Que faire à Bourges en 2 jours : visite guidée

À tout seigneur, tout honneur ! Commençons la visite de Bourges par la « grand maison » de Jacques Cœur, l’argentier du roi Charles VII. L’assurance de cet homme d’affaires s’affiche sur la façade de style gothique flamboyant, où l’on peut lire sa devise restée célèbre : « À cœur vaillant rien d’impossible. » Des tourelles sculptées à la salle des festins, de la voûte en accolade des galeries au plafond peint de la chapelle aux 20 anges, le palais en impose. D’autant que la Renaissance italienne rejaillit ici et là. L’amour de Jacques Cœur pour Agnès Sorel causera sa perte. Les histoires d’amour finissent mal...

Il est temps de flâner par les rues pavées du cœur historique de Bourges. On a dénombré ici quelque 440 maisons à pans de bois (fin XVe-début XVIe siècle). Les plus belles se concentrent sur la place Gordaine, où Calvin aurait prêché, dit-on, ses idées réformistes. Dans la rue Bourbonnoux, dénichez la curieuse maison des Trois-Flûtes. Le centre-ville de Bourges compte aussi de superbes hôtels particuliers plus tardifs, essentiellement du XVIIe siècle. Des dragons ornent l’hôtel Macé de la Vesvre, l’hôtel des Échevins abrite le musée Estève sous son magnifique pignon à ramperolles (1904-2001), et l’hôtel Cujas s’ouvre sur une belle cour en brique et pierre. Mais c’est l’hôtel Lallemant, rue Bourbonnoux, qui séduit le plus avec son superbe décor Renaissance tout en finesse (oves, rinceaux, candélabres) et les 30 caissons sculptés à motifs alchimiques de son oratoire. Parallèle à la rue Bourbonnoux, la promenade le long des remparts gallo-romains nous fait déambuler dans un joli couloir de verdure jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne.

En haut de la rue Bourbonnoux, nous faisons une halte pour la pause déjeuner à La Gargouille, sympathique bistro-resto à la cuisine française un peu rétro. Belle salle sous les poutres anciennes, mais l’été on conseillera la terrasse qui offre une vue unique sur les arcs-boutants de la cathédrale Saint-Etienne. Difficile d’ailleurs de ne pas la remarquer : elle est le point culminant de la ville, mais aussi la plus large cathédrale de France ! Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, cet édifice du XIIe siècle, chef-d'oeuvre du Moyen Âge, impressionne par ses arcs-boutants aériens et ses portails richement sculptés. Notre préférence va au portail nord trilobé (belles colonnes ouvragées), au portail central pour la qualité de son Jugement dernier, et au portail sud pour ses sculptures romanes. À l’intérieur, aucun décor dans l’immense nef gothique, qui a pour particularité d’être dépourvue de transept. La coupe transversale de la cathédrale offre un profil pyramidal, d’où cette impression de légèreté qui s’en dégage. Pour prendre un peu de hauteur, il faut monter les 396 marches qui mènent au sommet de la tour Nord (ou « Tour de Beurre ») : panorama à 360° sur la capitale du Berry et sur les toits de la cathédrale.

C’est ici, au pied de la cathédrale, que l’on admire l’édifice sous l’un de ses plus beaux profils, soit une forêt d’arcs-boutants. Aménagé au XVIIIe siècle, le jardin de l’Archevêché (ou jardin de l’Hôtel-de-Ville) fait un beau lieu de promenade dans le centre-ville, entre parterres de fleurs, kiosque à musique et vases Cugnot.

Sous son coup de crayon ultra-précis, Bernard Capo a mis le Berry en cases : Bourges, le duc Jean de Berry, Jacques Cœur, le Grand Meaulnes et même « M. Bascoulard ». Ce clochard céleste a dessiné toute sa vie, avec un talent inouï, les rues pavées de Bourges et ses grands monuments. « C’était un personnage scandaleux, qui faisait peur aux bonnes gens, s’habillait parfois en femme et échangeait ses œuvres contre de la nourriture. Des commerçants ont encore des dessins de lui. Aujourd’hui, c’est une légende et tout le monde dit avoir été son ami, alors qu’il était mis au ban de la société. » Auteur de BD bien connu des Berruyers, Bernard Capo s’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin sa chère ville. Son best-seller Les Grandes Heures de Bourges est réédité depuis trente ans... « La cathédrale de Bourges est la plus belle de France, la plus achevée. J’en connais le moindre recoin. Jeune, je montais jouer de la guitare dans le déambulatoire ! » En 1997, Il lance le festival BulleBerry, qui se tient tous les ans le premier week-end d’octobre. Les dessinateurs dédicacent leurs albums dans l’ancien palais ducal, à l’hôtel Lallemant ou au palais Jacques-Cœur. « Mes copains auteurs de BD ouvrent grand les yeux en arrivant ici : tout ce décor intact de ruelles pavées, enherbées... C’est un décor déjà fait, un petit coffre-fort. Les cours de l’avenue Édouard-Vaillant sont restées authentiques, comme à la Renaissance. Et je ne vous parle pas des marais, situés en plein cœur de ville et unique en France ! J’en suis amoureux... » 

Se restaurer dans une ancienne chapelle d’abbaye, on ne trouvera pas plus original en ville ! Les deux chefs des Petits plats du Bourbon, anciennement étoilés, proposent là une cuisine gourmande qui met en valeur les produits locaux. 

