Où se promener à Troyes : 10 étapes incontournables

La ville de Troyes fut le chef-lieu historique du comté de Champagne. Elle est aujourd'hui la préfecture du département de l'Aube, en Champagne-Ardenne, dans la région Grand Est. Accessible en 2h depuis Paris, Troyes est connue pour son riche passé médiéval dont témoignent notamment les jolies maisons à pans de bois du centre historique. Ville d'art et d'histoire, elle vaut le détour pour son patrimoine remarquable.

Dans une ville aux dix églises classées remplies de vitraux des époques médiévale à contemporaine, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul s’érige en leader. Typique du courant gothique (XIIIe siècle, remaniée jusqu’au XVIIe siècle), elle en impose avec ses 114 mètres de long, 50 mètres de large et quasi 30 mètres de haut. 1 500 mètres carrés de vitraux, dont deux rosaces, forment d’éblouissants témoins de l’art verrier du XIIIe siècle au XIXe siècle. Une douce lumière filtre à travers ces vitrages. Tandis que le son lourd des cloches cogne dans la tête du « Bouchon » – ancien quartier du pouvoir religieux et aristocratique –, la façade de la belle cathédrale déploie ses trois portails resplendissants de blanc, surmontés à gauche par une tour inachevée. Jeanne d’Arc fut reçue dans cette église en 1429, en conduisant le roi Charles VII à Reims.

Le centre ancien de Troyes est le témoin de la richesse d’une ville qui, dès le XIIIe siècle, accueillit les célèbres foires de Champagne. Placée entre la Méditerranée et les Flandres, « on y échangeait les denrées mais aussi les idées. Cela a eu une répercussion sur les arts et le patrimoine », éclaire Christine Lerat, guide à Troyes. On compterait près de 3 000 maisons à pans de bois, reconstruites au XVIe siècle après un grand incendie. Rues Champeaux, Zola (la plus commerçante), Larivey, Saussier... Les façades restaurées et les vieilles enseignes illuminent le cœur de Troyes. On passe de la ruelle des Chats, l’une des plus anciennes avec ses maisons étayées, à l’opulence de l’hôtel particulier Juvénal des Ursins.

A quelques pas du centre-ville historique, de l’autre côté du boulevard Gambetta, se trouve la médiathèque Jacques-Chirac. L’enveloppe de la bâtisse est aussi imposante que son contenu. Signature des architectes Dominique Lyon et Pierre du Besset en 2002, la façade de verre et l’auvent ondulé abritent des salles de lecture et d’exposition, dont la « bibliothèque bleue », collection de livres de colportage dont Troyes fut la capitale. Surtout, elle montre depuis l’extérieur une grande salle à température et hygrométrie constantes préservant 48500 livres du XVIe au XIXe siècle, issus des saisies révolutionnaires privées et dans des abbayes. 17 rayonnages et 11 kilomètres de linéaire constituent le deuxième fonds français de ce type. « C’est un fonds de belles-lettres, d’histoire religieuse, de théologie, de droit, de sciences et d’art », détaille Émeline Pipelier, directrice-adjointe en charge du Pôle patrimoine. Plus d'informations sur troyes-champagne-mediatheque.fr

Ville du travail du cuir, de la draperie, de la bonneterie et du vitrail, Troyes a cultivé pendant des siècles l’art du travail manuel. Ce savoir-faire exceptionnel est présenté au sein de ce musée, fondé en 1974 par les Compagnons du devoir. 12 000 outils à main des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles sont exposés – 30 000 dorment en réserve ! Truelles, pinces, marteaux..., patinés par le temps, rappellent les gestes de l’artisan. Musée insolite, la Maison de l'outil abrite aussi la seconde plus grande bibliothèque technique de France, avec 32 000 ouvrages, parmi lesquels la remarquable Encyclopédie des métiers Roret. Le tout est à voir dans le splendide hôtel particulier Mauroy, du XVIe siècle. Plus d'informations sur mopo3.com

