ensuite, par le pic de Cabanatous, le col de las Fouzès et l’étang de Labant.

Difficulté : Moyen - Dénivelé positif : 650 m

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