Après Le Printemps de Bourges, place aux Nuits Lumière, l'autre grand évènement de l'année dans la capitale du Berry ! En été, dès la tombée de la nuit, la ville de Bourges s’enveloppe ainsi d’un fascinant voile bleu… C’est parti pour une déambulation de 2 kilomètres autour de la cathédrale Saint-Étienne. Sept sites s’animent et s’illuminent pour nous conter alors l’histoire de la ville : le jardin de l’Archevêché, le rempart gallo-romain, l’hôtel Lallemant, le musée Estève, le palais Jacques-Cœur, l’ancien archevêché, etc. N’oublions pas la cathédrale baignée de lumière, qui dévoile les couleurs de ses vitraux. Un rendez-vous... sacré et simplement inoubliable !

Tous les samedis matin, place de la Nation, c’est l’effervescence sous la charpente métallique de la Halle au Blé (1836). Le plus beau marché de la ville de Bourges réunit d’excellents producteurs locaux - c’est ici qu’il faut acheter son crottin de Chavignol mi-sec, son valençay AOP, ses galettes de pommes de terre -, un espace brocante pour fouiner et quelques buvettes pour se désaltérer.

L’armée de Jules César s'est enlisée dans ces marécages en 52 avant J.-C., mais nous ne ferons pas la même erreur ! Situés à quelques minutes à pied de la cathédrale, les marais de Bourges s’explorent à pied ou, mieux, en barque. Ces 135 hectares de canaux et de jardins potagers sont classés et protégés. Les Berruyers aiment y bichonner leur lopin de terre, car cet espace d’eau et de verdure dessiné par l’Yèvre, la Voiselle et le Langis est, avec les hortillonnages d’Amiens et de Saint-Omer, l’un des derniers marais maraîchers de France. Promeneur, on aime surtout y flâner. Il ne faut pas hésiter à se perdre dans ce labyrinthe verdoyant, à suivre les berges ombragées de frênes et de saules pleureurs, à regarder les algues onduler dans l’eau en écoutant le chant des grenouilles et des oiseaux. La Fête des Marais s’y tient aussi chaque année vers la fin août avec promenades en barque, concerts, visites... Une nature sauvage aux portes du centre-ville qui fait de Bourges une agréable ville verte.

Au cœur des marais, le restaurant traditionnel La Courcillière entretient une délicieuse ambiance de guinguette, où les tables au bord de l’eau profitent de l’ombre délicate des saules. Tout simplement idyllique... Ensuite, direction le Muséum d’histoire naturelle. Pipistrelle, barbastelle, rhinolophe, hypsignathe monstrueux... La chauve-souris est à l’honneur dans ce lieu, imaginé et créé en 1927 par l’abbé Foucher. Sa collection de zoologie se distingue par la faune africaine ramenée de ses expéditions par l’explorateur Guy René Babault. On y rencontre également Hans, le plus vieil éléphant naturalisé en France (1802), et les « bisons de Giscard », cadeau de la Pologne à l’ancien président français.

L’ancienne friche industrielle de l’Antre-Peaux a été transformée en un laboratoire de création tous azimuts, le Transpalette : musiques expérimentales, arts visuels, danse contemporaine, théâtre, création vidéo, etc. Le « hub » abrite salle de concert, salle de spectacle vivant, studio de montage, lieu d’exposition. Daniel Buren, Claude Lévêque, Philippe Rahm, entre autres, ont exposé dans les anciens ateliers Leising. Pour voir la jeune création, on peut aussi jeter un œil à la Box (derrière le musée Estève), galerie de l’Ensa Bourges, une des écoles d’art les plus reconnues en France.

Qui croirait que ce beau château d’eau en brique et pierre, construit dans la seconde moitié du XIXe siècle, dissimule un lieu d’exposition d’art contemporain ? Sitôt l’entrée franchie, le visiteur découvre une étonnante rotonde, avec deux travées concentriques séparées par 16 colonnes. Sous les voûtes, des œuvres tous supports (céramique, peinture, BD...) sont exposées. Le Château d’eau fait partie du rendez-vous Bourges Contemporain, un parcours qui fédère une dizaine d’expositions partout en ville et dans les environs (prieuré Saint-Martin, La Borne, granges pyramidales du Pays-Fort, etc.).

Si vous prolongez votre séjour dans la région, profitez-en pour sillonner la magnifique campagne berrichonne. Les amoureux d'histoire pourront emprunter la route Jacques Cœur, itinéraire jalonné de châteaux qui traverse la région Centre-Val de Loire sur plus de 100 kilomètres... Avis aux littéraires également : la maison de George Sand, à Nohant, se trouve à une petite heure de route de Bourges. Et à une cinquantaine de kilomètres, le village médiéval de Sancerre vaut aussi le détour. Il est l'un des Plus Beaux Villages de France et a été élu «Village préféré des Français » en 2021. Rien de moins !