D’un côté, l’Institut universitaire européen Rachi (IUER) ; de l’autre, la Maison Rachi. Aux n°2 et 5 de la rue Brunneval, voilà un haut lieu de la religion et de la pensée juives. L’histoire remonte au XIe siècle, lorsque le savant Rabbi Chlomo ben Itshak (Rachi), encore connu de nos jours de la communauté juive pratiquante, fonde à Troyes une école talmudique. Elle illustre à l’époque l’importante présence des Juifs en ville. Dix siècles plus tard, la pensée hébraïque y a toujours droit de cité. La Maison Rachi abrite une synagogue et des salles d’étude et d’exposition. En face, l’IUER, laïc, dispense depuis 1990 des cours, séminaires et conférences sur la culture juive. Plus d'informations sur rachi-troyes.com et institut-rachi-troyes.fr

Encore des vitraux exceptionnels du XVIe siècle mais aussi un jubé de pierre, remarquable réalisation du même siècle. Voilà le double intérêt de l’église Sainte-Madeleine, édifice posé dans le corps du « Bouchon », non loin de la Maison Rachi. Ce jubé de dentelle ouvragée, tribune en pierre blanche élevée entre la nef et le chœur, a remplacé en 1515 un jubé en bois. Un dénommé Jehan Gailde l’a réalisé. Évincé du chantier du portail de la cathédrale, on dit qu’il se serait « vengé » en réalisant cet ouvrage magnifique afin que les commanditaires de Saint-Pierre-et-Saint-Paul regrettent de ne pas l’avoir choisi. Selon nous, la plus belle église de Troyes.

Le musée d'Art moderne de Troyes se trouve dans l’ancien palais épiscopal XVIe-XVIIe siècles, près de la cathédrale. L'histoire de ce musée est celle de Pierre Lévy. Jadis à la tête de l’entreprise Devanlay, propriétaire par la suite de Lacoste, il collectionne des œuvres modernes. En 1976, il fait don à la ville de 2000 pièces, les plus belles. Elles seront exposées dès 1982 dans le palais des Évêques. La collection est exceptionnelle : Matisse, Courbet, Modigliani, Dufy et Picasso, mais surtout Derain et Marinot, grand maître-verrier troyen. Chefs-d’œuvre: les trois tableaux de Derain, Big Ben, Hyde Park et Port de Collioure. Plus d'informations sur musees-troyes.com/art-moderne

Un large méandre de la Seine ferme naturellement la tête du « Bouchon » de Troyes. Profitant de sa présence, les comtes de Champagne avaient dérivé dès le XIIe siècle le fleuve en canaux et fossés. L’un d’eux a été rouvert et ses quais réaménagés forment la nouvelle vitrine urbaine de la ville. Côté hôtel-Dieu, le quai des Comtes-de-Champagne a été rendu en partie aux piétons et dispose d’un restaurant tendance, le Café Del Mar. Les passerelles enjambant le canal, elles, accueillent le fameux « Cœur de Troyes » et des sculptures contemporaines, comme la célèbre Lili, la dame au chapeau (A. Lapis).

Du commerce à l’art, Troyes s’est imposée comme ville de « maîtres ». Le vitrail a connu deux âges d’or « au XVIe et au XIXe siècle, [de sorte que] l’Aube est le premier département français en nombre de vitraux », rappelle Fanny Portier, guide conférencière. Cet art se pratique toujours et s’expose depuis quelques années dans un nouvel écrin, l’Hôtel-Dieu-le-Comte. Sur le quai du canal de la Haute-Seine, qui sépare le corps de la tête du Bouchon, la bâtisse du XVIIIe siècle a été réaménagée pour offrir une surface d’exposition de 3000 m2, sur quatre niveaux. Une cinquantaine de vitraux exposés à hauteur de regard, des œuvres monumentales présentées dans la chapelle, des espaces dédiés aux chercheurs, une apothicairerie...

Il fut l’un des plus grands marchés couverts de France en 1900, avec près de 300 places. S’il y en a moins aujourd’hui, il reste le poumon commerçant et social de Troyes, déployé sous une halle de 1874 (rénovée dans les années 1980), de style Baltard. Sous le fer, le verre et la fonte, et à l’extérieur pour les vêtements, on ira voir les piliers du marché : Le MOF chocolatier Pascal Caffet (autre point de vente au 2, rue de la Monnaie) ; La Boucherie Moderne de Christophe Renault ; les fromageries des Halles (chez Lolo) et de Julien Pouillot... Le marché se tient tous les jours mais c’est le samedi qu’il bat son plein. Quel plaisir de s’installer sur une petite table de Chez Pascal, le poissonnier, en buvant un verre de vin blanc des Crieurs de Vin, le stand voisin.